L'Ile des oubliés : Le livre de Victoria Hislop

Le sujet de fond m'a passionnée : il s'agit de la vie de lépreux, exclus des communautés crétoises et grecques, envoyés dans une île reliée au continent par les navettes d'un seul bateau. Et il s'agit d'une histoire récente, des années 1940 – 60, sur laquelle l'auteure s'est manifestement bien documentée. L'autre sujet est malheureusement occulté : les silences d'une mère qui veut oublier son histoire et ses tragédies. Malgré cela, et malgré le style, trop sirupeux à mon goût, j'ai passé un bon moment.

Une jeune femme, Alexis, part en vacances en Crète, terre natale de sa mère, si secrète qu'elle n'a jamais rien dévoilé de son passé à ses enfants. Elle est munie d'une lettre adressée à une villageoise âgée qui a bien connu sa mère dans son enfance, chargeant celle-ci de lui raconter l'histoire familiale, intimement liée à une maladie alors incurable, la lèpre. Certes, le caractère des personnages est un peu schématique, les ressorts narratifs quelque peu «convenus» (secrets de famille, beau mariage, adultère) et la traduction souvent maladroite. En revanche, ce roman, très bien documenté, s'inspire de faits historiques pour nous raconter l'histoire de la colonie de lépreux de Spinalonga, en activité tout au long de la première moitié du XXème siècle, à quelques encablures du village de Plaka, au nord-est de la Crète. Sa forteresse vénitienne, à laquelle on accédait par un long tunnel, nommé la porte de Dante ; le combat et de la résilience de certains habitants de l'île pour obtenir des fonds pour l'amélioration de leur vie quotidienne (maisons, eau courante, soins médicaux), même si les personnages du roman qui mènent ce combat sont fictifs ; l'école, l'immeuble en béton construit dans les années 30 ; la recherche médicale pour trouver un traitement efficace qui finira par vaincre la lèpre, etc. Tout cela est parfaitement exact. Car la lèpre nous évoque plutôt un mal médiéval, à nous autres, Européens du nord-ouest. A l'époque où elle était plus redoutée que toute autre maladie en Grèce, c'est la tuberculose qui faisait des ravages dans nos pays. Le ressenti, la solitude et l'angoisse extrêmes du malade, exclu pour toujours de sa famille et de sa vie quotidienne, qui doit rejoindre cette île parce qu'il a contracté la lèpre, me semblent bien rendus. de même pour les croyances erronées des riches comme des pauvres sur cette maladie, les traditions crétoises et l'occupation allemande. Un roman plaisant à lire, sur un épisode méconnu de l'histoire du XXème siècle, qu'il aura contribué à mettre en lumière.

J’avais très envie de découvrir ce roman après avoir lu l’adaptation en album jeunesse « L’île de Maria ». Une collègue me l’a gentiment prêté #x1f609 L’histoire est émouvante et dramatique. Surtout quand on sait que cette léproserie a vraiment existé, on imagine la douleur de la séparation, le déchirement des familles et la souffrance des malades, causée autant par la lèpre que par l’isolement. Je ne connaissais pas l’existence et l’histoire de Spinalonga avant de lire ces pages et elle m’a énormément touchée. Par contre, autant l’album jeunesse m’avait beaucoup plu, autant le roman m’a paru interminable. Je ne sais pas, si c’est parce que je connaissais déjà l’histoire qui est fidèlement adaptée dans l’album illustré (bien que très condensée) ou si ce sont les longueurs du récit. Je sais bien qu’il s’agit d’un récit de vie, d’un drame et qu’il ne peut pas y avoir des rebondissements à chaque page, mais clairement, c'est lent !! Les chapitres sont longs et apportent des détails presque cinématographiques dont on pourrait facilement se passer. J’ai terminé les 200 dernières pages en travers, je n’en pouvais plus. Vous l’avez lu ?

Je possédais ce livre depuis qques années déjà mais d'autres l'avaient supplantés. Quand j'ai commencé sa lecture, j'ai d'emblée été séduite par le sujet tant historique que médical. Je n'ai pas eu l'impression de tomber dans du pathos, je ne me suis pas attardée sur le style, les clichés, etc…je n'y ai lu qu'une histoire émouvante et bouleversante d'une population vivant sur une île, la Crête, régie par des us et coutumes ancestrales, coupée du continent et du monde mais confrontée à une terrible maladie, la lèpre, méconnue et terrifiante. Le gouvernement grec décrète que tous ses habitants, dès l'apparition des premiers symptômes de la maladie, cette infamie qui touche aussi bien les adultes que les enfants, personnalités (instits, avocats, projecteurs, journalistes…) ou simple ouvrier, soient immédiatement envoyés à Spinalonga, île forteresse située face à Plaka, administrée par les lépreux eux-mêmes. Une micro-société dans laquelle tous les sentiments coexistent. Première moitié du 20ème siècle, la médecine en est encore à ses balbutiements et la recherche stoppée par la seconde guerre mondiale. L'apparition des premiers antibiotiques (c'est du moins comme cela que j'appelle le nouveau traitement) mettra fin, dans les années cinquante, à ce terrible fléau, libérant du coup ses nombreuses victimes qui devront réapprendre une vie normale, ou du moins, essayer. Une lecture passionnante.