La chair est triste hélas : Le livre de Ovidie
" J'ai repensé à ces innombrables rapports auxquels je m'étais forcée par politesse, pour ne pas froisser les ego fragiles. À toutes les fois où mon plaisir était optionnel, où je n'avais pas joui. À tous ces coïts où j'avais eu mal avant, pendant, après. Aux préparatifs douloureux à coups d'épilateur, aux pénétrations à rallonge, aux positions inconfortables, aux cystites du lendemain. À tous ces sacrifices pour rester cotée à l'argus sur le grand marché de la baisabilité. À toute cette mascarade destinée à attirer le chaland ou à maintenir le désir après des années de vie commune. Cette servitude volontaire à laquelle se soumettent les femmes hétérosexuelles, pour si peu de plaisir en retour, sans doute par peur d'être abandonnées, une fois fripées comme ces vieilles filles qu'on regarde avec pitié. Un jour, j'ai arrêté le sexe avec les hommes. "
Autrice et documentariste spécialiste de l'intime et du rapport au corps, Ovidie retrace ici la trajectoire qui l'a conduite à quatre années de grève du sexe.
Dirigée par Vanessa Springora, la collection " Fauteuse de trouble " articule intimité et émancipation, érotisme et féminisme, corps et révolte, sexuel et textuel.
De (auteur) : Ovidie
Expérience de lecture
Avis des libraires
Avis Babelio
MarinaCanac
• Il y a 2 semaines
Ovidie dissèque avec une acuité implacable la condition féminine en exposant les paradoxes et contradictions qui pèsent sur le corps des femmes. Entre pression à la performance sexuelle, injonctions contradictoires et hypocrisie du discours sur la libération féminine, l’autrice livre un essai à la fois cinglant et terriblement lucide. Son écriture est à la fois tranchante et sans concession. Elle frappe par sa capacité à mettre en lumière des réalités minimisées, voire niées (parfois même par les femmes elles même). J'y ai vu non pas un réquisitoire contre les hommes mais une dénonciation d’un système patriarcal hyper violent. Un texte aussi incisif que libérateur, où l'écriture tranchante d’Ovidie frappe par sa justesse et son absence de concessions (et c'est ce qui fait tout son sel !).
mayim
• Il y a 4 semaines
Depuis plusieurs années, Ovidie n’a plus de relations sexuelles avec des hommes. Après trop de violences et trop d’humiliations pour trop peu de satisfactions, pourquoi continuer de telles relations ? Ovidie écrit dès les premières pages que ce livre n’est pas un essai mais un cri du cœur, un ras-le-bol, un stop clair et net. Cela se sent, c’est un écrit coup de poing. Et pourtant, comme un essai, il bouillonne aussi d’idées et vient bouleverser l’ordre établi. Tout l’intérêt vient de ce qu’elle arrive, à partir de son expérience personnelle, à nous faire réfléchir avec elle à la nature des relations hétérosexuelles. Son œil est avisé et intransigeant. Pourquoi tant de violence ? Pourquoi le sexe est une monnaie d’échange ? Pourquoi les femmes se soumettent-elles volontairement aux exigences des hommes ? Pourquoi conformer nos corps, nos pensées, nos ambitions, nos manières d’être et donc nos vies à leurs attentes qui, au final, ne servent qu’à nous laisser dans une position inférieure, depuis laquelle, nous devrions en plus, les remercier ? Sa pensée est radicale mais il n’est pas nécessaire d’être entièrement d’accord avec elle pour en apprécier toute la pertinence. C’est un texte qui remue, qui pousse à réfléchir et qui amène à porter un nouveau regard sur nos relations. Je l’ai trouvé très percutant et aussi un peu triste, comme s’il était peu probable que la situation s’améliore.
