La colline qui travaille : Le livre de Philippe Manevy
Le bruit d'un téléphone, l'odeur de l'eau de Javel, le goût d'un nescafé... Philippe Manevy tire le fil du souvenir et tisse l'étoffe d'un roman familial sur quatre générations en commençant justement par le personnage d'Alice, sa grand-mère maternelle, tisseuse de métier. Pointilleuse et déterminée, elle devint la figure de proue d'un mouvement ouvrier au lendemain de la victoire du Front Populaire. Très vite, René, son époux, fait son apparition dans le récit. Ancien sportif, il fut un typographe possiblement engagé, avec d'autres héros de l'ombre, dans un acte spectaculaire de résistance. Tous deux parents dévoués de Martine, ils seront prêts à tout pour assurer le futur de leur fille studieuse et appliquée.
Chaque chapitre met en lumière un membre de la famille aux prises avec les épreuves que lui réservent son époque et l'existence. Apparaissent progressivement des liens entre eux et des échos que l'auteur consigne ici, sans rien cacher des doutes qui surgissent au fil de son travail d'écriture. Et l'on traverse ainsi deux guerres mondiales, des crises économiques, les Trente glorieuses, les espoirs et les désillusions du XXème siècle.
Déclaration d'amour et hommage vibrant à la classe ouvrière, La colline qui travaille revigore le genre de la chronique familiale et offre au lecteur un sentiment de réconfort et de douce nostalgie.
De (auteur) : Philippe Manevy
Expérience de lecture
Avis des libraires
Avis Babelio
Chestakova
• Il y a 4 semaines
« J’écris pour que les êtres et les liens qui les unissent cessent de se distendre et de disparaître » Philippe Manevy termine par ces mots son premier chapitre. Il nous fait entrer dans la chaîne par Martine, sa mère, il le fait joliment, d’un pas de coté, donnant au récit sa légèreté, alors que 4 générations vont prendre vie au fil des pages. Le récit pourrait s’apparenter au roman familial mais il va au-delà du genre auquel il se rattache. Ecrit à la première personne, Philippe Manevy se met dans la peau du passeur de mémoire. En interrogeant le passé de ceux qui l’ont précédé, il explore sa propre mémoire et interpelle celle de ses proches, il reconstitue un terreau familial fait de liens souvent imperceptibles, il rend visible ce qui est au bord de la disparition. Il révèle parfois aux autres, par son questionnement, des aspects du passé auxquels ils n’avaient pas pensé. Parmi tous ceux et celles qui sont évoqués dans le récit, la figure d’Alice prend un relief particulier. Sa grand mère maternelle personnifie à elle seule la colline qui travaille: la Croix rousse où elle a vécu. Paysage urbain de rues tortueuses, de traboules, de pentes raides, habité par le fantôme de ceux qui y tissaient la soie, dans leurs ateliers hauts de plafond, devenus la coqueluche immobilière des habitants d’aujourd’hui bien loin des réalités sociales d’hier. La Croix rousse des canuts est toute entière dans le récit. Alice y travaille dans un atelier de tissage, celui du père Rebatet, rue Josephin-Soulary. C’est là que le front populaire la cueille avec son amie Charlotte, l’atelier est occupé, on tient tête au patron, on chante « Le temps des cerises ». Alice fait l’apprentissage de la lutte des classes comme elle côtoie la résistance, pendant l’occupation en hébergeant un couple de résistants. Elle n’est pas une révolutionnaire mais elle sait reconnaître les valeurs de la solidarité et s’engager quand il le faut. Philippe Manevy réussit un portrait nuancé sans schématisme, de ceux qui l’ont précédé dans l’histoire familiale. En insistant sur ses grands parents maternels Alice et René, qu’il a vu vieillir, il évoque avec poésie, le temps qui passe et aime à se situer dans le concret de ses origines sociales. A ce titre et comme amoureux de la langue et de l’écriture, il rend hommage à Annie Ernaux qui a su traduire par ses mots, la dignité de sa naissance. Il se reconnait dans cet univers là et dans cette trajectoire, son livre le revendique fièrement, il sait également le faire avec intelligence.
jaspergarp
• Il y a 1 mois
Dans ce roman , Philippe Manevy nous raconte l’histoire de sa famille, principalement maternelle, tout au long du XX° siècle. Une saga familiale sur 4 générations. Pas de héros dans cette famille ( ou alors des presqu’héros) mais des gens du bon côté de l’Histoire . Des gens ordinaires , courageux , appartenant à la classe ouvrière . Des gens qui se battent pour un avenir meilleur , et surtout pour l’avenir de leurs enfants. La colline qui travaille c’est la colline de la Croix-Rousse à Lyon . Là où se trouvaient les métiers à tisser.. La colline des ouvriers face à la colline de Fourvière, celle de l’élite locale , celle qui prie. Ce roman ,Philippe Manevy l’a écrit pour parler des gens dont on parle peu . Un bel hommage à la classe ouvrière. Lire ce roman , c’est retrouver les sensations d’avant. Ce roman est rempli d’émotion, de tendresse et d’amour Il fait du bien . On y retrouve des gens simples , imparfaits , des gens comme nous Enfin , j’ai aimé le regard que Philippe Manevy porte sur sa famille . C’est un regard intime et objectif. Nostalgie est le mot qui m’a accompagné tout au long de cette belle lecture. Nostalgique est le sentiment qui m’a accompagné une fois le livre refermé. Comment ne pas penser à ses parents et grands parents . A tous ces moments qu’on a loupé parce qu’il y avait plus important à faire .A ces échanges trop peu nombreux. Connaitre leur histoire , ce qu’ils ont vécu, pour savoir d’où je viens . Le sentiment d’être passé à côté de mon histoire.
