L'oeil le plus bleu : Le livre de Toni Morrison
À Lorain, dans l'Ohio des années 40, deux fillettes noires, grandissent côte à côte. La première déteste les poupées blondes. L'autre idolâtre Shirley Temple et rêve d'avoir les yeux bleus. Mais face à la réalité féroce d'une Amérique Blanche, le rêve de beauté d'une petite fille est un leurre qui ne cède le pas qu'à la folie. Le saisissant premier roman de Toni Morrison.
" Tous les thèmes essentiels de son œuvre sont là, en germe dans ce roman où les femmes sont les gardiennes d'une identité malmenée dans une terre hostile où les marguerites ne poussent pas. "
Le Monde
Traduit de l'anglais (États-Unis)
parJean Guiloineau
De (auteur) : Toni Morrison
Traduit par : Jean Guiloineau
Expérience de lecture
Avis des libraires
Avis Babelio
katell
• Il y a 1 semaine
Le thème de mars des Classiques, c’est fantastique, était consacré à la lecture d’oeuvres de Toni Morrison, disparue en 2019, laissant un grand vide dans le paysage littéraire américain et mondial. Lorain, Ohio, dans les années 40, grandissent côte à côte deux fillettes. L’une, Claudia, déteste les poupées blondes tandis que l’autre, prénommée Pecola, est en admiration devant Shirley Temple au point de désirer lui ressembler, d’avoir ses yeux bleus pour qu’enfin on oublie sa laideur et qu’on la regarde. Or, dans une Amérique blanche dictant ses canons de beauté au monde entier, le rêve d’idéal d’une petite fille noire n’est qu’une illusion qui ne peut conduire qu’à la folie. « L’oeil le plus bleu », premier roman de Toni Morrison relate cette course illusoire d’une fillette, atteinte d’un complexe d’infériorité, en mal d’amour maternel, de tendresse et de reconnaissance. L’autrice aborde des sujets difficiles et poignants tels que le racisme, l’inceste ou la pédophilie, dans un langage tellement dur, dépourvu d’artifice stylistique, que « L’oeil le plus bleu » a été souvent exclu des bibliothèques scolaires et des médiathèques aux Etats-Unis. En créant Pecola, Toni Morrison décrit la manière dont le système complexe du racisme, avec ses diktats d’un standard de beauté blanc, englue notamment les petites filles noires, les empêchant d’être elles-mêmes et les noyant dans les profondeurs des références culturelles et sociales contradictoires. Ainsi Pecola est-elle persuadée que si elle était comme Shirley Temple, ses parents ne se battraient plus, s’aimeraient de nouveau, son père ne s’enivrerait plus et son petit frère n’aurait pas eu d’accident. Si …. si … le bleu était dans ses yeux, le monde serait meilleur et plus beau, une vraie Mélodie du bonheur. Pour Pecola, les yeux bleus sont le symbole de la beauté et du bonheur, ceux de la bourgeoisie blanche à laquelle elle aimerait ressembler. Les yeux bleus sont également celui de l’aveuglement de Pecola qui ne voit pas qu’un tel espoir ne peut que la conduire vers la destruction de son être. Le bleu inaccessible devient celui de la maladie mentale. Et Pecola a de nombreuses raisons de sombrer dans la folie : entre les violences familiales dont le point d’orgue sera le viol paternel qu’elle subira, son manque d’estime de soi, le manque de tendresse et d’amour et une grossesse non désirée, elle est perdue d’avance, enlisée dans la boue d’un espoir impossible. En effet, comment les femmes et les hommes de son entourage peuvent-ils l’aimer alors qu’ils ont été eux-mêmes blessés et soumis dans leur vie ? Tout est biaisé d’avance et mensonger. Cependant, autant Pecola est rongée par les normes absurdes et l’instabilité matérielle, autant son amie Claudia magnifie son appartenance à la communauté noire en mettant en avant l’identité et la culture noires. C’est la planche de salut que ne voit pas Pecola, aveuglée par les yeux bleus et la blondeur de Shirley Temple. « L’oeil le plus bleu » est aussi un roman qui dénonce, de manière détaillée, comment les normes de beautés blanches, acceptées et