Pas de littérature ! : Le livre de Sébastien Rutés

Poche

10 X 18

0 personnes ont réagi

Entre argot, violence et humour, Sébastien Rutés joue avec les codes dans un véritable hommage aux romans noirs américains !

Avril 1950. Gringoire Centon est traducteur pour la Série Noire. Parlant mal l'anglais, il fait traduire son épouse en cachette et se contente de transposer le résultat dans un argot approximatif qu'il apprend dans des bistrots mal famés. Désireux de devenir écrivain lui-même, il se laisse entraîner par un drôle d'Américain dans une rocambolesque affaire de truands lettrés, de faux manuscrits et de vrais gangsters, sur fond de guerre culturelle Est-Ouest et de lutte entre anciens et modernes pour la recomposition du Milieu parisien.

De (auteur) : Sébastien Rutés

Fermer
 

Expérience de lecture

Avis Babelio

Barnegat

4.00 sur 5 étoiles

• Il y a 3 semaines

Paris en 1950. L'après guerre et les débuts de la Série Noire. L'oeuvre de Marcel Duhamel Gringoire Centon - nom d'emprunt - est l'un traducteur. En fait c'est sa femme qui traduit et, lui, il transpose dans un jargon approximatif qui puise dans des bars louches. Lors de l'une de ses virées, il croise un "Ricain", on lui confie une mission découvrir qui est chargé d'écrire les Mémoires d'un truand lettré, érudit, vieux et en déclin : Le Sachem. Et savoir où il crèche. Le traducteur se fait détective et ses ennuis commencent. Le Paris trouble, la Goutte d'Or, les boîtes de strip-tease de Pigalle. les malfrats Corses et Italo-Américains, Le Commissaire Maillet au passé louche, la French connection. Et l'ombre de Villon, Voleur-Assassin-Poète ou l'inverse, et, celui de Vidocq, qui pousse truands, flics et traducteur à avoir de la conversation. Surtout quand les flingues ne causent plus. Entre guerre culturelle et recomposition du Milieu parisien. Le vieux malfrat demande à Grégoire Centon de remplacer le nègre littéraire. Etre Porte-plume est moins dangereux que d'être un Porte-flingue. Quoique... Mais pourquoi est-ce dangereux de s'attacher à écrire les mémoires malfrat... je laisse découvrir le dénouement pendant que les protagonistes philosophent : " Il faut toujours mentir sur ses lectures. Les lectures c'est comme des aveux signés. Pas besoin d'interrogatoire , c'est le sérum de vérité. Rien ne vous trahit autant qu'un livre..." "Nous ne sommes pas des hommes, nous sommes que des récits, et les récits, chacun les interprète à sa façon. C'est comme les livres : leur sens n'apparait que lorsqu'ils sont lus." Une histoire curieuse et agréable à lire.

