Du bout des doigts : Le livre de Sarah Waters
Londres, 1862. À la veille de ses dix-huit ans, Sue Trinder, l'orpheline de Lant Street, le quartier des voleurs, se voit proposer par un élégant, surnommé Gentleman, d'escroquer une riche héritière. Orpheline elle aussi, cette dernière est élevée dans un lugubre manoir par son oncle, collectionneur de livres d'un genre tout particulier. Dans cette atmosphère saturée de mystère et de passions souterraines, Sue devra déjouer les complots les plus délicieusement cruels, afin de devenir, avec le concours de la belle demoiselle de Briar, une légende parmi les cercles interlopes de la bibliophilie érotique.
Héritière moderne de Dickens, mais aussi de Sapho et des Libertins, Sarah Waters nous offre une vision clandestine de l'Angleterre victorienne, un envers du décor où les héroïnes, de mariages secrets en amours interdites, ne se conduisent jamais comme on l'attendrait. Un roman décadent et virtuose.
De (auteur) : Sarah Waters
Traduit par : Erika Abrams
Expérience de lecture
Avis des libraires
Avis Babelio
eugenange
• Il y a 3 semaines
« Smithfinger » est le titre original de ce roman très original, et enthousiasmant, qui a été pour moi une révélation. Car la qualité d’écriture est elle aussi incomparable !. « Smith » c’est le nom donné aux travailleurs manuels, tels les forgerons ou les serruriers. Un roman à clés, sans doute, mais que je définirai plutôt comme plein de combinaisons savantes. « Du bout des doigts » titre Français, fait sans doute référence à cet art des pickpockets que l’on rencontre au début du roman, et qui leur permet de voler les bourgeois sans que ceux ci ne se rendent compte de rien. Il aurait pu s’appeler aussi « Par le bout du nez ! » en référence à cette qualité que possède Sarah Waters pour vous tenir en haleine et vous manipuler dans cet écheveau étourdissant. Mais les personnages de ce roman ne sont pas en reste. Ce n’est qu’une suite de chausses trappes et de rebondissements, totalement imprévisibles. Attendez vous à être remué, et autant désorienté. Ce sera d’ailleurs le sort des deux héroïnes principales, tour à tour spéculaires et poussées dans l’ombre. Le motif principal est connu des lecteurs des romans Victoriens, tenant aux arcanes du droit Anglais au dix neuvième siècle : Une femme est une incapable majeur, et doit se soumettre ou ruser pour faire valoir ses droits. Le mariage n’est que la continuité de la sujétion. Père, mari, tuteur. L’Angleterre sera le terreau de ces suffragettes luttant pour la reconnaissance des leurs droits les plus fondamentaux. Les opportunistes tissent leur toile d’araignée autour des deux jeunes femmes, qui a priori n’ont rien à voir l’une avec l’autre, mais vont se rencontrer. L’une comme l’autre sont autant victimes. Mais l’on ne sait pendant longtemps qui manipule qui, et dans quel but? Les secrets de famille flirtent avec ceux des affaires, dont le caractère trouble est constant. Nous passons des quartiers misérables de l’east end de Londres dont Gustave Doré restitua la misère affreuse du petit peuple entassé dans des taudis, à celui d’un monde bourgeois où des servantes supplée au moindre effort, ne serait ce que vous habiller le matin. On retrouve ici les trames que développèrent tous les grands écrivains et écrivaines de l’ère Victorienne, s’appuyant sur le scandale d’un apartheid des genres.. Wilkie Collins excella dans la dénonciation du droit anglais de cette époque, inique à l’égard des femmes . Dans « la dame en blanc », on retrouve bien des points communs avec ce roman de Sarah Waters. Collins innove d’ailleurs, et était certainement beaucoup plus audacieux que d’autres, en montrant des femmes combatives, parvenant à imposer leur cause à force d’intelligence et de courage. « La dame en blanc » est à juste raison évoqué comme un des ces meilleurs romans. Dans « Middlemarch » George Eliot évoque elle aussi un portrait de femme exemplaire, mais devant épouser un barbon pour parvenir à ses fins. Mais que des femmes comme George Eliot ou les sœurs Bronté, durent prendre des noms d’homme pour se faire publier est déjà significatif. L’homme a tout le pouvoir. La femme n’a que sa réputation. La moindre tache, ou