Trois guinées : Le livre de Virginia Woolf

Virginia Woolf est dotée d'une intelligence qui suscite l'admiration. On se plonge généralement dans ses mots et sa pensée sans pouvoir s'empêcher de s'exclamer : « Mais oui, bien sûr, c'est si simple, si limpide, comment n'y ai-je pas pensé avant ? » La réponse est simple : je n'ai pas l'esprit de l'autrice, cette capacité à décortiquer le monde et à pointer si efficacement du doigt ce qui ne fonctionne pas dans notre société. Lorsqu'un homme interroge Virginia Woolf sur la façon d'empêcher la guerre, l'autrice, qui aurait pu sourire, prend la plume pour répondre. Cette lettre se transforme rapidement en roman, car elle a des idées à revendre. Cette réponse devient, de façon peu surprenante, un manifeste féministe et pacifiste. Je ne m'évertuerai pas à reprendre ses mots, je ne ferais qu'appauvrir sa pensée, mais elle souligne, à force de développements, que la cause de la guerre est le patriarcat. Il n'est pas question qu'une femme devienne l'égale d'un homme, car elle perpétuerait les mêmes erreurs dans notre société. Ce qu'il faudrait, c'est abolir toute forme d'hiérarchie qui mène à différentes formes de domination. Nous trouvons ces hiérarchies dans les études et les titres qui en découlent, qui classent les hommes et créent des valeurs de pouvoir. Imaginez alors les femmes, qui, de par leur sexe, sont voués à être moins importants dans l'échelle sociale ! Les inégalités deviennent alors légion. Ce roman est brillant et, comme on peut amèrement le constater, ce roman publié en 1938 garde beaucoup de similitudes avec notre présent. Il y a encore du chemin à faire et, aujourd'hui plus que jamais, ce chemin à parcourir semble colossal.