Mrs Dalloway : Le livre de Virginia Woolf
Clarissa Dalloway est sortie acheter des fleurs. En chemin, elle repense à son mariage. Eût-elle épousé Peter Walsh, il lui aurait fallu renoncer au confort et se mettre en péril. Mais, si son couple dure depuis trente ans, c'est qu'elle l'a protégé derrière une digue de non-dits, de silences et de rêves sacrifiés.
Épouse, mère, hôtesse : comme cette Londonienne de la haute société semble conventionnelle... Son existence se borne à la sphère domestique. Or quel être peut se résumer à la simplicité d'une apparence, d'un milieu, ou aux mœurs de son temps ? Et que dire de la multitude d'émotions et d'intuitions à jamais informulées ? C'est cette autre Clarissa que révèle chacun des petits événements dont sa journée est tissée, chacune des pensées dont ce roman s'attache à restituer les moindres inflexions.
Virginia Woolf, qui a lu Proust et Joyce, démontre que rien – une course en ville, l'organisation d'un dîner – n'est trop ordinaire aux yeux d'un écrivain. En fouillant la conscience et l'inconscient de Clarissa, en exposant la richesse de sa vie intérieure, elle nous invite à mieux considérer la femme superficielle qu'elle paraît être.
Une page du roman britannique se tourne avec Mrs Dalloway, au rythme des heures égrenées par l'horloge de Big Ben.
De (auteur) : Virginia Woolf
Traduit par : Simone David
Préface de : Joseph Vebret
Expérience de lecture
Avis Babelio
Fortuna
• Il y a 2 semaines
Mrs Dalloway, femme de la haute société londonienne, prépare une réception pour le soir même. Dès le matin d'une belle journée de juin, elle traverse St James's Park pour aller acheter des fleurs. Alors que la voiture du premier Ministre s'arrête dans le quartier et que se jouent les dernières heures de Septimus, jeune homme traumatisé par la mort de son compagnon à la guerre. et que se déroule les deux faces de cette journée, meublée de mondanités, de rencontres superficielles, de mobiles futiles, soutendue par la gravité des choses, la guerre, la folie, le suicide. Et tandis que Mrs Dalloway poursuit sa journée, qu'elle reçoit la visite de son ancien fiancé, Peter Walsh, celui qu'elle a rejeté et qui ne s'en est jamais remis, pour épouser Mr Dalloway, qui lui a offert la stabilité d'une existence mondaine, se déroule en coulisses le drame de la mort de Septimus. L'envers du décors. Et tout au long du récit, se mêlent l'histoire de Clarissa, celle de l'Angleterre des années 20, les affres d'un monde au bord de l'effondrement qui déjà laisse transparaitre les failles d'une agonie qui se poursuit jusqu'à nos jours. Un très beau texte sur la destinée des femmes, pas encore libérées de la tutelle des hommes, un style qui permet à Virginia Woolf de se glisser dans les méandres de l'esprit humain et au passage de faire un constat amer sur la prise en charge des maladies psychiques à l'époque...là aussi encore malheureusement d'actualité. "Elle en avait réchappé. Mais ce jeune homme, lui, s'était tué.", dit elle en parlant de son héroïne. Mais elle finira malheureusement elle aussi par se donner la mort.
Wampiir
• Il y a 3 semaines
Contrairement au précédent livre que j'ai lu de Virginia Woolf (Une vie à soi), je n'ai pas réussi à rentrer dedans. Je l'ai terminé afin de me faire un avis clair, mais je ne l'ai pas apprécié. J'ai mis du temps à le terminer, et bien que certains passages m'ont plu, c'était trop peu. Pour autant, le jonglage entre les personnages est intéressant, tout comme le suivi des pensées de chacun.
clesbibliofeel
• Il y a 1 mois
Après avoir lu Une chambre à soi, côté essai de Virginia Woolf, il devenait urgent pour moi de découvrir son célèbre roman Mrs Dalloway. Publié en mai 1925 et tout juste centenaire, il est d’une jeunesse étonnante, comme si Les Heures, son premier titre, étaient arrêtées. Curieusement, j’ai longtemps contemplé son reflet dans les hommages qui lui étaient adressés (il en est souvent ainsi des classiques, la statue estompe l’œuvre...). J’avais en tête les décors somptueux du film de Stephen Daldry, The Hours, sorti en 2002, et aussi le touchant album jazz de Sebastien Lavato inspiré par son œuvre ainsi que bon nombre de documentaires et d’avis... Mais je n’avais pas rencontré ce texte magique où l’autrice donne toute la mesure de son génie. Je retardais le moment dans la crainte de me retrouver devant un texte réputé difficile, apparenté à l’Ulysse de James Joyce, autre roman novateur de cette période… que je n’ai jamais pu finir… Tout cela vient d’être balayé, il ne reste que la joie laissée dans son sillage par un texte essentiel ! « Mrs Dalloway dit qu’elle achèterait les fleurs elle-même. » Tel est l’incipit annonçant le personnage principal (elle a passé la cinquante et est mariée à Richard qui siège au Parlement). Virginia Woolf a mis beaucoup d’elle-même dans cette Clarissa Dalloway, amoureuse de la vie ; libre en partie ; possédant une acuité a percevoir les sentiments de ceux qui gravitent autour d’elle et même d’inconnus ; attachée à cette ville qui vibre au rythme des heures et des demi-heures (aux carillons des églises et de Big Ben) ; inquiète aussi des désordres autant que de la satisfaction bourgeoise, des suites des folies guerrières toutes récentes… et qui va acheter des fleurs pour sa réception du soir. Clarissa Dalloway, alors qu’elle recoud une robe verte pour sa réception de soirée, reçoit la visite impromptue de Peter Walsh, de retour après 5 ans passés aux Indes. Ressac