Charlie15
• Il y a 1 mois
à Lyon, il y a la colline qui prie (Fourvière) et la colline qui travaille (La croix rousse). C'est l'histoire de ses grands parents, René et Alice, habitants de cette fameuse colline qui travaille que nous raconte l'auteur. Une jolie fresque simple et profonde. Bien sur, il ne faut pas s'attendre à une saga, à la "Pierre Lemaitre". ici, il ne se passe pas grand chose...On roule en 305 Peugeot, on travaille dans la soie ou à l'imprimerie, on boit du café, on essaye d'arrêter de fumer, on part en vacances avec les grands mères...C'est à partir de ces petits riens qu'on reconstitue une vie, puis des vies, puis la vie...
Michel69004
• Il y a 1 mois
Genre : Gros Caillou L’autre jour, en traversant la grande place de la Croix-Rousse, j’ai aperçu un petit attroupement qui a bien vite sorti une banderole. Comme je suis dans ma période "Contestations", je me suis approché. En fait, il y avait tout le matériel du parfait manifestant et la grande banderole arborait fièrement : LA CROIX-ROUSSE N’EST PAS À VENDRE ! Je les ai donc suivis joyeusement un petit moment. Car s’il y a des fiertés bretonnes, normandes, savoyardes, catalanes, basques, provençales etc., je me range sous la bannière des fiertés croix-roussiennes. Du haut de ses deux-cent-cinquante-quatre mètres, la "Colline qui travaille" (et son Gros Cailloux) domine la ville de Lyon et fédère une bande d’irréductibles canuts. J’y suis né, comme ma mère et ma grand-mère et comme un de mes enfants et trois de mes petits enfants. Plus personne n’habite Lyon désormais mais un attachement viscéral relie chacun à cette colline chargée d’Histoire et d’histoires. Tout le monde (en tout cas je le souhaite) a entendu parler de la Révolte des Canuts, ces ouvriers travaillant sur de lourdes et bruyantes machines à tisser Jacquard, révolte réprimée dans un bain de sang en 1831. Considérée comme l’une des premières révoltes ouvrières, elle fonde le fantasme originaire de mes camarades croix-roussiens de toutes les générations à partir du massacre ordonné par Louis-Philippe. La Croix-Rousse s’est gentrifiée, ces dix dernières années en particulier, et les prix de l’immobilier rejoignent ceux de la Capitale. La Croix-Rousse s’est boboïsée à un rythme frénétique et l’alliance Tesla / vélos-cargo a pris le pouvoir, pour le meilleur et pour le pire. C’est dans ce contexte que parait La colline qui travaille, le beau livre de Philippe Manevy, aux belles éditions Le bruit du monde (marseillaises, nul n’est parfait…). Il s’agit d’une auto-fiction qui tonifie le genre de la chronique familiale tout en assumant une nostalgie douce-amère. L’auteur va donc évoquer sa famille sous trois républiques, de 1872 à 2025. J’ai compté six générations ! Rien de bien palpitant, du déjà vu réservé aux lyonnais, une énième tranche de généalogie auto-thérapeutique. Vous allez le penser, évidemment. Et pourtant ce livre sort du lot, Augustin Trapenard qui a invité l’auteur à LGL, ne s’y est pas trompé. Philippe Manevy vit désormais au Québec ce qui lui donne la distance nécessaire pour mythifier (il se revendique barthesien) les signifiants lyonnais. Vous aurez donc droit aux andouillettes de chez Bobosse, à la cervelle de canut, au tablier de sapeur, au beaujolais et au côtes-du-rhône, aux pentes, aux quais de Saône et du Rhône, aux berges de l’Ain, aux Monts d’Or et aux Monts du lyonnais, à La Duchère, à Monplaisir, à la presque’île, au tunnel de Fourvière (et ses bouchons monstrueux), à la fontaine de Bartholdi et à la Vogue des marrons. Entre autres ! Mais il faut bien quelques arcs narratifs pour faire tenir tout ça debout, le délayer et le faire apprécier. La force du livre se trouve dans sa construction. L’auteur choisit le couple de ses grands-parents maternelles comme axe de la narration, fait pivoter les récits autour d’Alice et René, remonte dans le temps sur deux générations pour en redescendre aussitôt de quatre etc. Un arbre généalogique permet de se repérer facilement dans la flopée des oncles et des cousins. Toutes les évocations sont peintes en noir, blanc et sépia offrant ainsi aux lecteurs une sorte de radioscopie sociale absolument charmante. L’histoire familiale a évidemment ses non-dits et ses parts d’ombre et lorsque Philippe Mannevy nous les révèle, c’est avec pudeur et sensibilité. La part-belle est faite à l’évocation des classes populaires et cet aspect-là m’a particulièrement plu. Tout comme l’émergence de la classe moyenne à travers l’histoire de la mère du narrateur, Martine, qui gravit plusieurs échelons de l’échelle sociale, ce qui est décrit avec finesse et acuité. Bien sûr, dans ce genre de livre, on n’échappe pas à une certaine redondance et j’avoue avoir un peu décroché lors de la longue hagiographie d’Annie Ernaux…Rien de bien grave. Reste un livre à la lumineuse nostalgie avec des personnages touchants, marqués par les épreuves, une trans-généalogie sensible et pleine d’humour, une déclaration d’amour à l’odeur de javel, à l’éclat du linoléum, aux goût du Nescafé et à la 305 Peugeot ! Un beau livre donc …
Avis des membres
Fiche technique du livre
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- Genres
- Romans , Roman Étranger
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- EAN
- 9782386010460
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- Collection ou Série
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- Format
- Grand format
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- Nombre de pages
- 368
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- Dimensions
- 207 x 142 mm
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22,00 € Grand format 368 pages