Comme si nous étions des fantômes : Le livre de Philip Gray

Enfin un roman qui sort des sentiers battus… Il est un fin mélange de genres où nous sommes invités à découvrir une intrigue amoureuse, un contexte historique et une enquête. Amy Vanneck décide de se rendre en France pour retrouver la trace de son fiancé porté disparu durant la grande guerre. L’auteur déroule son récit sur plusieurs périodes proches et notamment l’année qui a suivi la fin de la guerre, période durant laquelle des hommes doivent rassembler les dépouilles des combattants disparus afin de les identifier. Le décor est planté dans la Somme, lieu de batailles farouches et l’ambiance est lourde, issue de paysages dévastés et de fermes éventrées. La plume de l’auteur distille un climat de suspicion, de peur, de sensation de pesanteur, et manipule le lecteur tout au long de son récit. J’ai adoré cette lecture pour son originalité. Magnifique découverte !!

Monsieur Gray nous fournit avec ce roman une belle histoire d'amour sur fond tragique et ambiance prenante, glauque. J'ai suivi sans problème et avec plaisir la quête, la recherche de notre héroïne. Amy Vaneck recherche son homme qui est porté disparu depuis la fin de la guerre. Avec Amy, nous découvrons les horreurs de la guerre : massacre, enlisement dans la boue, cadavres abandonnés et en décomposition...une plongée dans l'horreur porté par une écriture tellement percutante, tellement vrai que notre imagination représente parfaitement ce que nous décrit l'auteur. Une atmosphère glaçante et horrible qui nous prend au tripes. La fin du roman est bien maîtrisé.

Mars 1919, Amy, jeune femme anglaise se rend dans la Somme afin de faire la lumière sur le sort de son bien-aimé, porté disparu dans les tranchées en août 1918. Subissant les railleries, le scepticisme voire l’hostilité des militaires auxquels elle essaie de soutirer des informations, elle persévérera envers et contre tout. L’ombre de la grande boucherie de 14-18 ne cesse de planer sur ces tranchées désormais désertées où seuls s'affairent encore quelques hommes missionnés pour rechercher et identifier les cadavres ensevelis. L’auteur aborde un sujet très peu évoqué à propos de la grande guerre, celui de la drogue consommée par les soldats. Cocaïne (" la pilule de marche forcée " ) et opium permettaient à certains de supporter l’horreur de leur quotidien. Il revient aussi sur la thématique, bien connue celle-là, de la transformation des individus au contact d’événements exceptionnels. Ou comment certaines personnes, bienveillantes et pacifistes dans le civil, ont pu se comporter en assassins patentés, révélant un pan de leur nature profonde enfouie inconsciemment. Mais la grosse plus value de ce roman, c’est le personnage du colonel Rhodes, qui va hanter tout le récit jusqu'au dénouement. Figure charismatique, iconoclaste, fantôme, chimère, il est vénéré par ses hommes. On pense immédiatement au colonel Kurtz d’"au cœur des ténèbres" ou d’"apocalypse now". Il infuse une ambiance malsaine, horrifique, particulièrement réussie. Malheureusement, tout cela est un peu desservi par quelques longueurs et une écriture franchement mollassonne manquant de souffle, voire quelques approximations narratives ( la traduction ? ) . Dommage…

Déroutant mais prenant! Voici les premiers mots qui me viennent. Déroutant parce que nous faisons sans cesse des sauts dans le temps : 1919, 1918, 1916, …. L’ambiance est d’ailleurs mise dès le début. On met un moment avant de le raccrocher à l’histoire. Prenant, parce que même si cela traîne parfois en longueur, si ces sauts dans le temps semblent ne mener à rien, on s’accroche quand même. Enfin, passé la moitié du livre, l’histoire s’accélère, les choses se mettent en place et là, on ne lâche plus le livre jusqu’au point final.