Sodome et Gomorrhe : Le livre de Marcel Proust
Le volume s'ouvre sur la scène la plus audacieuse de l'œuvre, lorsque le Narrateur assiste à la " parade nuptiale " et à l'accouplement du baron de Charlus vieillissant avec le tailleur Jupien dans la cour de l'hôtel de Guermantes.
C'est le prélude à une étude brûlante sur la descendance innombrable des habitants des cités bibliques à laquelle appartiennent presque tous les personnages de
La Recherche. Ducs, princes, aristocrates et bourgeois, domestiques et gens du peuple, entrent dans l'immense colonie alors clandestine. Albertine n'y échappe pas, lesbienne secrète, dont les mœurs sont le motif principal de la jalousie névrotique de Marcel. Mais aucun vice, aucune malédiction ne saurait leur épargner l'enfer de la passion et ses terribles figures de " la Fureur, la Curiosité, l'Envie, la Haine, l'Orgueil, l'Épouvante ", le supplice proustien de l'Amour transfiguré par le miracle de l'art, de l'intelligence et de la poésie.
Cet ouvrage rassemble :
Sodome et Gomorrhe I,
Sodome et Gomorrhe II
De (auteur) : Marcel Proust
Expérience de lecture
Avis Babelio
etournier1
• Il y a 1 mois
Le narrateur poursuit sa vie mondaine dans les salons de Mme Verdurin et de Mme de Cambremer. Mais ce quatrième volume de La Recherche est avant tout un roman sur l’amour, sur la complexité du sentiment amoureux, sur la diversité des amoirs. Il traite de l’amour du narrateur avec Albertine qu’il retrouve en retournant à Balbec. On suit ses hésitations, ses volte-faces qui s’exprime jusqu’à la l’extrême fin du volume. Sodome et Gomorre est bien sûr aussi le volume de La Recherche qui aborde l’amour homosexuel avec la révélation de l’homosexualité de Charlus puis les doutes du narrateur sur les désirs homosexuels d’Albertine envers Andrée ou Mlle de Vinteuil. Les premières pages du volume sont superbes et saisissantes : le narrateur décrit sa découverte concernant M. de Charlus en l’observant sortir de chez la Duchesse de Guermantes, en lui trouvant d’abord les traits et l’expression d’une femme puis plus tard en l’entendant faire l’amour avec un jeune homme : Jupien. L’affaire Dreyfus est toujours présente dans ce quatrième volume : elle n’en finit pas de diviser les personnages de La Recherche : Robert de Saint-Loup, militaire, cesse de soutenir Dreyfus tandis que M. de Guermantes se met à avoir des doutes sur la culpabilité de Dreyfus. J’ai retenu aussi au début du second séjour du narrateur à Balbec une émouvante nouvelle expérience de la mémoire involontaire. Le soir de son arrivée, en se déchaussant, il est submergé d’émotion en repensant à sa grand-mère, morte un an auparavant, qui, lors de leur première venue à Balbec, l’aidait dans sa chambre à se déshabiller. J’ai beaucoup aimé, dans le chapitre 2, le clin d’œil que Proust fait à sa fidèle Céleste Albaret qui l’aura accompagné pendant une grande partie de sa vie et en particulier pour la mise en ordre de ses manuscrits de La recherche : elle est citée comme une courrière qui fréquente le grand hôtel de Balbec et est donc l’un des personnages de La Recherche ! Le narrateur dit d’elle : « Dans ces moments là elle était vraiment céleste. »
alphatango
• Il y a 3 mois
La belle époque Lire Proust est toujours une épreuve, ces pages très compactes et ces longues phrases prennent un certain temps à lire. A suivre Marcel dans ses très longs (très longs) diners, dans ses promenades aux milles détails, dans ses fidèles retranscriptions de soliloques plombant, à l’écouter ratiociner sur lui-même en prises à des doutes transcendantaux sur l’amour. On pourrait s’ennuyer ferme et je me suis ennuyé fermement. Mais il ne faut pas non plus bouder les vertus de l’ennui. Lire le temps perdu n’est-il pas du temps perdu ? On y répond qu’en gobant un tome. Comme les vins complexes, Proust possède un bouquet, un arôme et un arrière-goût et tout ceci se décante. Le bouquet, c’est le piquant. Dans ce tome : Sodome et Gomorrhe, on aura vite fait de deviner le piquant. C’est une question de dard et d’ahanement tout en finesse : on s’encule, mais proustement : c’est tout à fait autre chose. La scène inaugurale est absolument magnifique, suivant une métaphore entomologiste on se penche sur ces insectes sexuels que nous sommes. L’arôme : Nous sommes à la belle époque, période bénie, béate et magnifique. C’est le temps des impressionnistes, de Debussy et d’une aristocratie surie. La plupart du temps nous sommes à Balbec sur la côte Normande, les jolies filles portent la voilette et se mirent dans une mer qu’on devine peu éloignée d’Etretat et de Deauville. Les gentilshommes devisent et glosent, bien contents de leurs situations. Dans des salons qui seront bientôt tout à fait désuets, on périclite gaiement. C’est gai et c’est beau. Vous croisez un aéroplane dans une promenade à cheval, vous contemplez un jeu social très subtil dans votre wagon depuis votre siège. Et, pour passer le temps vous causez avec le liftier qui n’a pas son pareil pour découper les dindonneaux. En pédale d’orgue, Marcel décante une tergiversation infinie sur le cas Albertine : dois-je ou ne dois-je pas l’épouser ? Est-elle gouine ? That is the question. C’est tout à fait charmant. Se payer une tranche hors du temps n’a pas de prix. Mais il faut du temps pour se l’offrir. L’arrière-goût, le reflux : Paradoxalement, l’un des aspects le plus génial de Proust est intégralement dans le titre. Il n’y a en théorie pas besoin de se taper les sept volumes pour le goûter. Qu’est donc que Le temps perdu ? Pourquoi est-il perdu ? Perdu parce qu’inutile, perdu parce qu’irrécupérable. L’on passe sa vie à trouver un sens au temps sans savoir pourquoi, juste parce qu’il le faut. Mais à la fin, qu’auront signifié toutes ces impressions. La vie qu’on aimerait croire grave et pleine d’enjeux, n’est-elle pas absolument spécieuse ? Quel est le sens d’un Proust mourant qui se perd dans de si insignifiants détails pour parachever son grand œuvre, quel est le sens de ces spécialistes Proustien qui reconstruisent un monde chimérique 120 ans après ? Cela ne laisse pas d’interroger et c’est profondément philosophique. Pour moi ce dernier aspect est l’un des plus intelligents de Proust quand bien même cette facette est tout à fait supratextuelle.
Avis des membres
Fiche technique du livre
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- Genres
- Classiques et Littérature , Littérature Classique
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- EAN
- 9782266313834
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- Collection ou Série
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- Format
- Poche
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- Nombre de pages
- 704
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- Dimensions
- 180 x 109 mm
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8,90 € Poche 704 pages