Surfacing : Le livre de Clea Koff

2003. Un corps est retrouvé enterré sur le campus de l'UCLA. L’agence indépendante 32/1, spécialisée dans l’identification des cadavres, est appelée sur place pour apporter son expertise. Ce drame donnera lieu à une enquête prenante, où chaque indice rapproche un peu plus les enquêteurs du coupable. Ce qui fait la particularité de cette investigation, c’est la collaboration entre des équipes aux approches radicalement différentes. Jayne et Stellie, fondatrices de l’agence 32/1, forment un duo atypique : l’une est anthropologue, l’autre ancienne avocate. À leurs côtés, le FBI et le LAPD (Los Angeles Police Department), deux institutions souvent en désaccord, sont contraintes de conjuguer leurs efforts. Le croisement de ces entités créera un véritable melting pot, où tensions et complicités rythment le récit. En toile de fond, Clea Koff aborde des thématiques profondes, telles que les dérives identitaires et le métissage, qui enrichissent l’enquête d’une dimension réflexive. Avec ses airs de série télé américaine, Surfacing combine suspense, précision technique et réflexions sociétales. Les bémols de cette lecture selon moi : un démarrage un peu lent - j’ai mis une centaine de pages à situer les personnages et le contexte, et le dénouement est trop superflu à mon goût.

Un polar du genre classique avec une écriture sobre, des personnages rapidement croqués, une ambiance « série tv » qui nous est familière et qui ne va pas bouleverser le royaume des frayeurs. Mais c’est surtout le parcours de l’auteure qui fait tout l’intérêt de ce roman, Clea Koff parvient à rendre compte avec brio de son travail d’anthropologue, une sorte de médiation entre les familles des victimes et les services de police et de médecine légale. L'intrigue s'articule autour d'un tueur dont l'idéologie extrémiste devient le catalyseur d'une réflexion plus large sur les problèmes sociétaux contemporains. Au-delà d'une simple enquête criminelle, le récit explore les ramifications des théories du complot et du suprématisme racial dans notre société. La quête meurtrière du criminel, motivée par une conception déformée de la "pureté raciale", sert de prisme pour examiner les courants idéologiques radicaux qui gangrènent certains segments de la population. C’est ce dévouement, empreint de compassion et d’humanité envers les proches en deuil, qui est remarquable et qui rend ce roman policier si intéressant. Intéressant et plaisant.

Un cadavre est déterré dans une zone de travaux de l'université californienne d'UCLA. Ce n'est pas un vestige archéologique mais les restes d'un étudiant disparu quatre ans plus tôt. L'enquête est menée collégialement par la police de Los Angeles, le FBI ainsi que deux anthropologues légistes qui ont fondé une agence spécialisée dans l'identification des personnes disparues. En elle-même, la trame est classique, maitrisée, dans une ambiance très série télévisée américaine avec son rythme soutenu et des rebondissements à surprises comme on l'attend dans un thriller. J'ai trouvé parfois la narration trop explicative et factuelle, notamment dans la première moitié, l'autrice s'appliquant à décrire tout dans le moindre détail en balançant tout un tas d'acronymes et de nom de lieux. De même, je n'ai pas accroché à sa façon de s'appesantir assez maladroitement sur les histoires amoureuses des protagonistes ; il me semble qu'il y a d'autres façons de faire vivre des personnages - intéressants ici au demeurant et bien caractérisés psychologiquement - afin de leur donner corps. Ces anecdotes sur leur vie m'ont semblé quelque peu convenues ou anodines. Alors que dès que le récit se recentre sur l'enquête, il capte immédiatement l'attention. Car Clea Koff a construit son roman sur la science forensique, ce qui est très original. L'autrice est anthropologue judiciaire. Elle a été envoyée par le TPI au Rwanda, en Bosnie et Croatie sur des charniers et sépultures clandestines afin d'exhumer les restes humains, fragment par fragment, jusqu'à retrouver l'identité des défunts et reconstituer les circonstances de leur mort. Les passages qui m'ont le plus intéressés sont ceux qui relatent le travail des deux anthropologues légistes, dont une est clairement un double de l'autrice. C'était passionnant de voir comment elles parviennent à établir le « profil » de l'étudiant disparu à partir de presque rien à nos yeux mais qui pour elles sont des preuves scientifiques inestimables ( une ligne de fusion du radius, une marque sur un os qui pourrait être une trace d'une cicatrice profonde ) en convoquant la génétique, la balistique, la chimie tant les sciences forensiques regroupent une quantité de domaines technico-scientifiques. De façon pertinente, Clea Koff est parvenue à relier cette recherche scientifique minutieuse à la question de l'identité, le coeur du sujet, mettant en lumière toute la complexité des tensions raciales et des enjeux du métissage aux Etats-Unis. Et elle l'a fait avec beaucoup d'humanité.

Ce récit se déroule il y a un peu plus de vingt ans, en Californie. Tout démarre à UCLA où un cadavre vient d’être découvert lors de travaux de terrassement. Jayne et Steelie, deux spécialistes dans l’identification des cadavres, sont engagées par la Police du Campus. Ce qui devait être un vieux cadavre semble finalement être plutôt un jeune homme mort il y a peu de temps. Rapidement, l'enquête intéresse Eric et Scott, un duo d’agents du FBI habitué à travailler avec les deux femmes, ainsi que le LAPD. Alors que les recherches vont progressivement faire écho avec plusieurs disparitions, tout laisse à penser que le tueur agit selon l’idéologie du suprémacisme blanc. Lors de son enquête, Jayne se met gravement en danger… et un second corps est découvert. Ce roman est assez court, avec un rythme particulièrement soutenu pendant les 9 heures d’écoute. L’autrice y mélange à la fois l’intrigue policière et la vie personnelle de Steelie et Jayne, cette dernière ayant une relation avec l’un des deux agents du FBI. Les personnages du roman ont une place particulièrement importante dans l’évolution du récit. Le fait de ne pas avoir lu le premier tome de cette série “The Hall Lander” ne m’a cependant pas gêné. Ce tome peut tout à fait être lu en premier. En revanche, j'ai eu du mal à suivre cette version audio à cause du choix de l’autrice qui appelle ses personnages tant par leur prénom que par leur nom de famille. Je ne trouve pas ça évident à suivre avec la version audio. Cela n’est toutefois pas allé jusqu’à entamer mon intérêt pour l'histoire. En revanche, j’ai trouvé que le tueur était identifié un peu trop rapidement à mon goût. De ce fait, la résolution de l’intrigue est beaucoup trop soudaine, cassant un peu trop vite le suspense. Heureusement, les personnages sont attachants et la voix de Pascale Chemin est vraiment agréable à écouter.