Prochain arrêt : Le livre de Alex Schulman

Rarement un roman m’aura laissé un tel sentiment de frustration et même de malaise. Je pensais lire un de ces romans « choral » très en vogue où se dessinent peu à peu les destins de plusieurs personnages en l’occurrence les passagers d’un même train plongés dans leurs réflexions, leurs tourments intérieurs. Mais il ne s’agit pas de cela. Il ne s’agit pas d’un unique trajet en train emportant les mêmes passagers mais de trois à des périodes différentes. Le thème du voyage en train sert de fil rouge pour démêler l’écheveau d’un drame familial sur plusieurs générations. Le personnage central est sans conteste Harriet, abandonnée très jeune par sa mère qui lui préfère sa sœur et élevée par un père énigmatique nommé BO. Elle devient une jeune femme peu équilibrée avec de multiples failles qui remontent à une enfance trouble marquée par l’abandon brutal et définitif de la mère. Elle s’avère cependant une mère aimante pour sa petite fille Yana jusqu’au jour où elle disparait sans explication. Dans le troisième et dernier voyage en train, Yana adulte part à la recherche d’une explication sur les mystères qui entourent la vie et la mort de sa mère. Dès les premières lignes ce roman prenant est très intrigant. Un couple divorce et décide de se partager la garde des deux fillettes qui vivront loin l’une de l’autre. La mère (qui restera un personnage secondaire et un mystère tout au long du livre) abandonne délibérément une de ses filles Harriet. Le couple que forment Harriet et son père Bo est étrange, oppressant du fait de la personnalité du père plutôt hostile et renfermé, passionné de photos d’oiseaux. Très vite, l’intrigue prend un tour malsain. Aucun des personnages n’est sympathique ni équilibré. Tous sont opaques et inquiétants, capables d’agissements détestables voire pervers. L’intrigue se déroule lentement, les personnages se dévoilent peu à peu et le puzzle familial finit par prendre forme. Ce livre est une longue traversée vers la source du trauma familial. La tension s’intensifie dans les deniers chapitres mais in fine le lecteur n’a aucune réponse ou presque. L’origine du trauma reste une énigme insondable. Bien écrit, ce roman trouble et sans espoir m’a laissée un vrai malaise. C’était peut-être le but recherché par l’auteur qui excelle à décrire des situations angoissantes et des relations opaques entre les êtres.

Commençons par le positif, car il y en a ! La narration croisée est très bien menée, la découverte du lien entre les différents personnages se fait habilement et en douceur. Le choix du train comme lieu commun est original et intéressant. Au début, j'ai eu un peu de mal à rentrer dans l'histoire, puis quand j'ai compris que les personnages étaient de plus en plus barrés, j'ai commencé à m'impliquer davantage et à être tenue en haleine. En revanche, deux choses m'ont dérangée : la première, ce sont les flashbacks incessants. J'adore les flashbacks et j'en utilise dans ma propre écriture, en revanche, quand il y en a trop, ça demande trop de gymnastique intellectuelle au lecteur. Parfois, je ne comprenais pas ce qui se passait au moment du chapitre, et ce qui se passait avant. Et d'après les avis des autres personnes du club, je ne suis pas la seule. La deuxième, c'est le manque de réponses à la fin. Le roman nous tient habilement en haleine sur plusieurs choses qu'on a envie de connaître... Pour finalement, pour certaines réponses, retomber comme un soufflé car c'est décevant, et d'autres, tout simplement ne pas les fournir. C'était très frustrant ! Cependant, j'ai globalement trouvé le roman bien écrit et traduit (il s'agit d'un auteur suédois).

Livre lu par curiosité, je ne connaissais pas. Une histoire de famille, une famille suédoise décomposée contée par Alex Schulman et dont une bonne partie se déroule dans le train. Ce train mène de Stockholm à Malma, petite ville que je pense fictive (oubliez Malmoe, troisième ville de Suède). Harriet, son père, son mari Oskar, leur fille Yana, tous à bord, mais à des époques différentes. Ca prend un peu de temps pour le lecteur de se faire sa place dans ce train. Il faut bien identifier les personnages et les années. Ils ne sont pourtant guère nombreux. Sachez simplement que Harriet a vécu avec son père, sa mère partie de son côté avec Amelia leur seconde fille. Dont acte. Bien plus tard et toujours sur les rails nous retrouvons Harriet et Oskar, couple en crise qui, lui, va quitter les rails. Nous sommes dans l'ordinaire. Et c'en est plus efficace. Cette famille n'a rien qui la différencie de beaucoup d'autres mais Alex Schulman sait semer au long de ce voyage et avant le Prochain arrêt des informations, des scènes du passé, des querelles dont on imagine les rancœurs et les haines futures, cuites et recuites. Trois générations, des jalousies, des cris, des chuchotements, cela vous rappelle sûrement quelqu'un. La vie de famille vue par Schulman ne mérite guère d'indulgence. Elle est pourtant universelle, m'a-t-il semblé. Du grand-père Bo à la jeune Yana, en proie au mal-être et à la grossophobie, chacun trimballe son faix de secrets éventés, de non-dits trop présents, de questionnements sur l'avenir incertain. Tristesse et vague à l'âme tout le long de ces rails qui ne mènent à rien de bien exaltant. Un beau roman pourtant, exigeant, qui requiert une certaine disponibilité, qui finit par nous vriller l'âme et douter. Soeurs ennemies, mère disparue, violences psychologiques, tout cella est mezzo voce. Mais guère moins traumatisant pour cela.

Bien que j’ai eu beaucoup de mal à rentrer dans cette lecture, j’ai trouvé ce roman extrêmement intéressant de par sa construction vraiment athypique, bien menée et avec de nombreux flash-back. L’auteur nous plonge au cœur de secrets de famille et de quête du passé à travers trois personnages principaux, Harriett, Oskar et Yana lors d’un voyage en train. Le récit est touchant, intriguant et d’une grande sincérité ! #128651; Si vous aimez les romans psychologique, celui-ci est fait pour vous ! #128076;#127997;