L'arrière-saison : Le livre de Philippe Besson

La première partie est une mise en place intéressante : on fait connaissance avec le lieu, les personnages, on se met dans l'ambiance. Ensuite vient une partie un peu trop introspective à mon goût et je me suis lassée des descriptions des émotions et du passé des personnages. Enfin, la dernière partie est de nouveau intéressante car un évènement bouscule la donne et permet de relancer l'intérêt.

Pour une fois, ce roman ne m'a pas émue. L'idée de départ est géniale : bâtir une histoire à partir d'un tableau d'Edward Hooper. C'est plus une introspection des 3 personnages qui se retrouvent après 20 ans sans se voir. Du coup, il ne se passe pas grand chose. On est emportée par l'écriture de cet auteur, par sa sensibilité et sa délicatesse.

Quand on regarde les tableaux d'Hopper, on peut facilement se les approprier et s'imaginer des histoires. "L'arrière-saison" se base sur l'un des tableaux les plus célèbres du peintre : Nighthawks. Ces oiseaux de nuit prennent les traits de différents personnages. En l'occurrence, un ancien couple dont la relation fut marquante, un serveur discret mais fiable et un pêcheur qui semble vivre sa vie sur le fil du rasoir. L'idée de base est bonne. Elle ne correspond pas nécessairement à ce que chacun s'imagine face à ce tableau, mais c'est justement ça qui peut plaire. C'est donc intéressant... mais je n'ai pas accroché totalement. J'aime les non-dits, les personnages qui s'observent, qui pensent sans partager le fond de leur pensées mais là... c'est beaucoup trop ! Il n'y a pas assez de dialogues, trop de choses qui pourraient être dites. Trop de silence. Trop immobile. Je n'ai pas non plus aimé le dernier mot utilisé : "imprévisible". Alors qu'au fond, le lecteur se doute progressivement de la conclusion de cette histoire.

L’arrière-saison c’est la mise en écriture des « rôdeurs de la nuit » de Hooper. Louise, Ben et Stephen forment le triptyque principal et Norman est celui que Louise attend, encore et toujours. Cette absence qui va rebattre les cartes du jeu, faire renaître les sentiments enfouis. Un très joli roman mais qui agace aussi, on voudrait voir Louise s’affranchir enfin de certaines emprises.