d'anciens souvenirs (les vagues, la mer sont des images qui parcourent ce roman). Elle avait refusé la demande en mariage de Peter. On entre aussi dans l’intimité de Septimus Warren Smith et de sa femme Rezia. Septimus souffre depuis son retour du front de ce que l’on ne nomme pas encore à l’époque un syndrome post-traumatique (les médecins sont étrillés comme il faut, l’un incompétent, l’autre mondain). Le lien entre leurs vies se fera dans la soirée, le spécialiste consulté par le jeune couple étant invité à la soirée de Mrs Dalloway. Clarissa sensible, dans l’empathie aux autres, sera bouleversée par le suicide du jeune homme que, pourtant, elle n’a jamais rencontré. Richard Dalloway est moins présent, plus lisse que Peter Walsh et on se demande pourquoi Clarissa a préféré épouser Richard alors qu’il existe une communauté de pensée entre elle et Peter. Peut-être est-ce le goût de la vie luxueuse malgré la prétention qu’elle côtoie dans la société bourgeoise de Londres ? Ce roman est un incroyable chant, un poème avec des échappées, des réminiscences et des sentiments de toutes sortes, des brassées de fleurs et de nature, au gré des carillons, des cloches qui marquent l’avancée inéluctable du temps. Le passé et le présent conduisent vers le ballet des convives se rencontrant, s’évitant aussi ou s’observant de loin. La forme compte beaucoup dans ce roman de référence du modernisme littéraire avec son courant de conscience qui donne tout ce qui passe par la tête de l’autrice. Je me suis bien amusé quand il est question de Hugh, « son vieil ami ; l’admirable Hugh ! », on est alors dans une parole sociale, polie et fausse. Virginia Woolf manie à merveille le ton amusé, l’ironie amicale. Je me suis enthousiasmé avec Clarissa louant le pouvoir étonnant, le talent, la personnalité de Sally, son amie. En accédant à l’intériorité de Clarissa, de Peter et de Septimus, on se sent incroyablement proche de Virginia Woolf ! Elle écrit Mrs Dalloway en 1923, elle dit des choses très fortes sur la guerre, sur l’empire britannique aussi avec Peter qui rentre des Indes, sa fascination de l’eau, des vagues, du temps. Je remarque qu’elle se suicide en 1941, en pleine guerre (Stephen Zweig se suicide en 1942…). Elle ressentait depuis bien longtemps certains symptômes qu’elle prête ici à Septimus… Le texte d’une seule traite est seulement découpé par les heures et les demi-heures qui résonnent aux cloches et carillons. Les idées sont portées par des visions : Peter manipule toujours son canif, les femmes manient les ciseaux pour leur ouvrage de couture, les vagues... Des images fortes, troublantes, assez mystérieuses. C’est un chef d’œuvre et je suis comblé de l’avoir enfin lu. Plaisir d’entrer dans la petite musique, à l’écoute de Clarissa, de ses personnages nous conduisant vers d’autres encore, chacun rapportant la parole publique, organisée, réfléchie, et plus encore la petite voix intérieure avec ses redites, ses manies, ses obsessions. Virginia Woolf donne une vision impressionnante de l’intériorité de chacun. C’est très fort, les puissants sont dans le paraître, d’autres sont dans le ressenti, vaste peuple d’artistes dont l’influence sur le monde est diffuse, désordonnée, laissant le pouvoir à ceux qui ne doutent pas. Mieux vaut avoir une idée de la méthode d’écriture employée par l’autrice, des personnages, du contexte. Comme pour un voyage dans des contrées lointaines, il y a lieu de se préparer à cette intrusion dans la psyché humaine. C’est un roman qui prend une incroyable dimension cent ans plus tard. Parce qu’il parle de la vie des femmes, de leurs désirs, de leur talent artistique, de leur modernité contrariée par un pesant paternalisme. Il parle de peur, de désespoir et de folie, de la beauté de la vie, des liens aux autres dont chacun, chacune a un besoin absolu. Dernière phrase du roman : « C’est Clarissa, dit-il. Et elle était là. » Virginia Woolf encore là, au milieu de nous... Et vous, avez-vous rencontré Mrs Dalloway achetant des fleurs… « Elle-même » ?
emmjn06
• Il y a 1 mois
Bien que difficile de s'y investir au début, on se familiarise assez rapidement avec le style d'écriture de Virginia Woolf. J'ai bien aimé Mrs Dalloway par son côté introspectif. On entre dans les pensées de chaque personnage, qui ont chacun leurs regrets, leur sentiments, leurs visions des choses, leurs doutes et questionnements sur le sens de la vie. Ainsi que son côté nostalgique, où chacun replonge dans leur jeunesse. Enfin, on y constate toutes les paroles non dites, les dilemmes, Richard Dalloway qui n'ose pas dire à sa femme qu'il l'aime. Clarissa qui, à sa fête, ne parvient pas à converser avec Sally et Peter... Mrs Dalloway est d'après moi un livre assez marquant (bien qu'il ne s'y passe pas grand chose), qui aborde des sujets intimes et controversé de l'époque avec beaucoup de sensibilité. J'ai trouvé la narration très poétique et agréable.
Avis des membres
Fiche technique du livre
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- Genres
- Classiques et Littérature , Littérature Classique
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- EAN
- 9782352879787
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- Collection ou Série
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- Format
- Livre numérique
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- DRM
- Filigrame numérique
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7,49 € Numérique 158 pages