La Société royale : Le livre de Robert Lloyd

Mais quelle magnifique découverte que cet auteur britannique venu sur le tard à l'écriture et qui a peiné à se faire publier ! Et pourtant son roman est absolument parfait parce qu'il mêle une intrigue policière bien construite à un contexte historique troublé et qu'il restitue sans aucun pédantisme les découvertes scientifiques de la fin du 17ème siècle en mettant en scène Robert Hooke dont le journal retrace le parcours expérimental remarquable. En Angleterre, Charles II a été rétabli sur le trône, succédant à son père décapité (les fervents lecteurs de Dumas se repèreront sans difficultés et reconnaîtront le futur roi , bien aidé par d'Artagnan à reconquérir sa patrie perdue au début du "Vicomte de Bragelonne") . Néanmoins, la paix sociale est loin d'être acquise et les oppositions entre catholiques et protestants sont plus vives que jamais, sans parler des nostalgiques de l'époque Cromwell et des mécontents de tous bords qui se souviennent avec amertume des horreurs de la guerre accompagnées de son lot de trahisons. C'est dans ce contexte que le cadavre d'un jeune enfant vidé de son sang est découvert sur les bords de la Tamise. L'expertise de Robert Hooke membre influent de la prestigieuse Société Royale est sollicitée et le scientifique se fait assister de son ancien apprenti Harry Hunt , un jeune homme bien déterminé qui n'hésitera pas à se mettre en danger pour mener les investigations permettant de confondre les coupables de ces crimes atroces. Car les cadavres d'autres enfants sont découverts... On plonge avec bonheur dans le Londres sordide et crasseux de la fin du 17ème siècle et les descriptions des lieux sont précises et détaillées. On a parfois l'impression de voir un vrai tableau en clair obscur et de se trouver au coeur du récit. Les scènes d'action sont cinématographiques et l'intérêt du lecteur est constamment sollicité. Les personnages tant principaux que secondaires sont parfaitement étudiés et on sent l'empathie que l'auteur éprouve pour eux avec bien sûr une préférence pour Harry (un petit binoclard pas très costaud qui se fait tabasser, se blesse, mais ne lâche jamais prise ...Attention ne cédons pas à la facilité en évoquant le petit sorcier !!!) J'ai beaucoup apprécié la mise en avant des découvertes scientifiques de l'époque que l'auteur intègre habilement dans le récit et je suis admirative de la somme de travail de recherche qui résulte de l'abondante et érudite bibliographie de fin de volume. Cet auteur mérite vraiment d'être suivi ( le second volume vient de sortir et se déroule à Paris en pleine affaire des Poisons ) et je tire une fois de plus mon chapeau aux Editions Sonatine qui excellent à publier le meilleur de la littérature d'Outre Manche et dénichent des pépites littéraires pour le plus grand bonheur de leurs lecteurs fidèles.