La nuit du 5-7 : Le livre de Jean-Pierre Montal

La nuit du 5-7. Jean-Pierre MONTAL Ça commence par un flirt entre Michel et Catherine dans une commune de l’Isère à Saint Laurent du pont. Ce qui les rapproche c’est certainement leurs situations familiales proches : un père tyrannique (celui de Michel est un maçon italien qui rabroue son fils en permanence et lui rappelle quel nul il fait, celui de Catherine à la main leste et le coude bien levé), une mère effacée et une envie de vivre leur jeunesse comme ils l’entendent. Michel fuit donc un jour Catherine ( il a sans doute eu peur de cette idylle naissante) et ses parents pour aller travailler à Paris. Là il va rencontrer tout un groupe de jeunes bourgeois glandeurs et s’initier à la guitare pour faire partie de ce groupe naissant : les Storm. A l’occasion d’un concert des Storm organisé dans la région de Saint Laurent du pont, Michel contacte Catherine qui décide de faire le mur pour aller danser dans la nouvelle boute de nuit où aura lieu le concert : le 5-7. C’était la nuit du 31 octobre au 1 er novembre 1970. Un feu s’y déclara causant la mort de 146 jeunes… Huit jours plus tard mourait le général Charles de Gaulles reléguant aux second plan les victimes du 5-7. Les complotistes commencèrent à émerger avec une thèse selon laquelle l’incendie du 5-7 n’était peut-être pas si accidentel… Un livre très intéressant et instructif sur cette tragédie dont je n’avais pas connaissance. Je sais quel impact et quels souvenirs ce type d’événement peut laisser chez tout un chacun. Le mélange de faits divers, politique, justice et fiction est très bien maîtrisé avec une écriture franche et délicate à la fois. J’ai eu à coeur de savoir ce qu’étaient devenus Michel et Catherine. C’est un drame effroyable et à tout jamais impardonnable si vraiment il est criminel.

Dans les années 60, le chemin de Michel Mancielli est tout tracé. Il sera maçon comme son père. L'autorité et les décisions paternelles ne se discutent pas. Michel obtempère et part à Paris en laissant derrière lui celles et ceux de Saint-Laurent-du-Pont. Mû par la passion de la musique, Michel va vite délaisser la truelle et être invité à rejoindre un groupe de musiciens. L'occasion de revenir en Isère lui sera donnée pour y jouer avec son groupe. Le drame qui se jouera dans le dancing (le 5 7) opérera un tournant dans sa vie d'homme. #127928;#127897;#65039;#127928;#127897;#65039;#127928;#127897;#65039;#127928;#127897;#65039;#127928;#127897;#65039;#127928;#127897;#65039;#127928; Allons droit au but ! Aucun bémol ni fausse note. J'ai énormément aimé cette histoire, l'entrelacement des différentes parties (et époques), les mots, les phrases de l'auteur et la référence au drame du 5-7 (que je connaissais) . Au terme des 29 premières pages, j'avais eu le plaisir d'y trouver du passé simple (soupir de satisfaction), d'esquisser des sourires et d'être traversée par l'émotion. Les 223 pages qui suivirent furent lues avec le même plaisir. Ce qui est très net dans ce roman est toute l'humanité qui ancrée dans ces hommes, ces femmes, et qui émane d'eux. Le groupe constitué par Michel, Philippe, Évelyne... passionné de musique, de politique (pour certains) vit sa passion et sa cause pour des idéaux grâce à une fraternité qui les lie et une insouciance (des lendemains) propre à leur jeunesse. La fraternité et l'humanité ne sont pas exemptes de maladresses, paroles blessantes ; toutefois à aucun moment Jean-Pierre Montal n'en fait des êtres rancuniers ou vengeurs. J'ai aimé tout l'espérance qui parcourt les 40 ans de la vie de ces hommes et ces femmes dont nous suivons la trajectoire personnelle. L'auteur donne toujours avoir la lumière au gré des revirements qui jalonnent son roman. A LIRE !

Ce soir-là, Michel Mancielli aurait dû être sur scène avec les Storm dans cette boite de nuit près de Grenoble. Ce soir-là aurait dû être le retour triomphal de l’enfant du pays monté trouver la gloire dans la capitale. Ce soir-là Michel aurait dû retrouver Catherine Valère, un flirt de lycée qui ne l’a pas oublié. Mais Michel Mancielli s’est fait virer du groupe une semaine plus tôt. Il n’a pas joué sur la scène du 5-7 la nuit du premier novembre 1970. Cette nuit-là, le dancing est ravagé par les flammes, les Storm périront dans l’incendie qui fera 146 victimes. Michel le survivant pense à Catherine. Récit d’apprentissage mais aussi de désillusion, histoire d’amour et d’amitié et roman historique. Ces héros, ou plutôt ces non-héros auront-ils réussi ou bien raté leur vie ? Finalement ne sommes-nous pas tous les survivants de nos idéologies de jeunesse ? La France provinciale et pompidolienne, Paris et le Golf Drouot, un petit tour par la Gauche Prolétarienne, un salut à Jean-Pierre, le Chopin du Twist, à Serge July et même à Gérard Lanvin, encore vendeur de fringues à Saint-Ouen. Le temps de l’amour et de l’amitié. Un prologue et un épilogue dans la bonne ville de Saint-Etienne qui je l’avoue n’est pas pour déplaire au chroniqueur de Baz‘art.. « La nuit du 5-7 » n’est pas qu’une simple machine à remonter le temps, c’est aussi et surtout un roman générationnel émouvant et sensible. Un bien chouette roman sur le temps de l’amour, le temps des copains et de l’aventure. On aime son écriture simple, son sens du suspens et du romanesque dans le quotidien banal.. Un récit .tendre comme un film de Claude Miller ou comme la chanson “ Henri Porte des Lilas” , qui est un peu un concentré du roman de l'oublié Philippe Timsit!