Après elle : Le livre de Ariane Bois

C'est un roman du chaos après le féminicide: chaos familial, chaos psychologique, chaos juridique... Et ce cri d'enfant en première de couverture qui raisonne pendant 280 pages, c'est dur et émouvant, viscéral. La langue du récit est légère, pas de mots pompeux mais des mots clairs pour dire l'inimaginable, la complexité des situations, le deuil, la tristesse. On sent l'expérience en psychologie de l'auteur qui distille quelques clés. C'est vrai c'est le même sujet que dans "Ceci est un fait divers" de Besson, mais je ne ferai pas de comparaison, chacun a ses qualités.

Laurie et Clothilde sont sœurs, ou plutôt étaient sœurs puisque Bruno, le mari de Clothilde vient de l'assassiner dans le salon familial sous les yeux de Manon leur cadette de 8 ans ; Roxane l'aînée venait de partir à son entrainement de natation. Clothilde décède à l'hôpital des coups de marteaux reçus au crâne et au thorax et des brulures provoquées par l'essence enflammée dont il l'a aspergée. Personne ne comprend ce qui s'est passé dans cet appartement, Manon seule témoin est traumatisée, mutique elle ne se souvient de rien. Le choc est terrible ! Le couple semblait pourtant sans problème, ils cochaient toutes les cases : entente parfaite, bel appartement, bons métiers, situation confortable. Même si, finalement, lors du dernier repas familial, Bruno agacé s'était montré assez désagréable, ce qui n'avait pas manqué d'étonner Nicole sa belle-mère qui voyait en lui le gendre idéal. C'est vrai que Bruno était très amoureux de sa femme et un excellent papa pour les filles. Personne n'a donc rien vu ! Clothilde n'a rien dit. Au lendemain des funérailles, Laurie emmène Manon et Roxane chez elle en Normandie, loin de leur vie Marseillaise. Elle va devoir accueillir ses nièces dans sa vie de liberté : pas de boulot stable, pas d'enfants, pas de mari, mais un compagnon avec qui elle file le parfait amour mais qui a du mal à trouver sa place. L'autrice réussit à plonger le lecteur au cœur de cette famille, on n'est pas seulement spectateur, on est impliqué, balayé par beaucoup d'émotions. On accompagne les personnages dans leurs difficultés et on partage leur amour.  Un roman terrible sur le féminicide. L'intérêt vient de ce qu'il se concentre sur les enfants après le drame, dont la vie familiale a explosé, qui perdent leur mère mais aussi leur père en prison, qui perdent leurs repères, qui se retrouvent avec leur douleur, parfois comme ici dans un endroit qu'ils ne connaissent pas, entourés d'inconnus, au cœur d'un fait divers sordide et doivent en plus se reconstruire comme enfant d'un "monstre". Dans le roman les filles vont réagir complètement différemment. Un drame que beaucoup d'enfants et de femmes vivent chaque jour, l'autrice nous rappelle quelques statistiques insupportables à la fin du roman et nous explique comment est né son roman. A lire !

280 pages d'émotions. Que dire de plus. Une famille. Un drame. Des violences conjugales. le père frappe la mère à mort sous les yeux de la cadette. L'histoire commence ainsi. Que se passe-t-il ensuite pour ceux qui restent. Que se passe- t- il dans les têtes de ces enfants. de la famille. Une mère, une fille, morte. Un père, un fils, en prison. Comment continuer à vivre ? Comment poursuivre son chemin ? C'est ce que nous raconte Ariane Blois dans ce roman. Un roman émouvant et tellement juste. Pas un mot de trop. Une fluidité parfaite. À lire absolument.

J’ai lu Après elle et j’ai beaucoup aimé. L’écriture d’Ariane Bois est fluide, sensible et juste, ce qui rend la lecture à la fois émouvante et percutante. Le sujet, en effet, est malheureusement trop connu dans notre société. Chaque année, on entend les chiffres des féminicides. Lorsqu’il y a le premier de l’année, on en parle au journal, puis, au fil du temps, ces drames deviennent presque des statistiques, comme si l’on finissait par s’y habituer. Mais finalement, que se passe-t-il après ? Que deviennent les enfants, ces victimes collatérales dont on parle si peu ? Comment se reconstruisent-ils après la perte de leur mère, tout en sachant que celui qui en est responsable n’est autre que leur père ? Comment une famille qui semblait parfaite aux yeux du monde peut-elle en arriver à une telle tragédie ? Je trouve que dans ce livre, Ariane Bois explore ces questions avec une grande justesse. Elle met en lumière la douleur, le déchirement, mais aussi l’espoir et la résilience de ces enfants laissés derrière. Le personnage de Roxane m’a particulièrement marqué : son désespoir, sa colère, son sentiment d’abandon et son besoin de comprendre l’incompréhensible sont bouleversants. À travers elle, on ressent toute la révolte d’une adolescente qui voit son univers s’effondrer et qui cherche une explication, un moyen de survivre à l’indicible. Mais celle qui m’a le plus bouleversé, c’est Manon. Manon, cette petite fille de 8 ans qui a vécu un drame inqualifiable. Elle a vu sa maman mourir sous ses yeux, et pourtant, elle est encore partagée. Son papa est toujours son papa. Comment peut-elle haïr celui qu’elle aimait tant Manon est enfermée dans ce paradoxe insoutenable : aimer et pleurer à la fois. Elle devient mutique, incapable de mettre des mots sur ce qu’elle a vécu. Son silence est une armure, une tentative désespérée de ne pas sombrer. Et puis, il y a cette douleur qu’elle retourne contre elle-même, comme si elle cherchait à exprimer physiquement un chagrin qu’elle ne sait pas verbaliser. De même, Laurie, la tante qui les recueille, incarne le combat silencieux de ceux qui restent et qui tentent, tant bien que mal, de recoller les morceaux. Elle apporte une touche de douceur et d’humanité, mais aussi un regard réaliste sur les difficultés de prendre en charge des enfants meurtris. Ce roman ne se contente pas de raconter un drame, il donne une voix à ceux qui restent et qui doivent avancer malgré tout. C’est une lecture bouleversante et nécessaire, qui pousse à la réflexion et rappelle que derrière chaque chiffre annoncé aux infos, il y a des vies brisées, des familles anéanties, des enfants qui doivent grandir avec l’impensable. Vous l'avez compris, je vous conseille ce livre, mais je vous préviens : il vous marquera. Il bouleverse, il questionne, il reste en tête bien après la dernière page. On ne peut pas sortir indemne d'une telle lecture, tant elle résonne avec la réalité. Après elle n’est pas juste un roman, c’est une prise de conscience.