inconscience des actes risque de la déconsidérer. Qu’importe, les occasions font les larrons. D’où la profusion de margoulins et de séducteurs frayant dans le beau monde, avides de séduire une jeune fille, et récupérer une dote, puis de se débarrasser de l’épouse, en l’enfermant dans une maison de soin, un euphémisme. Mais ces romans ne s’intéressent assez peu au petit peuple. La dénonciation de l’injustice est campée dans les notions d’héritage de la caste supérieure, et cette déchéance du genre féminin. Sarah Waters présente autant la classe misérable que celle des nantis, dont son scénario entreprend d’ourdir ensemble les deux cotés opposés de cette société de classe, sensés ne jamais se rencontrer que dans les services domestiques, où l’une doit tenir sa langue, alors que l’autre peut se permettre l’arbitraire. Son scénario très habile vous fait tirer des bords d’un parlé aristocratique à celui des quartiers misérables. Il était hors de question de traiter de la sexualité, évidemment à l’époque Victorienne. Sauf peut être par métaphore, comme dans le chef d’œuvre de Wilkie Collins « Pierre de lune » qui évoque l’inconscient, bien avant Freud, et déjà évoque l’emprise et la possession, sur les femmes, avec le laudanum, ce dérivé opiacé qui fut longtemps en vente libre. Notre époque permet à Sarah Waters de s’affranchir de ces règles et de montrer les carcans qui entravaient aussi les femmes, et prolongeaient une idée de la sexualité synonyme de possession, d’abus, de violence et d’humiliation, sur un fond de perversion. La libération des héroïnes de ce roman sera longue, et elles devront mener un combat à tous les niveaux. Un roman, qui, quand on l’a lu, en appelle forcément d’autres, tant il est abouti.
Zourskine
• Il y a 5 mois
J'ai vu le film coréen Mademoiselle avant de me lancer dans cette lecture, lecture recommandée par ma libraire. Je n'ai pas été déçue, j'ai dévoré le roman en tournant les pages de plus en plus vite ! Il existe différentes intrigues et péripéties. Avoir vu le film ne m'a aucun cas gâché la lecture !! Le style d'écriture peut déstabiliser au début mais une fois passée au delà, ce n'est que régal !
NiLyF
• Il y a 8 mois
[VO] Un beau roman, long, et qui m'a parfois un peu perdue, voir même ennuyée... Cependant j'en garde un très bon souvenir car malgré ces quelques petits couacs il reste très agréable, et intéressant autant dans son écriture que dans son intrigue, et même dans la façon dont l'histoire prend place autour de deux points de vue. Ce détail a apporté, pour moi, beaucoup d'intérêt à l'œuvre, permettant de jouer sur deux tableaux et ainsi de révéler au lecteur ce que les personnages eux-mêmes ignorent. Un très bon moment donc, même si ma première phrase ne le laissait pas entendre ;)
Cannobia
• Il y a 1 an
Je suis totalement séduite par ce livre, je l'ai dévoré ! Les 750 pages qui m'ont semblé trop avant de commencer ma lecture auraient pu être plus nombreuses sans me lasser. Du début à la fin, c'est un tourbillon de rebondissements. J'ai fait un merveilleux voyage. J'y ai trouvé plusieurs mots et expressions que je ne connaissais pas, par exemple, 'Des yeux bordés de jambon', 'Fourline', 'Surette'. Jusqu'à la fin, je ne savais pas comment l'histoire allait s'achever. Nous avons tous des goûts différents mais je le recommande vivement.
Avis des membres
Fiche technique du livre
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- Genres
- Romans , Roman Étranger
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- EAN
- 9782264041074
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- Collection ou Série
- Littérature étrangère
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- Format
- Poche
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- Nombre de pages
- 752
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- Dimensions
- 179 x 112 mm
Nous sommes ravis de vous accueillir dans notre univers où les mots s'animent et où les histoires prennent vie. Que vous soyez à la recherche d'un roman poignant, d'une intrigue palpitante ou d'un voyage littéraire inoubliable, vous trouverez ici une vaste sélection de livres qui combleront toutes vos envies de lecture.
11,90 € Poche 752 pages