Paris-Briançon : Le livre de Philippe Besson

Je découvre l’auteur avec ce récit qui a beaucoup plu à ma fille et qu’elle me prête, enthousiaste. J’avoue avoir été tout d’abord très surprise par la finesse de l’opus qui se lit facilement d’une traite. Ensuite, c’est le style qui m’a laissée perplexe. Le narrateur est omniscient et décrit tout d’abord chaque protagoniste en lui consacrant un chapitre. C’est assez succinct comme présentation, sans fioriture, type journalistique ou déposition de police. Bon, pourquoi pas. Puis l’auteur met en scène les interactions entre ses personnages au cours de cette nuit de voyage en train couchettes : le représentant bedonnant avec la jeune mère divorcée suite à des violences conjugales, les jeunes fumeurs de joints avec le couple de retraités dont le mari se meurt d’un cancer, le docteur ténébreux avec un jeune sportif homosexuel qui s’ignore. Philippe Besson prend la voix de Cassandre et telle la prophétesse antique, ne cesse de nous prévenir de l’arrivée prochaine de la Grande Faucheuse. Tous ne survivront pas à cette nuit en train. D’où le drame va-t-il pouvoir venir ? De quelle manière la grande faux mortifère fauchera ses victimes ? C’est à ce moment-là que j’ai tiqué. Jusque-là et malgré quelques descriptions insignifiantes et pas forcément d’à-propos, j’étais magnanime ! Mais bon, ce rappel lourdingue sur l’imminence du drame à venir m’a agacée. J’ai eu l’impression de lire un récit d’imagination de mes élèves de 4eme. C’est « too much » pour moi. Certes, le traitement de la catastrophe par les médias nous dénonce ce goût délétère de notre société d’aujourd’hui pour le sensationnel et les images sordides sans aucune empathie pour les familles au cœur de cette tragédie. La solidarité dans le drame entre les passagers panse un peu notre cœur dégoûté par l’effet papillon au cœur de l’accident tragique. Toutefois, ces quelques passages en accord avec mes attentes n’ont pu tout à fait chasser mon impression de voyeurisme malsain. J’ai trouvé au final que Philippe Besson surfait lui aussi sur l’attrait pour les faits divers tragiques en décrivant par le menu ce qu’un journaliste ne s’autorise qu’en partie. Pour ma part, j’ai pensé que le romancier était faussement dans la compassion et je me suis sentie un peu mal-à-l’aise en refermant ce roman dont la lecture ne m’a pas apporté grand-chose. En grattant un peu sa bibliographie, je trouve son roman sur un féminicide horrible dont sont témoins les enfants de la victime puis celui sur le suicide d’un adolescent harcelé. Il ne me faudrait pas grand-chose pour en conclure que l’auteur a un peu tendance à surfer sur des sujets dramatiques qui font les gros titres de l’actualité et en faire son beurre romanesque. C’est glauque, non ? Il n’y a que moi que ça chafouine ?

Philippe Besson nous invite à bord d'un train de nuit entre Paris et Briançon pour un huit clos entre des passagers que rien ne relie. Les personnages : Catherine et jean louis les retraités, Serge le VRP, Julia et ses deux enfants, Alexis le médecin, Victor le hockeyeur, Manon, Leïla, Hugo, Dylan et Enzo cinq amis étudiants. Dans cette ambiance nocturne, des dialogues improbables s’établissent, des liens se tissent des secrets sont échangés. Les personnages avec leur fragilité sont attachants. Ils tentent d’échapper à leur solitude, leur routine ou leurs mensonges. Ils l’ignorent encore, mais à l’aube, certains auront trouvé la mort. On est au bout de quelques pages transporté dans ce train de nuit et on a qu’une hâte connaitre le dénouement Dans ce roman à suspense ce que j’ai le plus aimé c’est la sincérité de ces échanges entre ces personnages que rien ne semble relier. Une lecture très agréable, les pages se tournent rapidement.

Première et très belle rencontre avec Philippe Besson, un voyage en train couchette assez bref, moins de 200 pages, mais très marquant. Je m'étais mépris dès les premières pages sur ce que l'auteur nous préparait et sur la personnalité du fameux Giovanni. Imaginant un thriller, je me suis laissé surprendre par le déroulé de l'histoire. L'auteur commence par nous présenter ses différents personnages assez intimement, de beaux portraits de personnes lambda empêtrées dans leurs existences, leurs difficultés, leurs routines. On apprend à faire connaissance avec eux, à s'y attacher par une foule de petits détails évoqués lors de conversations avec leurs voisins de wagon. Cela représente l'essentiel du livre jusqu'à l'évènement des derniers chapitres qui va résonner d'autant plus qu'on connaît désormais les protagonistes. La plupart des personnages seront changés par ce qui leur est arrivé et envisagerons désormais la vie autrement. Philippe Besson m'a eu, il évoque les destins, les faits et saisit son lecteur qui ne peut lâcher sa lecture avant la dernière page. L'auteur a du talent, je suis désormais curieux de découvrir le reste de son œuvre.

Un huis clos entre Paris-Briançon à bord d'un train de nuit. Un roman chorale avec lequel nous faisons la connaissance d’une douzaine de personnes avec chacun une raison de faire se trajet. Tous ignorent que le train n’atteindra jamais Briançon. L'auteur dresse le portrait de ses personnages attachants, des êtres comme tout le monde, des âmes profondes, humaines avec différents sentiments. Philippe Besson emploi une large palette d'émotions. Un texte percutant, poignant, bouleversant, on n'en ressort pas indemne.