L'Enfant aux cailloux : Le livre de Sophie Loubière

il y a beaucoup de point du livre que j'ai trouvé très intéressant, mais je trouve qu'il a aussi quelques défauts. [masquer] Les points positifs : - on a un point de vue d'un personnage principal ayant une maladie mentale, que je trouve vraiment bien retranscrite dans le récit. Je n'ai pas apprécié ce Elsa, mais j'imagine que c'est ce qui était voulu de la part de l'auteur et c'est réussi. - L'auteur réussit vraiment bien à nous faire douter de la réalité que l'on croit percevoir à travers les yeux d'Elsa. Nous savons pas si l'enfant est une vision ou s'il existe vraiment pendant un long moment du récit. - Je n'ai pas été surprise du fait que les enfants de la famille Desmoulins aient vraiment subi des violences, mais nous gardons tout de même le doute jusqu'à la fin. - le déni que les proches aidant (d'un malade) peuvent ressentir est vraiment bien représenté Les points négatifs selon moi : - Je trouve que dommage le fait que cette maladie soit issue d'un traumatisme de guerre. Dans le sens ou l'on ressent un peu plus de compassion pour ce personnage qu'on aime de moins en moins tout au long de l'histoire. C'est dommage parce que le sentiment allait crescendo. Ça gâche, selon moi, une grosse partie du livre - Je ne trouve pas que les autres personnages soient spécialement intéressant - Dommage que la mort de Bastien ai été justifiée. Mettre cela sur un moment de folie d'Elsa aurait été plus poignant - Idem pour le fait qu'elle sache pour la maladie de Bastien et les sous entendus qu'elle fait sur sa belle-fille qui "portait le mal". Enfin bref, les sujets abordés sont intéressants mais auraient vraiment pu être plus poussé sans chercher des excuses pour chaque acte qui a été fait.

Le début avec des chapitres courts permet de donner du rythme et de créer un parfum de mystère autour d’Elsa dont on cerne très vite une fragilité psychologique qui remonte à l’enfance. Cet aspect permet à l’autrice de nous plonger en plein doute quant à ce qui réel et ce qui est « imaginé » par Elsa. Ceci est renforcé par l’ellipse narrative entre la première et la deuxième partie. Sans rien dévoiler de l’intrigue j’ai apprécié le style de l’autrice qui instille parfois de l’ironie et la trame du roman qui sort de l’ordinaire. Malgré tout j’ai trouvé qu’il y avait quelques longueurs dans la deuxième partie qui aurait pu être resserrée.

Mais qui est Elsa, cette directrice d'école à la retraite qui épie, derrière ses volets, ses voisins et plus particulièrement un enfant malingre, solitaire qui seul, dans son coin à côté de son frère et de sa soeur, joue avec des cailloux, chaque dimanche et seulement s'il ne pleut pas. Est-ce une projection rêvée de son petit-fils qui, très vite, au début du roman disparaît de sa vie. On comprend très vite qu'il y a un passé trouble... Un petit-fils disparu et pour lequel Elsa vit un déni. Le plus étrange reste l'attitude de son fils, pourquoi entoure t-il sa mère d'autant de protection. L'aime t-il alors qu'au fil des pages, elle s'avère, au premier abord, un femme froide et critique. Et pourquoi l'enfant aux cailloux, n'existe-t-il pas en dehors de sa sortie dominicale dans le jardin. Elsa est-elle folle ? Tout semble aller dans ce sens. Ce livre m'a bouleversée. Il est d'une grande acuité, notamment dans l'analyse des réseaux d'aide à l'enfance, du rôle parfois ingrat des professeurs des écoles. Je viens de passer une nuit blanche car il m'était impossible de le laisser sur la table de chevet. Plus qu'un roman de suspense, il fait naître des réflexions sur le statut de l'enfant dans une société absorbée par le virtuel.

Un roman étonnant, qui pose plus de questions qu’il ne donne de réponses. N’exagérons rien, on a aussi des réponses, mais j’entends par là que je me suis interrogée sur cette femme méfiante mais rusée, qui vit seule, qui ne s’entend pas trop avec son fils et surtout pas avec sa bru, mais aussi sur ce fils médecin, et pourtant très distant avec sa mère. Tout est plausible et suspect à la fois, en fait il y a tous les ingrédients d’un bon livre, pourtant je ne saurais dire exactement pourquoi je n’ai pas vraiment accroché à ce roman, qui pourtant m’avait semblé être tout à fait dans ce que je recherche dans un livre. Ceci dit, je ne regrette pas de l’avoir lu, c’est une thématique qu’on ne rencontre pas très souvent.