Mangez-le si vous voulez : Le livre de Jean Teulé

Ce roman, inspiré d’un fait divers réel, dit « l’affaire de Hautefaye », raconte l’histoire tragique d’Alain de Monéys, un jeune homme respecté et apprécié dans son village, qui devient victime d’un lynchage collectif absurde et sauvage en Août 1870, début des revers militaires français. Un jour d’été, Alain se rend à la foire de Hautefaye, une petite commune de Dordogne. À la suite d’un malentendu sur ses propos, il est accusé à tort de trahison en pleine période de guerre franco-prussienne. La foule, en proie à une hystérie collective incontrôlable, se retourne contre lui. Ce qui commence par des insultes et des coups dégénère en un acte de barbarie inimaginable : Alain est battu, torturé et finalement brûlé vif, sans que personne ne tente de l’arrêter. À travers un style vif et cru, Jean Teulé n’a aucune pitié pour son lecteur. Rien ne lui est épargné: j’ai trouvé les scènes de torture insoutenables. Le récit, quasi ininterrompu dans sa brutalité, est éprouvant. Il plonge le lecteur dans l’horreur d’une foule déchaînée, illustrant les dangers de la bêtise humaine et de l’effet de masse. Ce texte pointe la bestialité de la nature humaine et met en lumière la facilité avec laquelle une communauté peut sombrer dans la barbarie. Un texte qui choque.

La double qui crie “Vive l’empereur” #11088;#11088;#11088;#11088; Rating: 3.5 out of 5. Un très court roman du regretté Jean Teulé, et peut-être un de ses meilleures avec « Azincourt par temps de pluie ». Ou comment, à l’aube d’une nouvelle guerre contre la Prusse, un jeune et gentil nobliau se rend à la foire du village voisin, et n’en reviendra jamais. C’est direct, bien amené, (parfois trop) détaillé, et garni d’une tension palpable réjouissante. Dès les premières pages primesautières, on sent bien que ça peut partir en vrille plus vite qu’en croisant un regard sur le quai du RER B à 11 heures du soir. Et ça loupe pas, et quand ça part, ça part pour de vrai.

[masquer]Le 16 août 1870, Alain de Monéys, jeune Périgourdin, héritier d'une famille aisée se rend au bourg voisin pour y assister à la foire et conclure quelques affaires. Il est boiteux mais a refusé de se soustraire au service militaire. Il salue quelques connaissances, des amis d'enfance, son notaire. Les nouvelles du front sont mauvaises et suite à un quiproquo, il est accusé d'avoir crié « Vive la Prusse », puis d'être Prussien par ceux-là mêmes qu'il vient de saluer. C'est son lent et douloureux chemin de croix qui lui vaudra d'être frappé et torturé et qui se terminera par son autodafé que nous raconte Jean Teulé [/masquer] avec une verve acérée et une précision méticuleuse, quitte à verser dans le gore. Magnifique, maléfique, indicible, fascinant !

Avec un fait divers réel et glaçant, Jean Teulé nous plonge au cœur de la folie collective la plus brutale. En une journée, un village entier sombre dans la barbarie, porté par la peur, la rumeur et l’effet de masse. Le roman frappe par sa violence psychologique. On assiste, impuissants, à la descente aux enfers d’un homme, victime d’une foule devenue inhumaine. La plume de Teulé, crue et incisive, ne laisse aucun répit au lecteur. Ce récit court mais marquant interroge sur la nature humaine et ses instincts les plus sombres. Seul bémol, la cruauté omniprésente peut laisser certains lecteurs éprouvés, d’autant plus que le texte ne s’attarde pas toujours sur la profondeur des personnages.