Signaler

babel95

3.50 sur 5 étoiles

• Il y a 3 semaines

Dans les années cinquante, les Français redécouvrent l’imaginaire américain à travers films et romans noirs. Les romans noirs sont justement la spécialité d’un écrivain en attente d’inspiration, Gringoire Centon qui réalise des traductions pour la Série Noire. Gisèle, sa femme, mariée autrefois à un Américain, réalise les traductions car en dépit des apparences, Gringoire ne parle pas anglais. Il adapte les textes à ce qu’il imagine être les attentes d’un lectorat français. Il émaille les traductions de termes argotiques qu’il recueille dans des bars plus ou moins louches où il se crée un personnage d’écrivain. Dans un de ces bars, il fait la connaissance de Johnny, dit « Le Ricain », qui lui présente à son tour un ami : Jo le Chanceux, un authentique truand. Jo souhaite l’engager : un truand très connu a fait rédiger ses mémoires par un prête-plume, écrivain qui, dépositaire de secrets terribles, a préféré disparaître. Il faut le retrouver au plus vite. Dans le milieu, on semble penser qu’un écrivain est le mieux placé pour retrouver un autre écrivain. Gringoire sera-t-il à la hauteur ? L’idée de base du roman est vraiment originale. J’ai beaucoup ri en lisant les adaptations que fait Grégoire des textes que traduit Gisèle. Il s’agit d’une véritable réécriture argotique – mais l’argot de Gringoire est aussi pauvre que son anglais, et l’écrivain raté navigue comme il peut entre les deux langues, fournissant pourtant des textes assez originaux, qui semblent correspondre à l’attente d’un public français… J’ai aimé découvrir comment Gringoire Senton va peu à peu changer de personnalité, devenir Gregor G. Senton (son nom de plume), alors qu’il va être confronté à d’authentiques truands, des acolytes hauts en couleur, un commissaire de police douteux… Gringoire, se trouve soudain plongé dans une histoire délirante qui ressemble à si méprendre à celles qu’il traduit si mal. Petit bémol : je regrette que les réflexions sur les traductions, sur le rôle de la littérature qui sont par ailleurs intéressantes soient « plaquées » sur le texte. Elles sont nombreuses, et, à mon avis, alourdissent l’action. Par ailleurs, l’argot du roman, bien que compréhensible, ne m'a pas vraiment convaincue. Je n’ai pas découvert dans Pas de littérature ! le plaisir de lire de l’argot que j’ai pu trouver dans des ouvrages plus classiques, de la série des San Antonio par exemple. Je remercie Masse Critique de Babelio, ainsi que les éditions 1018 Gallimard de m’avoir adressé Pas de littérature ! de Sébastien Rutés, afin d’en faire la critique.

Signaler

CamiSi

4.50 sur 5 étoiles

• Il y a 1 mois

Voilà un court et savoureux roman de 235 pages qui m'a totalement séduite par sa drôlerie mais aussi par la réflexion qu'il apporte sur la littérature. Grégoire Centon, le narrateur, est traducteur pour la Série Noire, collection fondée en 1945 par Maurice Duhamel chez Gallimard. Le ton est donné dès le début : c'est en réalité Gisèle sa femme qui, en secret, traduit les textes de l'anglais vers le français. Grégoire se contente de les retranscrire dans un argot qu'il apprend dans les bars. Ce qui fait la marque de fabrique de la Série Noire, à laquelle ce récit rend hommage, c'est le mélange d'humour, d'argot et d'action bien souvent violente, à des lieues des enquêtes à la Sherlock Holmes ou Hercule Poirot. C'est une littérature de la rue où se côtoient malfrats, truands et tueurs et nous allons croiser ici toute une galerie de personnages cocasses et drôles. Car Grégoire, encouragé par son épouse dans son rêve de devenir écrivain, va se retrouver au centre d'un imbroglio rocambolesque dans lequel va être évoqué le rôle et le pouvoir de la littérature, du lecteur et de l'écrivain. Réalité, fiction tout s'emmêle et nous interroge car "une vie ce n'est pas réel, ce n'est que les récits qu'on en fait. A peine l'évènement passé il ne nous reste que les mots avec lesquels on le raconte. Nous ne sommes pas des hommes nous ne sommes que des récits." Avec un style dynamique et de nombreux dialogues percutants et malicieux, l'auteur, lui même traducteur, nous immerge parfaitement dans la France de l'après-guerre qui oscille entre le modèle américain et son rejet. Un roman jubilatoire et intelligent dans lequel les personnages féminins se révèlent bien plus futés que leurs homologues masculins et qui nous apporte un vrai questionnement sur la vie, les récits et les livres tout en nous amusant beaucoup. Une belle réussite!

