Ce que le jour doit à la nuit : Le livre de Yasmina Khadra

Une longue histoire d'amour et d'amitié dans l'Algérie des années 50 qui s'achève à Aix-en-Provence en 2008. L'écriture est abondante, parfois à l'excès, l'histoire est submergée par l'exercice d'écriture. C'est une histoire trop belle trop triste trop exagérée à mon sens. De très belles tirades sur la femme et l amour parsement ce roman.

Lecture papier Malgré la belle histoire, je n'ai pas été très embarquée ou émue par ce livre. J'ai trouvé quelques longueurs. On suit ici l'histoire de Younes, qui habite un bidonville et qui va être confié à son oncle pharmacien qui habite la ville. Il va donc devenir Jonas, on va donc suivre son évolution, ses diverses amitiés et amours, malgré les conflits en Algérie. Roman teinté de bienveillance.

Ce que le jour doit à la nuit, c'est-à-dire ce qu'un jeune musulman, élevé dans l'aisance de l'Algérie coloniale d'avant l'indépendance, doit à ses parents. Ce gamin, Younes/Jonas est issu d'une famille paupérisée, comme la majorité de la population indigène, spoliée de ses terres, souvent grâce à la cupidité des autorités locales, complices des colons français. Il y a tout dans ce livre, la vie joyeuse et insouciante des européens, au centre des villes ou dans les fermes alentours et celles des populations locales appauvries, venant gonfler les bidonvilles des faubourgs, chassées de leurs terres ancestrales. Ces deux mondes ne se côtoient que très rarement. D'un côté, le racisme est omniprésent, quasi génétique, de l'autre, la colère gronde et va éclater après les massacres de Setif. Le 8 mai 45, la France sort les drapeaux de la victoire, l'Algérie ceux de l'indépendance qui vont baigner dans le sang. Il y a tout dans ce livre, Oran, la somptueuse et Jenane Jato, le bidonville monstre à sa périphérie qui avale ses enfants, il y a la colère, la guerre de 40, ces événements qui s'appelleront plus tard guerre d'Algérie, l'armée française déstabilisée, le FLN, les meurtres, la nostalgie pieds noirs post-indépendance... il y a tout dans ce livre, dans une très belle écriture, un style fleuri, dans le bon sens du terme, à savoir absolument pas grossier. Ici "la houle engrosse la mer" et "la brise enlace la sveltesse des chaumes"....Une belle découverte. Superbe.

L’Algérie de 1930 à l’indépendance. Aux côtés de Jonas et sa bande d’amis inséparables, on découvre la belle Algérie de cette époque et notamment les villes d’Oran et Rio Salado. Le père de Jonas, ne pouvant subvenir à ses besoins, le confie à son frère. Jonas découvre et s’intègre alors dans la communauté des pieds noirs, comprenant pas à pas l’injustice et la misère des Algériens. La grande Histoire est en lame de fond dans tout le livre, amené avec subtilité et finesse. Le roman est aussi une fresque amoureuse avec son amour impossible avec Émilie qui ne comprendra jamais sa frilosité (en raison de la nuit d’amour qu’il avait passé avec sa mère plusieurs années auparavant). C’est beau, frustrant par beaucoup de moments car on s’éprend de leur amour, d’une pureté touchante. C’est aussi une déclaration d’amour à l’Algerie, ses paysages, ses traditions, son mode de vie, sa pudeur. Le style d’écriture est accessible, et on plonge à corps perdus dans cette tranche de vie de trente ans de Jonas qui déterminera toute la deuxième partie de sa vie.