Ainsi font font font : Le livre de M. J. Arlidge

"Ainsi font font font" est un véritable page turner addictif, comme savent si bien les écrire de nombreux auteurs de polars. Mais c'est aussi un livre profondément révoltant. Il s'agissait de mon premier M.J. Arlidge. Pourtant, ce roman est déjà le 12e opus de sa série consacrée à Helen Grace. Mais rassurez-vous : nul besoin d'avoir lu les tomes précédents pour apprécier celui-ci. Tout commence par une fusillade. Une certaine Holmes vient d'être nommée à la tête du poste de Southampton, et elle doit obtenir des résultats. Par conséquent, Grace et son équipe reçoivent l'ordre de consacrer toutes leurs ressources à cette affaire. Alors lorsqu'une femme se présente pour signaler la disparition de sa fille de 15 ans, Naomi, elle est congédiée par l'agent qui la reçoit. De notre point de vue de lecteur, on sait déjà que Naomi est en danger : on a assisté à son enlèvement dans les chapitres précédents. Grace, présente lors de cet échange, est scandalisée : comment peut-on humainement ignorer la détresse de cette mère morte d'inquiétude ? Elle décide alors d'ignorer les ordres de sa supérieure et de consacrer toute son énergie à la recherche de Naomi. Nous avons donc affaire à une enquête policière tout à fait classique. Mais la force de ce polar repose sur deux points essentiels. Tout d'abord, sa construction en fait un véritable page turner : les chapitres sont très courts, l'auteur nous fait suivre plusieurs points de vue (Grace, Naomi, les différents suspects, etc.), et le style d'écriture insuffle au récit une tension constante. Tous les ingrédients sont réunis pour en faire un livre addictif, où on se dit constamment : "allez, encore un chapitre". Beaucoup de lecteurs déplorent justement la multiplication de ce genre de polars dans les librairies ces dernières années, et je l'entends parfaitement. Mais parfois, une lecture un peu "facile" fait beaucoup de bien. Cessons d'être des vieux snobs, pitié. Je regrette toutefois que l'identité du coupable soit évidente trop rapidement. Cela dit, la lecture reste agréable après cette découverte, malgré quelques longueurs très ponctuelles. Ensuite, ce polar ne se contente pas de divertir. M.J. Arlidge utilise clairement la fiction pour pointer du doigt les nombreux dysfonctionnements du système de police : la misogynie omniprésente (à l'égard des citoyennes comme des agentes), des supérieurs plus soucieux de leur image que du bien public, la corruption, les abus de pouvoir, la culture du silence, et j'en passe. La façon dont la mère de Naomi est reçue en est un premier exemple, mais d'autres éléments du récit viendront renforcer cette dénonciation. Et c'est aussi cela, le polar : mettre en lumière les failles du système. C'est révoltant, mais nécessaire. Cela dit, j'aurais aimé que l'auteur pousse un peu plus son propos, par exemple en développant davantage les personnes victimes du système (personnes racisées, pauvres, etc.). Les critiques sociales sont bien présentes, mais restent un peu trop discrètes. Autrement, j'ai également apprécié le fait que la violence soit fortement suggérée, sans jamais être décrite de manière graphique. Cela préserve une certaine pudeur, comme une forme de respect implicite pour Naomi. Ce polar vaut clairement le coup. J'ai maintenant très envie de découvrir les tomes précédents !

Quand Naomi, une ado en fugue, disparaît pour de bon, alors que la ville de Southampton est secouée par une guerre de gangs, seule sa mère s'en inquiète. Sa mère, et Helen Grace, dont l'instinct lui souffle qu'il y a matière à enquêter, ce qu'elle va faire avec brio en dépit d'une nouvelle commissaire carriériste et de collègues misogynes. Je ne suis pas une habituée de cette série et j'ai suivi avec intérêt ce personnage de femme forte et déterminée, qui se bat pour ses convictions intimes aussi bien que policières. L'intrigue, sans être follement originale, est efficace et, si l'on démasque assez vite le coupable, on a plaisir à voir comment l'étau se resserre petit à petit. Un bon polar donc !

[ Tome 12 ] Après avoir été déçue par la lecture des deux précédents, voilà que je retrouve un nouveau souffle dans la saga Helen Grace et qu’est ce que ça fait du bien ! Dans un contexte urbain compliqué et gangrené par une guerre des gangs, le commissariat de Southampton est au bord de l’implosion. C’est une maman désœuvrée qui va se présenter au poste de police, sa fille a disparue. Une disparition que le commandant Grace va prendre au sérieux immédiatement. Une enquête palpitante aux allures de courses contre la montre. Et si le loup était dans la bergerie ? Encore une fois notre héroïne va outrepasser les ordres pour arriver à ses fins ! Quel bonheur de retrouver les chapitres courts et le style de l’auteur dans cette intrigue qui ne souffre d’aucune longueur. Tout s’enchaîne rapidement et on plonge dans un récit fascinant. Immédiatement happée, c’était un régal !

Nouvel opus de la série avec Helen Grace que l'on retrouve avec plaisir et qui peut se lire indépendamment des précédents. La vie au commissariat de Southampton n'est pas un long fleuve tranquille. Entre les égos surdimensionnés, l'arrogance et la misogynie de certains collègues, ajouté à la mésentente grandissante entre Grace et sa supérieure, le torchon brûle au sein de la police. D'autant plus que les rues de la ville s'embrasent, les fusillades se multiplient. Mais au delà de ça, c'est la disparition d'une jeune fille de 15 ans, Naomi, qui inquiète Helen Grace. De surcroît, il semblerait qu'elle ne soit pas un cas isolé. Dans ce polar, il est question de ripoux dans la police et autres sphères de la société, de corruption, d'intimidation, de réseau pédophile et sa cohorte d'abjection. Une course contre la montre semée d'embûches démarre pour tenter de sauver Naomi. L'enquête se déroule sur 6 jours. 6 jours que l'on ne voit pas passer. Les chapitres courts maintiennent un rythme soutenu. Les actions s'enchaînent, tenant le lecteur en haleine. La construction sur une temporalité est classique et efficace. On connait assez vite le criminel, mais l'intérêt réside dans la conduite des opérations pour amener à le faire tomber, le pousser à la faute, trouver des preuves de sa culpabilité... Un bon polar, divertissant, agréable à lire.