Perle : Le livre de Siân Hughes

Dans ce récit, Sian Hugues nous fait le récit de la vie de la narratrice Mary-Ann, une jeune femme anglaise dont la vie a été bouleversée par la disparition de sa mère alors qu'elle a seulement sept ans. Dans ce récit très touchant, elle s'interroge sur les raisons de cette disparition et l'impact sur sa vie, celles de son père et de son frère. Elle dresse à la fois un portrait de sa mère (ses croyances, ses habitudes, les histoires qu'elle lui racontait) mais aussi de sa maison d'enfance qu'ils ont dû quitter quelques années après sa disparition. Devenue mère à son tour, la narratrice pourra-t-elle être heureuse un jour?

Alors ceci est un immense coup de coeur, une histoire qui m'a saisie doucement par la main pour ne plus me lâcher. Ça parle d'une enfant de huit ans dont la mère a brusquement quitté la maison pour ne plus jamais revenir. Marianne grandit, élevée par son père, et rien ne l'obsède tant que le souvenir des superstitions, des étrangetés de celle qui n'est plus là. Les comptines, les anges dans l'escalier, la myriade d'artefacts et le merveilleux niché en creux de chaque chose... Comment être mère à son tour quand on ne peut pas se confier à la sienne ? Quand on ignore ce qui est advenu d'elle ? Quand les contes demeurent cryptiques ? C'est un premier roman fabuleux, d'une douceur, et d'une finesse infinies sur l'amour filial, sur la maison et l'arrachement au foyer, sur la magie des rituels et des objets aussi. Siân Hugues est poétesse et ce merveilleux livre irrigué de comptines, de fables et de fantômes en témoigne, c'est le genre de texte qu'on a envie de découvrir lentement, dont on relit les phrases à plusieurs reprises en en savourant un peu plus à chaque fois l'intelligence. Un grand merci aux éditions le bruit du monde et à Babelio pour cette masse critique

Du jour au lendemain, Margaret, la mère de Marianne, disparaît sans aucune explication. La fillette de huit ans souffre cruellement de cette disparition inexpliquée et gardera toute sa vie en mémoire les comptines et les superstitions de son enfance, ainsi que les odeurs de menthe, de géraniums, de tomates et de lavande lui rappelant sa mère, qui passait beaucoup de temps à jardiner. Après la disparition de Margaret, Marianne, son petit frère et Edward, leur père, vont devoir quitter la vieille maison délabrée dans laquelle ils vivaient pour se rapprocher du travail d'Edward qui doit élever ses deux enfants tout en continuant son métier d'enseignant à l'université. En grandissant, Marianne découvrira certains secrets de famille, mais la douleur ressentie à la disparition de sa mère restera lancinante et elle peinera à vivre sereinement : ''Oublier, ce n'est pas le pire. Se souvenir non plus. Le pire, c'est quand on a oublié et que d'un coup, on se souvient.'' J'ai beaucoup aimé vivre au côté de Marianne dans la campagne anglaise, redécouvrir toutes ces comptines en version bilingue fut un réel plaisir, j'ai admiré la façon dont Siân Hughes sait se mettre dans la peau d'une jeune enfant traumatisée, j'ai été impressionnée par le courage d'Edward, un père admirable, qui continue à avancer sans se plaindre. L'écriture est très poétique, ce qui ne nous surprend pas puisque l'autrice a reçu le prix Seamus Heaney pour son recueil de poésie, ''The Missing''. ''Perle'' est son premier roman. Une histoire familiale fort émouvante, racontée d'une façon originale, un roman qui se démarque par la façon dont le thème de la disparition d'un être cher est traité. Je remercie Babelio et Le Bruit du Monde pour cette lecture en avant-première et je félicite Valentine Leÿs pour cette belle traduction.