La république des faibles : Le livre de Gwenaël Bulteau

Un polar historique baignant dans un réalisme noir, prétexte à la description sociale et sociétale bien menée,comme je les aime. Pas de lourdeurs historiques, ou de politiquement correct, qui plombent facilement un livre de ce genre, mais du réalisme, violent, sans bien- pensance, sans voyeurisme ni pleurnicheries ; un constat sans fioritures en fait. Le roman navigue entre la marginalité, le prolétariat et la classe moyenne, entre violences politiques d'une extrême droite antisémite, xénophobe, et une extrême gauche radicale naissante. Toute la mal-aimée IIIème république résumée. La vie est dure en France pour le peuple sous cette IIIème république : misère omniprésente, salaires insuffisants, maltraitances et exploitation sexuelle d'enfants, violences faites aux femmes... le tout baignant dans les scandales, les corruptions, les violences politiques, l'antisémitisme viscéral de cette époque dans les remugles de l'affaire Dreyfus. Égoïsme et veulerie sont à l'honneur, à tous les étages. Mais est ce que tout a fondamentalement changé depuis ? L'on peut se poser la question. Cette tranche du roman est très réussie. La partie policière est plutôt bien faite, nerveuse et volontaire, sans verser dans un ésotérisme de mauvais aloi comme on le voit quelquefois dans des polars historiques ; la trame fait la part belle au terrain, à des enquêtes somme toute classiques et efficaces. Si tout commence par la découverte sordide d'un cadavre d'enfant dans une décharge, le scénario déroule dès lors plusieurs enquêtes, qui s'entrecroisent sans se confondre, intéressant des enfances fracassées, le meutre équivoque d'un policier politiquement engagé, les arrangements politiques locaux dans le bouillonnement d'une grande ville. Un roman noir intéressant, fouillé et documenté, d'un jeune auteur à suivre.

Polar historique à connotations sociales "La République des faibles" est un excellent roman historique. Il comporte une trame passionnante avec comme point de départ le meurtre particulièrement horrible d' un enfant retrouvé sans tête. Le climat social de l' époque excellement documenté par Gwenaël Bulteau apporte toute sa crédibilité au récit. La description de la vie Lyonnaise de cette époque semble très réaliste. La pauvreté et la misère, issue des quartiers très défavorisés, nous est dépeint avec beaucoup de force et de réalisme. Les évènements historiques comme la montée de l'antisémitisme et d' un nationalisme de plus en plus exacerbé, l' affaire Dreyfus et le socialisme naissant vont trouver toutes leurs places dans l' univers de cette intrigue. Cette dernière est particulièrement bien menée. La nature policière du roman trouve toute sa place. Beaucoup de rebondissements et de multiples fausses pistes rendent cette oeuvre totalement addictive. Les personnages, qui sont nombreux, vont se révéler beaucoup plus complexes que ce qu'il n'y parait. On peut regretter, peut être, le coté très sombre, glauque et cruel de l'histoire. En définitive, pour un premier roman on peut parler de grande réussite et ce fût un réel plaisir de lecture sur un segment de style (le polar historique) dont je ne suis , a priori, pas particulièrement fan.

Connaissant bien la ville de Lyon, je me suis tout de suite sentie en immersion dans ce livre. Le récit est bien les nombreux rebondissements tiennent en haleine du début jusqu’à la dernière page. Mais quel monde, quelle noirceur, quelle violence, quelle vie terrible. Le quotidien des enfants d’abord, mais aussi des femmes, des pauvres, j’en ai eu la chaire de poule. Et cet antisémitisme omniprésent, le contexte électoral, … on ne peut que faire le rapprochement avec l’actualité de cet été 2024, si particulière.

M’est d’avis que c’est une intrigue policière vaguement implantée dans un roman historique. J’ai regretté le manque d’épaisseur du roman historique. Je n’ai pas du tout était « embarqué «  dans une atmosphère de l’époque décrite. Certainement l’auteur l’a voulu ainsi….tanpis.