Les sirènes de Malibu : Le livre de Taylor Jenkins Reid

Roman dévoré en une journée, j'ai probablement été envoûtée par le chant des sirènes. Taylor Jenkins Reid nous transporte dans le Malibu des années 50 où le surf n'est pas encore à la mode. June, 17 ans, fait la rencontre de Mick Riva, 23 ans, amené à devenir un chanteur iconique. Son enfance chaotique l'amène à vouloir s'ancrer avant d'être emporté par la tempête du succès. June est solaire, belle et rêve d'un avenir paisible dans une grande maison les pieds dans l'eau, emplie de rires d'enfants. Ils semblent faits l'un pour l'autre. Mais la notoriété, les tournées, les femmes s'offrant à lui tournent rapidement la tête de Mick. De partenaire et épouse, June devient une simple groupie que le chanteur finit même par abandonner. Il laisse derrière lui son premier amour avec quatre enfants à élever dont un garçon né d'une de ses liaisons. Il continue son ascension pour devenir une star, elle trime pour offrir à leurs petits un foyer et une enfance heureuse. Nina, Jay, Hud et Kit constituent sa tribu, son plus grand bonheur et son plus lourd fardeau. Fardeau trop lourd à porter seule, elle se laissera couler dans l'eau de sa baignoire. Eux tisseront alors dans l'adversité des liens d'une force incroyable, animés d'une passion commune pour le surf. Pour ceux qui ne devinent pas leurs blessures, ils incarnent le rêve californien. Ils sont jeunes, beaux, sexy et surtout cools. La fête que l'aînée, Nina, organise tous les ans, devient "the place to be". Et c'est lors de celle de l'été 1983 que cette image pour poster d'adolescents va voler en éclats. Les sirènes des pompiers retentiront, sonnant le glas d'une certaine époque. Mick Riva, comète sur le déclin, aura voulu se rapprocher de cette famille, déclenchant sans même sans apercevoir l'incendie qui permettra à ses "enfants" de devenir eux-mêmes, délivrés de l'attraction néfaste de ce père dont l'absence paradoxalement phagocyte leurs existences. Un beau roman qui raconte la famille, les familles, celles de sang et toutes les autres que l'on se crée pour grandir au mieux.

J’ai beaucoup aimé cet ouvrage, que j’ai lu après avoir découvert « Les sept maris d’Evelyn Hugo » qui m’avait mis une claque. Celui-ci m’a légèrement moins plu mais il reste tout de même très bon à mes yeux. J’aime beaucoup cette autrice, son écriture et sa façon de lier différents éléments ensemble. Dans cette histoire, nous découvrons la vie d’une fratrie, de leur enfance à cette fameuse soirée, et par intermittence nous apprenons aussi la vie de leurs parents. Ces transmissions familiales, voulues ou non, ces épreuves, tout ce qui fait que l’on devient ce qu’on est… Je me suis énormément attachée à Nina. J’ai néanmoins été un peu déçue de la fin, mais la beauté de l’histoire et de sa narration l’emportent.

Ce roman m'a offert une très bon moment de lecture. Je n'ai pas vu les pages défiler, ma lecture a été fluide du début à la fin. L'ambiance année 80 sur la côte Californienne est très bien réussie. Le passage de la fête où toutes les célébrités se réunissent et cèdent à tous les excès possibles est très réaliste. J'ai beaucoup aimé suivre l'histoire de cette fratrie de 4 enfants qui malgré les gifles que la vie a pu leur infliger, ce sont toujours relevés. Ils ont su rester soudés peu importe par quoi ils sont passés et j'ai trouvé ce message très beau.

Le problème avec les romans qui ont une narration en double temporalité, c'est que si l'une est plus captivante que l'autre, on va en avoir marre d'être coupé dans la narration de l'histoire qu'on préfère et lire à la va vite l'histoire qui nous importe peu. C'est ce qui est arrivé pour Les Sirènes de Malibu: l'histoire de June et de ses enfants était bien plus intéressante que l'histoire de Nina et ses frères et soeurs. Qu'on apprenait à connaître par petits moments de la même journée en comparaison à June pour qui est narrée l'histoire de sa vie. Donc en comparaison c'était très dur de s'attacher aux enfants. Tout le roman essaie de dresser une tension pour l'arrivée de la fameuse fête de Nina Riva dont on parle pendant 90% du livre avant qu'elle n'arrive. Et quelle déception. Tout ça pour parler pendant plusieurs pages de personnages inutiles et pas du tout creusés comme Tuesday par exemple.... ca donne une sensation de remplissage de pages. Attention, le livre est divertissant et écrit de manière fluide, on passe quand même un bon moment malgré tout, mais les deux hics que j'ai mentionnés empêchent la réussite du roman pour moi et donnent une sensation de "tout ca pour ca?"