Moonlight07
• Il y a 2 mois
Dans ce court texte d'une centaine de pages, Ovidie nous partage librement ses réflexions sur le patriarcat, la sexualité, la place des femmes dans la société et dans la sphère privée, le consentement, le travail du sexe... J'ai apprécié la forme épurée et le ton direct employé. Ce n'est pas un essai et cela rend sa lecture accessible pour peu qu'on ne se braque pas devant le propos radical de l'auteure. Je pense que cela peut être une bonne porte d'entrée vers des textes plus approfondis sur le féminisme, les théories de genre, et de manière générale, sur la gauche radicale, pour un public peu formé sur ces questions. Et c'est très bien d'avoir des textes de vulgarisation agréables et percutants à lire. D'un œil plus avisé et politisé, cet écrit ne présente pas un intérêt majeur puisqu'Ovidie vulgarise des concepts déjà diffusé et connu dans les cercles militants. L'originalité est que c'est ici sous la forme d'un témoignage, sincère, passionné et avec beaucoup d'humour au demeurant, que plusieurs notions majeures sont amenées et présentées.
VicMolly
• Il y a 3 mois
[masquer]Pour définir ce livre, on pourrait être tenté d'utiliser le terme "critique", mais ce serait passer à côté de tout ce qu'il représente. Dans ces quelques centaines de pages, Ovidie ne fait pas une critique, mais bien une constatation forte et honnête qui nous questionne sur notre rapport à l'autre mais surtout notre rapport à nous même dans nos relations. Une constatation peu joyeuse de la société et de ses codes, qui continuent de pourrir la vie de celles et ceux qui n'y adhèrent pas, que ce soit par choix ou non. Cette société, qui aime crier haut et fort, depuis trop peu d'années, qu'elle soutient l'égalité entre les sexes, mais dont les anciens diktats, maintenant imprégnés dans la chair de toustes, ressurgissent, hélas, dès qu'ils en ont l'occasion. Le pouvoir, sentiment agréable pour beaucoup, se mêle à cette volonté de domination — douce ou brutale, selon les individus — que ce soit dans l'intimité ou pleinement assumée au grand jour. Ainsi, Ovidie constate. Elle constate cette volonté de domination, qui conduit trop souvent à l'humiliation d'un des partenaires, qui n'a peut-être pas osé dire "non" par peur, nous poussant parfois à faire des choix que nous ne voulons pas réellement, sachant que, sinon, cela pourrait être pire. Puis, en réalité, le refus n'est pas toujours compris. Même aujourd'hui, il est souvent mis de côté et réinterprété en "oui", plus agréable à entendre pour l'autre, celui en qui on a confiance et qui en profite pour nous manipuler. Elle constate le ras-le-bol général, des femmes en particulier, qui ont trop accepté, parfois dans la douleur, sans jamais recevoir un minimum de considération en retour. Elle constate les dérives d'une sexualité qu'on aime croire libérée, mais qui, en réalité, ne l'est pas. Elle constate que l'amour n'est pas garant de sécurité et que le "couple" et sa définition semblent souvent plus proches d'un troc purement corporel que sentimental. Elle constate qu'elle ne veut plus vivre de la sorte, avec ces injonctions qui la mettent dans la même catégorie qu'un bel objet en vitrine. Elle précise, puisqu'elle parle principalement de relations hétérosexuelles, que ce ne sont pas tous les hommes, et que ce ne sont pas seulement les hommes. Que rien n'est tout blanc ou tout noir. Mais elle fait ses constatations à partir de ses expériences. Elle constate que le sexe ne lui manque pas. Ovidie constate que c'est compliqué de ne pas suivre les codes d'une société qui prétend avoir évolué, mais qui, en réalité, continue d'être exactement comme elle l'a toujours été.[/masquer]
Avis des membres
Fiche technique du livre
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- Genres
- Romans , Roman Français
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- EAN
- 9782260055211
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- Collection ou Série
- Fauteuse de trouble
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- Format
- Grand format
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- Nombre de pages
- 160
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- Dimensions
- 207 x 142 mm
Nous sommes ravis de vous accueillir dans notre univers où les mots s'animent et où les histoires prennent vie. Que vous soyez à la recherche d'un roman poignant, d'une intrigue palpitante ou d'un voyage littéraire inoubliable, vous trouverez ici une vaste sélection de livres qui combleront toutes vos envies de lecture.
18,00 € Grand format 160 pages