Nicholas Nickleby - Tome 1 : Le livre de Charles Dickens

“Les Nickleby pauvres étaient unis et heureux pendant que Nickleby le riche était seul et misérable”. Cette citation illustre de façon concise mais non moins véridique la morale de l'opus fort romanesque et parfois cruel qu'est le présent roman. le héros éponyme se retrouve chargé de famille après la mort de son père, terrassé par la perte de ses économies dans des investissements hasardeux. La famille en question se compose d'une soeur “aimable et belle, un vrai modèle de mérite et de vertu”et d'une mère, figure ridicule du petit théâtre dickensien, mariage de la vanité risible et de la naïveté la plus réjouissante, adepte du coq à l'âne, parlant à tort et à travers. L'histoire n'aurait point valu d'être contée si l'oncle Nickelby, homme d'affaires âpre au gain, usurier sans scrupule, avait été doté, si ce n'est d'une once de pitié, de la plus élémentaire des piétés filiales. Bien pire, ce coeur sec voue une haine difficilement concevable envers son neveu, et se débarrasse de lui en l'adressant à une relation d'affaires dans le Yorkshire, une autre âme damnée dans son genre, tenant pension, asile prétendu des laissés pour compte, enfants naturels ou contrefaits. le vieux grigou n'a de cesse, en réalité, de tondre le duvet sur le dos des pupilles, captant les sommes allouées à leur entretien pour nourrir sa nichée, laissant mourir de faim et de mauvais traitements les pauvrets. Nicolas, pas “fier au sens vulgaire”, mais impétueux, ne s'attarde guère dans ce pandémonium et va goûter de tous les métiers pour subvenir aux besoins des siens, laissés aux hasards de la grande métropole. Troisième roman en date de Dickens, Nicholas Nickleby n'est peut-être pas du même tonneau que ces deux devanciers que sont les irrésistibles Papiers posthumes du Pickwick Club et le célébrissime Oliver Twist. Pour autant, l'honorable lecteur de l'oeuvre du maître, y trouvera matière à hiberner en son logis et se réjouir de l'ironie acerbe qui parcourt ses pages.