Dans la cage - Une autobiographie socio-pornographique : Le livre de Océan

Dans cet essai, Océan va interroger ses fantasmes, et par la même occasion, la notion même de fantasme, en fouillant dans son passé, ses traumatismes, son parcours amoureux et en disséquant un phénomène aussi intime qu'universel : la pornographie. Entre biographie, témoignage et essai sociologique accessible, Dans la cage nous pousse à l'introspection et à y voir plus clair. Je ne m'attendais à rien de cet essai lu dans le cadre du Grand prix des lecteurs Pocket en catégorie Récits, et j'ai été très agréablement surprise. Une écriture fluide, un sujet aussi tabou que passionnant et une part d'expérience personnelle : voilà la formule magique qu'a trouvé Océan, et la magie a opéré. Je n'ai quasi pas pu lâcher ce récit tant j'ai été happée par ses mots. Ces mots que l'on ne met pas sur ce que nous vivons, par honte, par pudicité, ou par déni... Et bien, avec toute bienveillance, Océan les a posés dans ce livre. Et en tant que lectrice, je ne peux que le remercier pour ce livre d'une si grande honnêteté.

Lu dans le cadre du Grand prix des lecteurs Pocket 2025. Océan nous ouvre une réflexion large et sans jugement, sur nos fantasmes et leurs origines. Dans l’introduction, il précise bien que son écriture n’engage que lui, et que les liens qu'il a pu faire avec sa propre histoire lui appartiennent. Cela ne parlera donc pas à tout le monde. Pour autant, il y a quelque chose d’universel dans : "L’Intime est politique". Le slogan issu du Mouvement #Metoo. Océan vient nous questionner sur la prétendue liberté de nos fantasmes. Que veulent-ils dire de nous ? Qu'est ce que l'on a intériorisé de nos dogmes familiaux et sociétaux ? Pourquoi des choses violentes viennent parfois nourrir notre plaisir ? Si l'on ne se retrouve pas forcément dans ses fantasmes à lui, on peut tous se poser ses questions de manière personnelle. Un autre point que j'ai trouvé intéressant : la distinction entre les fantasmes et les désirs. Les premiers sont de l'ordre de l'imaginaire et n’ont pas forcément pour vocation d’être réalisés. On peut fantasmer quelque chose que l'on ne désire pas. Ce livre est un essai court, autour de la cage imaginaire sexuelle et érotique, que l'on pense connaître chez soi, mais peut-être pas tant que ça finalement...

Une lecture qui m’a sorti de ma zone de confort ! En sous-titre, « une autobiographie socio-pornographique », tout un programme #x1f51e Océan est scénariste, réalisateur et comédien. Transsexuel, il raconte son chemin de vie et l’évolution de sa sexualité, ses traumatismes et ses fantasmes, son rapport à son corps et à ses partenaires. Petit précis très justement woke, le livre dénonce la culture patriarcale et les désirs masculins qui façonnent la pornographie et les scénarios violents de domination, dès le plus jeune âge, en spirale. Alors que la lecture débute sur le choix de transition de genre et les violences sexuelles subies pendant l’enfance, très vite Océan encadre ses propos et les documente, prend une distance d’anthropologue sur des faits pourtant traumatisants, essaye d’objectiver ce qu’il observe de la sexualité du monde. C’est fort, et amène à vous poser vous-mêmes des questions très intimes, rouge aux joues, tout en étant rassuré par ce partage à cœur ouvert et bienveillant.

Que de réflexions intéressantes ! Océan prend le temps de questionner ses propres fantasmes sexuelles, pour voir en quoi ils peuvent être cathartiques quand ils permettent de revivre un traumatisme passé. J’ai beaucoup aimé le regard multiple qu’il a : il convoque à la fois des aspects psychologiques, mais aussi sociaux et féministes. La dernière partie sur le BDSM m’a plus déroutée et j’avais la sensation qu’on éloignait du sujet (à moins qu’il s’agisse de la variante la plus extrême de ce qu’il a pu développer plus tôt). Mais cette partie est courte et, comme dans tout le livre, l’auteur n’est jamais là pour dire ce qu’il faut faire ou non. Enfin, Océan est tellement sincère et transparent dans ce qu’il nous partage que cette lecture fait du bien et permet de se questionner soi-même sans jugement. Attention tout de même : il évoque des situations d’agressions sexuelles, viol ou inceste. Ce n’est jamais raconté « pour rien » et cela fait totalement sens pour bien comprendre sa pensée mais certains passages peuvent quand même être difficiles à lire.