Récitatif : Le livre de Toni Morrison

Une nouvelle courte qui raconte l’histoire de deux jeunes filles qui se rencontrent dans un foyer à l’âge de huit ans. Une amitié se forme très vite mais après quelques mois passé ensemble, elles se perdent de vue. Durant différents moments de vie, elles se recroiseront lors de situations diverses. Toni Morrison est considérée comme faisant partie des 10 auteurs les plus éminents de la littérature afro-américaine. En 1993, elle reçoit le prix Nobel de littérature pour "ses romans caractérisés par une force visionnaire et une portée poétique, qui donne vie à un aspect essentiel de la réalité américaine". On passe un bon moment de lecture, c’est si court qu’a la fin on voudrait que l’histoire se poursuive. Pendant cette lecture, je ne me suis pas tellement posé de question car tout me paraissait évident. Ce n’est que lorsque que j’ai lu la postface, que ma lecture a été remise en question. L’analyse qui porte sur la violence, la place des femmes, sur les sortilèges de la mémoire et les questions raciales, apportée par Zadie Smith fait beaucoup réfléchir. C’était très intéressant. Parce que oui, je pensais que Twyla était le personnage à la peau blanche et que Roberta était le personnage à la peau noire mais finalement peut-être pas

Coup de cœur pour cette mini-nouvelle de Toni Morrison, qui définit l’intention de son récit comme « l’expérience d’ôter tous les codes raciaux d’un récit concernant deux personnages de races différentes pour qui l’identité raciale est cruciale ». Dans cette nouvelle, nous faisons la connaissance de Twyla et Roberta, qui se rencontrent à l’âge de 8 ans dans un orphelinat aux Etats-Unis. La beauté de la plume de l’autrice réside dans le fait qu’elle rend impossible pour le lecteur de détecter quelle protagoniste est noire, et laquelle est blanche. Ce qu’elle tente de faire (et réussit avec brio), c’est de nous faire réfléchir sur nos propres à priori, nos propres perceptions des choses, sur ce que chaque lecteur va détecter comme « indice » pour différencier chaque fillette (puis femme, puisqu’elles vont se recroiser à différentes étapes de leurs vies). Ce qui rend le récit encore plus puissant, c’est la longue post-face de Zadie Smith, qui décortique tout le texte (comme si nous le lisions une deuxième fois) afin de nous prouver que c’est bien le lecteur qui est « le sujet de l’expérience ». Une expérience inédite et extrêmement intéressante socialement parlant !

Je viens de vivre une expérience géniale ! #x1f9d0 Lire un livre dont les 2 héroïnes n'ont pas la même couleur de peau, mais pour lesquelles "l'identité raciale est cruciale". Le savoir. Ne pas savoir qui est qui. Jusqu'au dernier mot. Jamais. #x1f92f Assez dingue comme on meurt d'envie de savoir qui est qui ! On ne peut pas lire ce livre sans essayer de trouver des indices pour éluder ce mystère. Mais alors ces indices ne deviennent-ils pas des préjugés et des stéréotypes ? Cette recherche n'est-elle pas un reflet de qui nous sommes, du formatage de la société dans laquelle on a grandi sur notre construction mentale ? A t'on vraiment besoin de savoir de quelles couleurs elles sont pour comprendre l'histoire ? Comprendre tout ses tenants et aboutissants ? Je ne sais pas. Je pense savoir laquelle est noire et laquelle est blanche. Jusqu'à la phrase qui bouscule tout. Et ainsi de suite. J'ai même fini par me demander si elles ne faisaient pas qu'Une finalement. J'ai bien envie de rester sur cette théorie d'ailleurs. Sans oublier qu'on y parle aussi de racisme, de ségrégation, de (non) droits des femmes, de classe sociale, de traumatismes, de violence. Je l'ai lu d'une traite. Il est court, c'est vrai. Mais cela faisait longtemps. En bref : du génie ! Du Toni Morrison quoi ! Sans oublier la postface de Zadie Smith qui est une petite pépite !

Dans cette nouvelle, Toni Morrison nous propose une réflexion brillante autour de l’identité. Lorsqu’elles se rencontrent, Twyla et Roberta ont à peine huit ans. Elles ont été recueillies et vivent dans un orphelinat. Si l’une est blanche et l’autre noire, elles partagent toutes les deux un même destin tragique. Durant leur séjour, elles vont se lier d’amitié et devenir inséparables. Lorsqu’elles quittent le foyer, elles vont prendre des chemins différents. Pourtant au fil des années, Twyla et Roberta vont se recroiser à plusieurs reprises. Elles constatent alors le chemin parcouru et se remémorent cette enfance partagée. Ces rencontres feront-elles surgir des souvenirs enfouis ? Avec un style brillant, Toni Morrison nous interroge sur nos préjugés et notre vision du monde. Avec espièglerie, elle piège son lecteur qui ne parviendra jamais véritablement à discerner l’identité de Twyla et Roberta et leur couleur de peau respective. Avec une postface passionnante de Zadie Smith qui permet d’éclairer ce texte, j’ai été conquise par cette nouvelle au style ciselé et corrosif.