Le chagrin : Le livre de Lionel Duroy

Le chagrin, c'est maman. Maman et ses caprices, ses jérémiades, ses mises en scène de drama Queen. Pis papa aussi, quand il cède, quand il sue, qu'il se crève pour les beaux yeux de la mère. Il l'aime. Elle en abuse. On pliera les enfants aussi, à la volonté maternelle. Sans scrupules. Elle s'en fout, tant qu'elle obtient gain de cause, maman. Pignon sur rue. L'enfance a des relents d'huissiers, d'exclusions, de précarité. Où on sera demain, c'est même pas la question. On est ému par Toto qui se bat contre vents et huissiers pour conserver le cœur et le corps de sa femme. On lui en veut un peu quand même d'entrainer ses enfants dans ses coups perdus d'avance et ses chutes libres. Toto par trop baratineur. Onze enfants, parce que Dieu, parce que la France. Faut tenir. La vitesse sauvera William, ce petit garçon qui raconte. La vitesse et puis l'amour. Sous toutes ses formes. Même ce qui blesse, ce qui exclut, ce qui tue, il l'écrira par amour. Fresque narrative de l'Occupation à nos jours, l'histoire d'un gamin qui cherche à s'épanouir, à se connaître, dans une famille "vampiriste". Je ne savais pas dans quoi je me lançais. Mais le petit pavé de 734 pages se lit presque d'un trait, tant le talent de narrateur de Lionel Duroy bouleverse et convainc. Le chagrin, c'est le moment de refermer le bouquin.