Un si beau bleu : Le livre de Florian Forestier

Gravir le Cervin , c'est pour Florian le Graal parmi les nombreux défis dont sa vie est remplie . Pour cet homme de 40 ans poursuivi par de multiples peurs , quelques victoires mais des échecs en plus grand nombre , l'objectif commence par trouver le bon guide. Sur les conseils de son psy, ce sera Raffaele , un guide expérimenté qui , lorsqu'il a la responsabilité d'une course est exigeant, autoritaire et n'estime pas Florian encore prêt pour l'ascension rêvée . Chez le guide, il fait la connaissance de Morgane, une jeune femme de la ville, aspirant guide et de son amie Lise . Récit assez déjanté, au fil des humeurs , des angoisses et des exaltations de Florian qui revient quand cela va vraiment mal près de sa mère en Suisse. Le lecteur profite des descriptions de la montagne, des ascensions souvent périlleuses et de l'ambiance souvent tendues entre alpinistes. Le récit se lit aisément , on oscille entre le bleu du ciel , celui du glacier qui fond et même celui de la mer , celle dont on rêve quand on est au pied de la montagne infranchissable . C'est aussi une histoire d'amitié, de solidarité : il le faut bien quand on est en cordée , de dépassement de soi et souvent de dérision comme Florian sait si bien le faire quand il se moque de lui-même , conscient de ses limites et de ses failles . Aller au bout de ses rêves, c'est ce que à quoi chacun doit aspirer ! Lu en décembre 2024.

J’ai attendu d’être à la montagne pour lire « Un si beau bleu ». Cela s’imposait, mais je ne le recommanderais pas forcément à tout le monde… parce que la montagne que nous présente Florian Forestier n’est pas seulement belle ou majestueuse. Elle est aussi violente, inatteignable, dangereuse. C’est à ce danger que Florian veut se confronter. Si on en croit Raffaele, le guide italien qui fonctionne avec la frousse et l’humiliation comme carburants pour ses clients, ceux-ci n’ont qu’un but : se tuer, le tuer ou tuer les deux. Face à cette forte personnalité, Florian doit faire ses preuves pour espérer être jugé digne de grimper sur le Cervin. Roman d’autofiction – en tout cas, le personnage principal porte son nom et on reconnaît bien le Florian des Labyrinthes – « Un si beau bleu » raconte la quête obsessionnelle du sommet, celle dans laquelle on se réalise ou en tout cas, qui semble à un moment de sa vie indispensable pour pouvoir poursuivre, pour trouver du sens. Au cours de ses pérégrinations, Florian rencontre quatre femmes : Morgane, Lise, Judith, Romane. À l’une d’elles, il fera l’amour. À une autre, il devra la vie. La troisième l’emmènera où il voudra sur les sommets. Toutes les quatre sauront le convaincre que l’impossible, ça n’existe pas. C’est un roman sensible, intense, heurté par la vie, un roman qui se débat, trébuche parfois mais rassemble quand même ses forces pour arriver tout en haut, à plusieurs longueurs de corde. On y sort du 5c en falaise comme qui rigole, on y grimpe à la corde dans l’helico de secours, on y saute des ponts, on y chasse le loup, on y traverse l’histoire avec un grand H, guerres comprises. J’en ressors encore remplie d’admiration pour le talent d’écrivain de Florian, pour cette façon dont il nous emmène dans son univers atypique, nous en communique à la fois l’inconfort et l’infinie richesse.