Signaler

Corboland78

3.50 sur 5 étoiles

• Il y a 2 mois

Sébastien Rutés, né en 1976 à Annecy, est un universitaire et un romancier français. Agrégé d'espagnol, il obtient son doctorat en 2003 avec une thèse consacrée aux stratégies de l'intertextualité dans l'œuvre du romancier mexicain Paco Ignacio Taibo II. Maître de conférences à l’Université de Lorraine, il enseigne pendant quinze ans la littérature latino-américaine et consacre sa recherche aux littératures de genre dans le monde hispano-américain, plus particulièrement au Mexique. Désormais, il se consacre à l’écriture et à la traduction. Polar paru en 2022, Pas de littérature ! vient d’être réédité en poche. Un polar bien farfelu mais pas idiot qui fait mentir son titre puisqu’il n’y est question que de littérature ! Paris et région parisienne en avril 1950. Grégoire Centon est traducteur pour la Série Noire, fondée il y a cinq ans par Marcel Duhamel. Parlant mal l’anglais, en réalité c’est son épouse Gisèle qui assure la traduction, lui en donne une version finale agrémentée d’argot qu’il s’efforce d’apprendre en fréquentant bistrots et lieux mal famés. On l’a compris, la traduction ce n’est pas la vie rêvée de Gringoire qui se verrait plutôt écrivain. A son corps défendant il va se trouver embringué dans une rocambolesque affaire, chargé de retrouver le « nègre » de Sachem, un truand au lourd passé, qui prend sa retraite et veut rédiger ses Mémoires ! J’abandonne toute tentative pour résumer l’intrigue complexe car trop abracadabrante mais tellement drôle. Pour l’ambiance, imaginez un pastiche des romans de Raymond Chandler ou Dashiell Hammett avec des dialogues à la Michel Audiard. L’humour suinte à chaque ligne, « Le poète a dit : la poésie est une arme. Le voyou pouffa : « Sauf si on est Mallarmé ! » » Le récit court à une allure folle, les amis deviennent les ennemis et vice-versa, les personnages s’accumulent à en perdre le fil. Un truc à la Mel Brooks. Comme c’est un bon bouquin, nous n’en restons pas là. Les années 50, donc l’après-guerre, fournissent à l’écrivain matière à enrichir son texte et son scénario. Que ce soient d’anciens collaborateurs jouant sur les deux tableaux, occupants puis libérateurs du pays, pillages de biens juifs comme des livres rares, ou bien encore sur la situation géopolitique, l’Indochine et son opium, la redistribution des cartes en Europe par les Américains ouvre l’appétit des caïds yankees arrivés dans le sillage des GI et Marseille devient le lieu idéal pour monter des filières. C’est dans ce marais qu’évoluait le Sachem, donc il en savait beaucoup trop, autant pour les truands que pour ceux des administrations (police etc.) cherchant à se blanchir aujourd’hui. Tout ce petit monde veut la peau du Sachem qui veut faire de sa vie un roman pour la Série Noire et Gringoire d’être balloté entre les uns et les autres. Le roman prend de l’étoffe n’est-ce pas ? Et ce n’est pas terminé puisque le propos principal c’est la littérature. Les écrivains connus sont cités à foison, François Villon en particulier au vu de sa proximité avec la truanderie. Sébastien Rutés balance les aphorismes et réflexions plus qu’intéressantes sur le job de traducteur, la littérature du polar et le rapport étroit entre littérature et vie en général : « Le réel inspire la littérature et la littérature influence le réel, l’ensemble se fond dans le grand creuset de nos imaginations, le crime réel et le crime fictif, le détective et l’auteur, l’auteur et le criminel, le détective et le lecteur… » Un bouquin de deux-cents pages aussi garni, moi je dis que c’est une affaire à ne pas manquer.

Signaler

Les livres de la même maison

Fiche technique du livre

  • Genres
    Policiers & Thrillers , Thrillers
  • EAN
    9782264084804
  • Collection ou Série
  • Format
    Poche
  • Nombre de pages
    240
  • Dimensions
    179 x 110 mm

L'auteur

Sébastien Rutés

Découvrir l'auteur

Nous sommes ravis de vous accueillir dans notre univers où les mots s'animent et où les histoires prennent vie. Que vous soyez à la recherche d'un roman poignant, d'une intrigue palpitante ou d'un voyage littéraire inoubliable, vous trouverez ici une vaste sélection de livres qui combleront toutes vos envies de lecture.

8,60 € Poche 240 pages