La Curée : Le livre de Émile Zola

Second volume des Rougon-Macquart, La curée nous offre un tableau de Paris sous le second Empire. La débauche, l'inceste, l'affairisme et les escroqueries qui accompagnèrent les rénovations de Paris par le Baron Haussman. Zola possède un sens de la description exceptionnel, cependant c'est un peu au dépend de l'intrigue qui me semble moins intéressante que dans le premier tome.

Ce second tome de la saga familiale des Rougon-Macquart s’intéresse aux enfants de Pierre Rougon qui sont montés à Paris faire fortune, et en particulier à Aristide Rougon (qui changera son nom de famille en Saccard pour ne point gêner la carrière politique de son frère Eugène). Zola nous livre une critique acerbe des mœurs et de la cupidité de la bourgeoisie parisienne. Dès le premier chapitre nous avons la nausée à la description de l’hôtel particulier de Saccard, exposant sa richesse de parvenu aux passants, dégoulinant d’un luxe indécent et volontairement tapageur. Les personnages rencontrés sont franchement antipathiques, aucun ne mérite la compassion à l’exception d’Angèle, la première femme d’Aristide. Ce dernier a fait sa fortune dans la spéculation immobilière, en achetant à bas prix des immeubles, revendus à profit à la ville de Paris en pleine Hausmannisation de son réseau urbain. Imbu de lui-même, il cherche à s’enrichir par tous les moyens. Sa femme Renée Béraud du Châtel lui sert de vitrine pour exposer sa réussite. Il lui plait qu’elle porte des tenues très décolletées, exposant son corps dans les soirées mondaines et la parant de bijoux hors de prix. Sa « poupée » s’ennuie à mourir : « je suis tellement lasse de vivre ma vie de femme riche, adorée, saluée ». Et c’est ainsi que par désœuvrement, elle se laisse emporter dans un tourbillon de débauche et de folie douce. En fin de compte, c’est une vraie gourde qui se fait manipuler depuis sa sortie de pensions chez les bonnes sœurs. Le fils de Saccard, Maxime, incarne à merveille la jeunesse dorée et désabusée. Et comme le dit le proverbe, l’oisiveté est la mère de tous les vices. Quant au personnage pittoresque de la sœur Sidonie, s’il n’est pas attachant, il reste au moins intéressant. Entremetteuse à ses heures, au courant de tous les ragots, elle mène également de nombreux commerces : « Il n’y avait qu’une chose qu’elle ne vendait pas, c’était elle. » Enfin une femme qui tient les rênes de sa vie ! Au final, c’est avec écœurement que j’ai terminé ce bien nommé roman, pas de fin critique, comme souvent quand il s’agit d’argent c’est les rapaces qui s’en sortent le mieux.

Nous retrouvons, ici, Aristide, fils de Pierre Rougon, qui après le coup d'état de Louis-Napoléon Bonaparte, monte s'établir à la capitale. Zola décrit, dans ce roman, les grands travaux qui vont métamorphoser Paris, sous Napoléon III, mais également la vie de débauche des notables. La curée étant le pillage des richesses par les vainqueurs, nous assistons à un bel exemple avec ce Rougon-là, qui spécule à tout va pour s'enrichir personnellement.

Deuxième tome de la série des Rougon Macquart. Après Plassans, cette petite ville fictive du sud de la France où la cupide descendance Macquart a fait ses armes, c'est à Paris que deux des fils de la famille vont les affûter. On va suivre plus particulièrement Aristide, le puiné qui se fait désormais appelé Sacquart et que seul son accent trahi dans les cercles huppés du Paris du Second Empire de Napoléon III. On découvre un homme qui a hérité de la "tare" de la famille, poussant l'appât du gain et la fourberie à outrance. Puis on s'attarde sur Rénée, une mondaine qu'il épouse en seconde noce, et Maxime, son fils au profil très particulier aussi. Une fois de plus j'ai beaucoup apprécié la plume de Zola, la pertinence de ses portraits psychologiques et la façon dont il use de sa plume pour apporter un semblant de justice à la fin de son récit (de façon magistrale et implacable) tout en nous donnant envie de découvrir l'évolution de cette descendance. En revanche je me suis bien moins attachée aux personnages que j'ai même trouvé agaçant - les personnages mondains en général m'intéressent très peu en littérature, ceux-ci n'ont pas fait exception. Peut-être aussi que les vices décrits de manière si réalistes m'ont mis mal à l'aise. Et cet excès d'amour pour l'argent au détriment des personnes m'a pris à la gorge ; car c'est à ce point que le roman est bien écrit et crédible! Alors même qu'au départ je n'ai pas d'affinité avec ce sujet, les descriptions de ces riches parisiens décadents et vautrés dans le vice (une belle réinterprétation du Veau d'Or) interpellent par leur actualité et certaines similitudes qu'elles présentent avec certaines élites de notre époque. Un point très troublant de plus de ce roman qui restera de cette expérience de lecture.