Germinal : Le livre de Émile Zola

Une chose qui m'a marqué dans cette lecture de Germinal, et encore plus après avoir lu les 12 premiers Rougon-Macquart, c'est que Zola adore représenter la pauvreté et la mettre en opposition avec la bourgeoisie qui se gave (les gros VS les maigres dans Le Ventre de Paris), mais pour une fois qu'il représente le prolétariat en lutte pour changer leur condition, et bien je trouve ça hyper méprisant et infantilisant. Les mineurs sont représentés comme des sauvages, ignorants, bon qu'à suivre un leader. Les patrons quant à eux, se gavent, mais restent gentils et compréhensifs avec les mineurs. Puis y en a un qui peut pas baiser sa femme :,( pauvre chou. C'est une souffrance bien pire que de ne pas avoir assez d'argent pour nourrir toute sa famille (je pensais que Zola présentait ça de manière ironique mais d'après la note de bas de page.... bah non il y croit à sa connerie : "Il m'a semblé nécessaire de mettre au-dessus de l'éternelle injustice des classes l'éternelle douleur des passions.") Autre chose qui a achevé de m'énerver : l'opposition entre Rasseneur et les autres personnages "politiques" du livre. Tandis que ces derniers sont représentés comme opportunistes, assoiffés de pouvoir ou encore trop cons pour comprendre leurs propres idées, Rasseneur est la voix de la sagesse. Il sait que la grève ça ne sert à rien et que la seule solution c'est d'attendre des réformes des gentils bourgeois au gouvernement #x1f603. Au final, même si je m'en doutais déjà un peu, Germinal m'a fait me rendre compte que Zola adore s'apitoyer sur le sort des pauvres, mais dès qu'il s'agit de bouleverser l'ordre social, ceux-ci deviennent des barbares impatients qui ne savent pas ce qui est bon pour eux. Zola fait dans la charité en décrivant avec précision leurs quotidiens, mais s'ils commencent à lutter un peu trop fort, c'est la catastrophe. Et c'est bête parce que j'ai vraiment adoré tout le reste du livre.

Il est presque indécent d'écrire une critique sur Germinal, le plus célèbre roman de Zola. Tous les superlatifs sont encore insuffisants pour décrire cette œuvre magistrale retraçant la révolte des "gueules noires". La figure d'Étienne Lantier en meneur de ces hommes abrutis d'un travail éprouvant, mal payés, affamés tandis que leurs patrons se goinfrent sans scrupule. C'est l'éveil de la conscience politique d'une classe malmenée. Le livre est violent tout comme a su le montrer le film tiré de cette sombre histoire, avec Renaud parfait dans le rôle d'Étienne Lantier. C'est un drame où se succèdent les accidents, la vengeance des femmes sur l'épicier, la révolte, les morts. Au bout du compte, Étienne repart, sans rien comme il était venu avec encore moins d'espoir qu'à son arrivée. Germinal est toujours d'actualité et malheureusement risque de l'être toujours...

De prime abord, le thème de ce roman ne m’enthousiasmait guère, l’univers des mines de charbons, la Lutte ouvrière…. Au final, j’ai adoré ce roman. Je crois que la première descente au fond de la mine du héros m’a fait frissonner de peur. Je me suis vraiment rendu compte des conditions dans lesquelles ces gens travaillaient. Zola a effectué un gros travail de recherches pour écrire ce roman et cela se sent; la vie au sein des corons, l misère environnante. Une œuvre majeure de Zola

Bon, c'est parfait. Tout simplement. L'alliance magnifique du réalisme le plus cru et de l'imagination la plus épique, un roman qui va chercher dans deux directions opposées et parvient à les rassembler en un faisceau merveilleux de significations. Tout est à son sommet : l'écriture comme l'intrigue, les portraits comme les dialogues. Le réseau de personnages est une prouesse qui permet de brosser par petites touches une humanité et évite à l'auteur tout simplisme. On pourrait résumer par "du grand art", mais l'expression est par trop galvaudée pour bien montrer le tour de force qu'est Germinal. Bien sûr, on ne peut s'empêcher de penser aux gueules noires d'aujourd'hui. Celles qui descendent dans des mines tout aussi dangereuses, des enfants souvent, pour récolter un peu de métaux rares qui permettent à des bourgeois dans mon genre de chroniquer ce roman à l'aide de mon smartphone. Le monde n'a pas tant changé, même si la misère s'est déplacée. La différence entre l'époque de Zola et la nôtre, consiste surtout qu'alors demeurait une espérance en un monde meilleur. Le capitalisme n'avait pas encore montré, à maintes et maintes reprises, qu'il triomphe de tout, sort renforcé de toutes les épreuves, qu'il récupère à son compte toujours ce qui est censé le saper. Ce roman a, pendant des générations, fait naître des espoirs. Les mineurs d'Anzin ne sont-ils pas venus chanter à l'enterrement de Zola ? Le récit était terrible, mais il laissait filtrer une lumière jusque dans les profondeurs de la misère (et de la terre). Aujourd'hui, le récit est tout aussi terrible, mais ne demeure en bouche qu'un goût de cendre.