Le Sang des innocents : Le livre de S. A. Cosby

Première écoute pour le Prix Audiolib et ce n’est pas un hasard si j’ai commencé par Le Sang des innocents, de S.A. Cosby. Je savais qu’il allait me plaire, j’avais déjà envie de le lire depuis sa parution en grand format. Zéro retournement de situation ; je l’ai écouté et ô surprise, j’ai adoré. Dès la préface, j’étais conquise : David Joy #129293; qui parle de S.A. Cosby en citant Megan Abbott #129293; au festival America, il ne m’en fallait pas plus ! Et que disait Megan Abbott au festival America ? Elle disait que le polar, plus que tout autre genre littéraire, pouvait devenir la quintessence du roman social. #Amen Dans Le Sang des innocents, c’est le shérif noir de Charon, en Virginie, qui tient la place centrale. Et comme on peut s’en douter, être un sherif noir dans une ville où la statue de Joe le Rebelle, ancien confédéré, est encore adorée par des révisionnistes, n’est pas de tout repos. Titus Crown aura donc fort à faire pour retrouver le troisième coupable d’horribles meurtres et mutilations d’enfants ; oui le troisième car le premier a été tué par le second, qui a ensuite lui-même été abattu par la police. Entre les souvenirs douloureux de son passage au FBI, les relations compliquées avec son frère, les confrontations quotidiennes avec les révisionnistes, les religieux, mais également les défenseurs de la communauté noire, le retour surprise de son ex (journaliste), l’enquête du sherif file pourtant bon train et le portrait de ce Sud profond et corrompu frappe fort. La version audio est très réussie ; la voix rugueuse et ferme de Jean-Paul Pitolin parfaitement adaptée au texte et au contexte.

2017, dans le comté de Charon, en Virginie. Titus Crown est le premier sheriff noir élu. Après 10 ans au FBI, il est revenu sur ses terres, officiellement pour être plus proche de son père qui se remet difficilement d’une opération à la hanche. Avec son équipe, il met un point d’honneur à faire respecter la loi, et rien que la loi. Son souci d’équité est d’autant plus grand qu’il reçoit régulièrement des piques bien senties de groupes ségrégationnistes. Impassible, Titus fait son job. Lorsqu’une fusillade éclate au lycée local, l’équipe est dépêchée sur place. Là, Latrell, jeune noir, ancien élève du lycée, brandit un fusil et hurle des paroles incohérentes. Se sentant menacé, un adjoint de Titus tire. Latrell s’éffondre, mort. A l’intérieur du lycée, on retrouve Mr Spearman, professeur très populaire, une balle dans la tête. Pas de doute, le professeur est la victime de Latrell, mais pourquoi lui, le plus populaire des profs ? Et que voulait dire Latrell en sortant du lycée ? L’enquête ne fait que commencer, et elle dévoilera bien des cadavres, des secrets et des connexions improbables. Titus ira jusqu’au bout de son enquête, quitte à mettre au jour ce que personne ne veut voir. J’avais « Le sang des innocents » depuis un bon moment dans ma liseuse. Ayant enfin décidé de le lire, j’ai tout de suite été happée par ce roman noir et terrifiant, préfacé très intelligemment par David Joy. Être un sheriff noir dans la Virginie du 21èmesiècle, c’est être deux fois plus épié et commenté que pour un sheriff blanc. Titus en fait les frais et se voit tirailler dans ses fonctions entre des racistes blancs qui veulent qu’on les laisse parader et admirer les généraux de la guerre de Sécession comme ils l’ont toujours fait, et des personnes noires qui espèrent voir leur sort changer grâce à l’action du sheriff issu de leur rang. Mais Titus cherche à être intègre, juste et sans préjugé. C’est dur, il a son propre passé, à Charon et au FBI. Il est hanté par une affaire qui a mal tourné. Il essaie d’en tirer les leçons, mais il se demande aussi si cette charge de sheriff n’est trop lourde pour lui. J’ai eu beaucoup d’empathie pour cet homme qui a du mal avec les sentiments, mais qui veut tellement bien faire. Alors, quand la fusillade du lycée éclate, quand Titus remonte le fil des évènements et dessine le profil des différents protagonistes de cette affaire, c’est le début des découvertes infernales. Comme toujours, chacun a ses zones d’ombre, et les mettre en pleine lumière déstabilise la population. Le plus noir de l’âme humaine est souvent caché chez le plus innocent, et les idoles chutent de leur piédestal. L’auteur fait preuve ici de beaucoup de subtilité pour décrire les sentiments des populations noire et blanche, en fonction de leur histoire et des graines de haine qui ont été semées depuis des siècles. L’esclavage a beau être aboli depuis 150 ans, certains n’ont pas enlevé leurs œillères. Et c’est tout ce contexte complexe et nauséabond qui va compliquer l’enquête, les notables blancs ayant trop d’intérêts à perdre dans cette histoire qui ne va pas dans leur sens. Attention aux âmes sensibles qui pourraient être perturbées par le nombre de cadavres impressionnant que l’auteur a mis en scène pour finir par faire sortir tout le mal de Charon. Avec ce roman rural noir à la fin époustouflante, S. A. Cosby nous propose une histoire captivante dans un contexte explosif. Sous des allures de petite ville tranquille, Charon devient ici le théâtre des rancœurs et des secrets. Avec des personnages au caractère bien ciselé, il nous emporte dans un véritable thriller qui, personnellement, m’a coupé le souffle.

Excellent bouquin quel régal, et si difficile à lacher. Bon le personnage principal qui s'envoi des bocaux d'eau de vie à longueur de pages m' a obligé 2 ou 3 fois à me servir un rhum pour le suivre mais quel rythme et quelle écriture. L'intrigue est prenante, l'histoire de fond ne laisse pas indifférend tant le racisme parait faire partie du paysage. Le Sheriff est désabusé, mais si revanchard, sa quête personnelle quand elle n'est pas dilué dans la prune et un superbe sacerdoce. Il ne faut pas hésiter une seconde à lire cette pépite

Un psychopathe déchaîné, des crimes atroces, un flic déterminé et son équipe dévouée : tous les ingrédients sont réunis pour faire de ce roman noir une lecture captivante. L'histoire, parfaitement depeinte sur une toile de fond d'une Amérique ancrée dans un racisme tenace, nous laisse cependant un peut dubitatif. Nous avons un vrai "méchant" mais il nous manque quelques éléments pour rentrer finement dans sa psychée, ses mobiles...ses mécanismes internes restent en partie dans l'ombre, ce qui nous empêche de nous immerger pleinement dans les nuances de son personnage. Le réquisitoire contre la religion et la transcendance de Dieu omniprésent dans cette œuvre peut bousculer certains lecteurs. Il fait apparaître dans le cœur du héros un vrai conflit intérieur entre son expérience de vie et les horreurs observées et la transmission de la foi reçu de ses parents. Cette prise de position n'est pas pertinente pour l'histoire mais semble être plus le reflet d'une réflexion personnelle de l'auteur.