intériorisées par les fillettes et femmes noires tronquent leur vie. Le racisme est toujours présent, bloquant leur envol et annihilant leur liberté. C’est aussi un roman qui montre comment les femmes subissent l’horrible oppression sociale et raciale, la tyrannie et la violence des hommes. « L’oeil le plus bleu », premier roman de Toni Morrison porte en lui toute la maestria de l’autrice, il ouvre la voie à son œuvre. Il y a des scènes difficiles car sans fioriture, allant à l’essentiel, qui peuvent heurter mais la force du verbe, du style est telle que j’ai été embarquée dans la quête impossible de Pecola, dans la vie proche de l’enfer d’une communauté noire. J’ai suivi le chemin des personnages pour lesquels j’ai ressenti beaucoup d’empathie malgré la violence de certains d’entre eux. « L’oeil le plus bleu » est un roman qui m’a sortie de ma zone de confort tant les émotions qu’il provoque sont intenses. Merci Madame Morrison. Traduit de l’américain par Jean Guiloineau
Spineur
• Il y a 2 semaines
Excellent livre sur le respect individuel et sur ce que peut être le concept de beauté pour un enfant noir dans le sud des États Unis. C'est aussi un livre d'une écrivaine sur la femme, les jeunes filles et leurs conditions. L'écriture est d'une très grande qualité, et le narratif si dense qu'il en devient oppressant: ca sert très bien l'histoire et le thème du livre. Ce qui est plus déroutant sont les différents plans narratifs ou on retrouve différents événements à différentes époques. De nouveaux personnages y apparaissent et l'efficacité narrative en souffre quelques peu. On a un peu de mal a reconstruire l'histoire de Pekola et des deux sœurs dans leur globalité: même si c'est la psychologie des personnages qui domine le livre, les événements qui la façonne sont importants et on aimerait mieux voir leur impact sur chacun des personnages. Ça reste une vraie expérience de lecture et j'en ai personnellement tiré beaucoup.
Flocava1
• Il y a 1 mois
Depuis le temps que j’entends parler de ce livre, je l’ai enfin lu prêté par une amie. De Toni Morrison, j’ai jusqu’alors lu « Beloved » et « jazz » qui m’ont plu. J’ai été peut-être un peu déçue par celui-ci, j’aurais aimé m’attacher à une ou deux histoires mais pas à ces différentes histoires entremêlées. Toutefois, la langue et la traduction sont grandioses, la construction très intelligente et réussie mais je m’étais imaginé autre chose… Pour autant, je serai contente de lire de nouveau cette auteure et je sais que j’ai encore un de ses livres qui m’attend.
AgnesdeC
• Il y a 2 mois
À Lorrain, dans l’Ohio, trois petites filles noires grandissent. L’une d’elles, laide, rêve d’avoir les yeux bleus, quand sa petite voisine n’a que haine pour les poupées blondes. Dans ces années 40 où la ségrégation bat son plein, il arrive souvent que la violence des blancs ne soit pas punie, pas même regrettée ou remarquée. Mais c’est la violence intra familiale qui est la plus présente dans ce premier roman de la grande Toni Morrison, celle des garçons, des hommes, des pères. Avec son style unique, elle se met à la place de l’une des filles pour raconter la dureté, l’absence d’amour et d’empathie qui sévit alors. C’est comme si toute cette violence était normale. Un grand choc, cette relecture vingt ans après la première.
Avis des membres
Fiche technique du livre
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- Genres
- Romans , Roman Étranger
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- EAN
- 9782264047991
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- Collection ou Série
- Littérature étrangère
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- Format
- Poche
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- Nombre de pages
- 224
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- Dimensions
- 179 x 110 mm
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7,80 € Poche 224 pages