J'ai mille ans... : Le livre de Jean-Marie Quéméner

Extrait : [Le crocodile trouve que j'ai les cheveux "filasse... pas assez crépus." Des poils de chèvre", explique-t-elle non sans gourmandise en imaginant ce que cette bâtarde pourrait ajouter à la qualité de son cheptel. Je suis un accident. Une vieille sorcière vient chaque semaine, avant la prière du vendredi, passer un onguent malodorant à ces dames. "Pas d'enfants, pas de problèmes" répète-t-elle comme un mantra. C'est elle aussi qui s'occupe des excisions dans les hameaux alentour : "Pas de plaisir, pas d'offense," Une phrase toute faite, psalmodiée en verset, pour chaque mutilation.] Les cheveux filassent appartiennent à Amal, elle viens de naître alors qu'elle a déjà mille ans. C'est à elle que l'auteur donne voix tout au long de ces pages et cela ne ressemble en rien à une berceuse ! D'une maison close au Soudan jusqu'aux rives siciliennes de la méditerranée, Amal avec la sagesse et la beauté de ses mille ans et son regard de nouveau né, nous raconte la vie et les combats de sa mère et de ses ami(e)s pour l'extraire d'un quotidien annoncé fait de sévices et de cruauté. La mort règne en permanence et rythme les péripéties d'un chemin vers une vision de la liberté. Des destins se croisent, des liens solidaires se tissent ou pas dans un pays où la guerre est reine. Rien n'est simple, tout se joue à coup de dollars entre personnes non recommandables. Un roman sincèrement bouleversant et cruel si proche d'une réalité sans fin qui se joue en méditerranée. Des larmes ont coulé en le refermant. Un coup de coeur pour cette si émouvante lecture.

Amal vient de naître et pourtant elle a mille ans, née quelque part dans le nord Soudan dans une prison rose elle est le fruit de la prostitution de sa mère. À travers ses yeux de nouveau né elle raconte l'exil de toutes les femmes qui comme sa mère ont rêvé ou rêvent d'une vie meilleure pour elle et leur enfant en France peut-être ou quelque part en Europe peu importe du moment qu'elle traverse la Méditerranée. Un long et difficile périple les attends. L'auteur nous propose ici de plonger dans le périple difficile et dangereux de tous ces hommes et femmes qui fuient leur pays pour vivre enfin libres et heureux depuis la nuit des temps et pour longtemps encore... Le témoignage d'Amal nous fait prendre conscience que ces hommes et femmes sont prêts à prendre tous les risques ainsi ils bravent la peur la faim la soif la fatigue le désespoir pour l'exil et aspirent à la liberté. Avec ses yeux nous sommes immergés dans ce long et terrifiant périple,en passant par les camps de réfugiés, côtoyant les milices les passeurs dans un contexte de guerre civile. Mais aussi les rencontres parfois bienveillantes parfois hostiles et mortelles.. Tant d'épreuves à surmonter pour espérer la liberté tous n'y arriveront pas tous ne survivront pas. L'auteur parle aussi de lien maternelle et de liens qui se créent au fil du périple. C'est un roman rempli d'humanité,un roman éprouvant mais juste,un roman que je vous conseille vivement pour comprendre leur choix leur combat.

Amal (« espoir ») est née dans une maison close aux murs roses, située dans un patelin perdu au nord du Soudan. Cette naissance a été un déclic pour sa mère qui a pris la décision de fuir sa prison et son pays pour l’Europe et la France, afin d’éviter à sa fille d’hériter un jour de la même vie. Pour nous raconter la fuite de cette maman et de son bébé vers la liberté, l’auteur a choisi de confier le rôle de narratrice à Amal, la nouvelle née. En lui faisant scander ces mots « J’ai mille ans » tout le long de sa narration, il m’a donné l’impression qu’il la chargeait de parler au nom de toutes les générations de femmes qui l’ont précédée sur cette terre d’Afrique, et l’émotion m’a cueillie . D’ailleurs armée de sa sagesse millénaire, ce bébé fille sait faire silence quand le moment est grave ou se met à crier quand le danger guette. Ses mots ont à la fois la légèreté de l’enfance et la maturité du vécu. Le style narratif est particulier et empreint de poésie. Les phrases sont courtes, mais les mots sonnent justes grâce à l’enchaînement de métaphores et figures de style qui donnent à l’ensemble relief et profondeur. L’auteur, ex correspondant de guerre et qui a vécu au Soudan, semble savoir de quoi il parle quand il décrit les dangers auxquels s’exposent tous ceux qui decident de fuir vers un ailleurs, quitte a y perdre leur propre vie. On mesure via la traversée du désert ou celle de la Méditerranée , la succession de pièges humains ou naturels qui peuvent faire obstacle à ces rêves et aspirations de liberté. Contrairement à tous ceux qui dans ce roman, exploitent la misère pour en faire commerce, j’ai été émue par le sort d’Amal et de sa maman, ainsi que par leur rencontre avec Assim, Soraya et Arafa. Un roman terriblement émouvant sur un sujet qui effraie, divise, et soulève plus de questions qu’il n’apporte de réponses. Le monde est-il en perte d’humanité ?