Autoportrait de l'auteur en coureur de fond : Le livre de Haruki Murakami

Du fond (mais pas sur le type de course) à la forme (mais pas sur la santé du corps). Choisir d'écrire sur la course de fond et lier cet acte à celui de l'écriture, c'est le pari plutôt réussi de Haruki Murakami. Comme je ne le connais pas et n'ai rien lu de lui, je ne pourrai pas dire si ce texte est à l'image de ses autres écrits mais ce qui est certain c'est qu'il est à l'image de l'homme. "Écrire franchement sur le fait de courir c'est [...] écrire franchement sur moi-même en tant qu'homme". Et en effet, il y a une honnêteté dans le propos. On découvre aussi, au fil des pages, qu'il a une rigueur dans la méthodologie que ce soit pour l'écriture ou la course. Selon lui, les trois qualités nécessaires pour être romancier : le talent, la concentration et la persévérance. Mais ce sont aussi celles du coureur. Pour lui, mettre en forme un roman est fondamentalement un travail physique qui nécessite "à l'intérieur de soi, une dynamique laborieuse et exténuante". Mais c'est aussi vrai pour le coureur de fond. Quand il est question de corps, d'écoute et de regard. En courant, H. Murakami observe le ciel, la nature, son environnement, les visages croisés. Il parle à son corps, l'écoute, est attentif à ses sensations et ses émotions : cette observation presque chirurgicale, l'auteur nous la livre de manière méthodique. Du hasard d'une déambulation. Moi, j'ai arrêté la compétition il y a 25 ans. J'ai d'ailleurs tout arrêté. Mais en course à pied, il faut finir la boucle pour dire qu'on a terminé. Et parfois la vie vous fait de gros appels du pied - à tel point qu'on ne peut les éviter - pour vous rappeler que la boucle n'est pas terminée. Genre, la vie, elle enfile ses baskets, vous court après et vous dit "allez c'est maintenant, je t'embarque". Et pour ça, elle choisit un très bon ambassadeur. Mon regard s'est posé sur la couverture du livre de Murakami. J'ai lu. Mon corps s'est souvenu. J'ai chaussé mes baskets et j'ai repris.

En tant que coureuse de fond depuis une éternité, j'ai forcément reconnu les qualités requises pour réussir un challenge fou que ce soit un ultra ou l'écriture d'un roman. Récit aux antipodes de 1Q84 que j'avais beaucoup aimé. Apprécié cet autoportrait même si beaucoup moins disruptif.

Faire un retour de lecture d’une œuvre de Haruki Murakami n’est pas aussi simple, cela a beau être mon auteur préféré, je ressors de mes lectures toujours un peu désarçonné. car le sentiment qui nous abrite une fois la lecture terminée peut nous sembler difficile à expliquer. Comment aborder cette œuvre ? Il faut juste se laisser porter par ses réflexions qu’il nous offre, ouvrant une petite fenêtre sur sa vie et ses pensées personnelles. De quoi s’agit-il ? Car le titre est bien étrange …Il s’agit de pensées d’écrivain, donnant des détails ici et la de sa manière d’écrire et son attachement à la course. Les deux thèmes sont étroitement liés dans sa conception de son travail de romancier. D’ailleurs en lisant cette ouvrage, j’ai eu cette impression qu’il s’agissait, à l’époque, d’une introduction à une œuvre qui paraitra bien des années plus tard "Profession romancier" . Alors on peut se demander dans quel but a été écrit ce livre ? Pour ses fans ? Pour les personnes aimant l’écriture et le sport ?....Chacun devra se faire son opinion. Trois mots sont à retenir pour décrire sa manière d’appréhender l’écriture d’un roman et la course : Patience, ténacité, persévérance J’ai bien apprécié cette petite parenthèse offert dans ce livre !