La ballerine de Kiev : Le livre de Stéphanie Perez

Quand la danse rencontre les bombes Ancienne danseuse pendant une grande partie de ma jeunesse, puis avec mes filles que j’ai accompagné pendant des années, chaque semaine, au gré des cours, des répétitions, des filages, des spectacles, j’ai connu un monde emprunt de légèreté, de grâce et d’harmonie. L’émotion de voir mes filles en duo sur scène dans une chorégraphie qu’elles avaient créée m’a arraché des larmes de bonheur et de fierté. Dans la ballerine de Kiev, c’est une autre chorégraphie qui s’est offert à moi : la juxtaposition de la délicatesse et la brutalité de la guerre. L’avenir tout tracé de Svitlana et de Dmytro est balayé en quelques heures. Les corps, qui dansaient pour émouvoir et montrer la beauté du monde deviennent alors des cibles au quotidien. Les bombes arrachent des membres et détruisent les rêves, la mort est dévastatrice. Svitlana va alors utiliser son corps comme un objet de résistance et de résilience, comme si chaque mouvement était une façon de défier la mort, de célébrer la vie. La guerre peut briser des corps mais ne pourra jamais anéantir l’âme des artistes. Stephanie Perez m’a bouleversée de la première à la dernière page. Ses mots sont à la fois puissants, intenses, violents, foudroyants, explosifs mais aussi attendrissants, tendres, délicats, mélodieux. Et cette couverture, juste une merveille ! C’est un énorme coup de coeur pour moi et je sors de cette lecture transformée par la puissance des émotions de ce roman. Parce que ce n’est pas qu’un roman. C’est tout près, juste 3 petites heures d’avion. Parce que c’est en ce moment, pendant que nous sommes à l’abri, dans nos maisons. Parce que ce qui se passe dans le monde, avec l’arrivée au pouvoir des extrémistes me fait peur. Parce que nous ne sommes à l’abri de rien et surtout pas de la folie des gens.

Une histoire de grâce et de résistance Il y a des livres qui arrivent entre nos mains au bon moment, et La ballerine de Kiev en fait partie. Après l’avoir vu plusieurs fois sur Instagram et sur les conseils avisés d’autres lecteurs, j’ai décidé de me plonger dans ce roman de Stéphanie Perez. Ce fut une lecture touchante, qui nous plonge au cœur de la guerre en Ukraine et de ses terribles conséquences, à travers les yeux d’une ballerine. Dans ce contexte de chaos, on découvre une histoire de résistance, mêlant force, grâce et émotion. L’écriture fluide et immersive de l’autrice m’a emportée, même si ce n’est pas un coup de cœur absolu pour moi. #x1f4a1 Un roman poignant, fort et nécessaire, que je recommande vivement à ceux qui aiment les récits empreints d’humanité et de résilience.

Quand la noirceur de la guerre se mêle à la beauté de la danse Février 2022, la Russie entre en guerre contre l'Ukraine. Pour la danseuse de ballet Svitlana et son partenaire sur la scène et dans la vie Dmytro, comme pour tous les habitants de Kiev et d'Ukraine, le quotidien se transforme en cauchemar où rien ne compte plus que de survivre. Si la peur est leur première émotion, Svitlana et Dmytro vont tous les deux à leur manière défendre leur pays. Si le jeune homme s'engage dans l'armée, la danseuse, elle, décide de remettre ses chaussons de danse et de remonter sur le parquet de l'opéra avec ses camarades et amis. Ce roman est très beau dans son écriture, dans les émotions qu'il transmet. Difficile en lisant certains passages de se dire qu'on est en 2022 tant la barbarie humaine de la guerre y est décrite, et pourtant c'est le cas, cette guerre qui continue encore aujourd'hui. Ça remue, beaucoup... Mais à côté de l'atrocité des descriptions de scènes de guerre, l'auteure nous invite à découvrir la beauté du ballet, et avec ça de l'espoir, de la résilience, de la résistance, de la survie. J'ai été émue par ce roman, les personnages et leur histoire m'ont touchés et en refermant le livre, je ne peux qu'espérer que tout ceci cesse rapidement.

Ce roman est celui de l'effraction du réel, cette angoisse soudaine qui déborde face à un évènement que l'on n'a pas vu venir ou dont on a ignoré les signaux. Le 23 février 2022, Svitlana et Dmytro se produisent dans le Lac des Cygnes. Pour ces deux danseurs professionnels, dont la vie tourne autour de leur art et de leur couple, c'est un moment magique, celui qu'ils ont tant attendu. Rien ne peut être plus beau. Le 24 février 2022, tôt le matin, la Russie attaque l'Ukraine. Le monde que les deux danseurs avaient connu s'écroule soudain, se fracture avec violence. Rien ne sera jamais plus comme avant. Si Svitlana paraît dans un premier temps presque prostrée, sidérée par la fulgurance de l'évènement, son compagnon , lui, se découvre l'âme d'un patriote. La guerre agit comme un puissant révélateur des tréfonds de l'âme. Ce livre montre avec beaucoup de justesse l'impact ressenti par une population assiégée, à une époque où l'on croit presque cela impossible. Le mécanisme d'identification se met en place chez le lecteur. Svitlana, Dmitrov, c'est un peu nous. Un couple qui construit sa vie autour de ses aspirations, qui vit dans une "presque" insouciance et qui ne s'en rend compte qu'une fois le malheur abattu sur eux et leur nation. Mais "La ballerine de Kiev", c'est aussi tout un hommage à l'art et à son pouvoir. Celui de redonner de l'espoir, celui de transmettre un message universel. C'est un roman où se côtoient la violence, la résilience, l'amour, la trahison. C'est un témoignage affuté et sensible sur l'histoire actuelle de notre monde et qui nous fait dire à un moment :"Et si c'était à nous que cela arrivait ?". Très beau et bon roman.