Cent minutes de silence : Le livre de Christophe Wojcik
Léon Léger est rentré au village. Il y mène une vie heureuse, avec sa femme et ses deux enfants. Jusqu'au jour où son corps est retrouvé dans une carrière désaffectée. Meurtre ? Suicide ? Accident ? Qui était cet homme, et que lui est-il arrivé ? Parmi les cent personnes rassemblées lors des obsèques autour du cercueil, chacun, famille, collègue ou voisin, proche ou moins proche, détient un fragment de réponse, une part de vérité.
Ces cent minutes de silence sont autant de pièces d'un puzzle qui s'emboîtent peu à peu pour former le tableau final. Avec sa plume enlevée, Christophe Wojcik flirte avec la fossoyeuse, s'en moque et s'en inspire, composant un conte noir jubilatoire, qui s'amuse à briser les tabous pour mieux se rire de la mort.
De (auteur) : Christophe Wojcik
Expérience de lecture
Avis Babelio
ODP31
• Il y a 3 jours
Des gueules d’enterrement. Tous au cimetière. Dans les villages, rares sont les moments de convivialité. À part le troquet, le marché, le loto annuel de l’école, les repas de chasse ou les élections, il n’y a que les obsèques pour réunir toute la population. Il faut croquer la mort par les deux bouts. Cela tombe bien, à part pour l’intéressé, Leon Leger est mort et cent personnes sont regroupées au cimetière. Les mines sont défaites, les tenues endimanchées (oui, laissez les ensembles Desigual tendance perroquet dans le dressing). Rien de bien original, si ce n’est les circonstances mystérieuses du trépas, pas très clair. Comme le moment est au recueillement, chacun s’occupe l’esprit à sa manière pour éviter de trop penser à sa prochaine finitude ou à deviner qui sera le prochain sur la liste de la fossoyeuse. Même les bestioles nécrophages patientent, s’aiguisant l’appétit. Les plus vieux se pressent au premier rang, peut-être pour une répétition. Les plus angoissés de la vie se tiennent éloignés, craignant la contagion. Les enfants sont tenus en laisse, les commères morbides sortent les jumelles pour épier les larmes, les indifférents font un petit détour par les tombes de la famille pour une visite surprise hors floraison des chrysanthèmes. Les enterrements sont tellement codifiés, que les cimetières sont devenus des lieux communs. Par contre, tout ce petit monde pense détenir sa part de vérité sur le pourquoi du comment du décès de ce père de famille, marié, deux enfants, retrouvé écrabouillé dans un coin à champignon qui n’est plus secret. Cèpes à bien. Chacun y va de son témoignage rétrospectif et peu à peu, l’image du bon père de famille s’écaille. Les absents ont toujours tort. S’il n’était cané, le mort aurait les oreilles qui sifflent. Et que penser de ses récentes allusions à des petits hommes verts ? La police assiste à l’enterrement, scrute les silences, surveille les mines plus ou moins déconfites. Pas un mot ne vient troubler la cérémonie. À peine quelques chuchotements. Pourquoi un tel silence ? Peur de réveiller le défunt ? Ce n’est pas la première fois que Christophe Wojcik croque la mort avec son humour noir. Je conseille notamment « Service après mort » que j’avais joyeusement billeté l’année dernière. Ici encore, ce thanatopracteur de bons mots se moque avec finesse de la mort et des apparences contemporaines. La construction de ce roman, dans lequel la narration est portée comme un relais par tous les protagonistes, permet de révéler l’intrigue de façon originale. Malgré le sujet, le récit n’a rien de morbide. Il est au contraire très vivant même si le ton grince comme les grilles rouillées d’un vieux caveau. Une lecture bien plus gaie que les pages nécrologiques de votre journal, activité ludique de petit-déjeuner qui consiste à détecter un nom familier promis au compost et de s’assurer de sa propre existence. Pas un enterrement de première classe.
LaPlumeHeureuse
• Il y a 1 semaine
Un super roman ! Et encore, peut-on l'appeler tel quel ? Pas d' "intrigue", pas d'interaction entre les personnages, pas d'évolution des personnages, pas de description. Un seul point de départ : Léon Léger est retrouvé mort. Accident, meurtre ou suicide ? Pour répondre à cette question, comme il n'y a pas d'intrigue et donc d'enquête, le lecteur est plongé dans les pensées des personnes venues à l'enterrement. Durant la minute de silence, tour à tour, le lecteur entre dans leurs pensées. Des parents de Léon, de ses beaux-parents, de ses meilleurs amis, de son partenaire de tennis, de la commère du village, du marchand de journaux, du passant, de l'employé des pompes funèbres, de la secrétaire, de l'accro au téléphone, du chat, etc., le lecteur reconstitue lui-même le puzzle, imagine une piste, s'en éloigne, revient. Cent minutes de silence est une très belle découverte !
Spitfire89
• Il y a 2 semaines
Conclusion de la trilogie sur la mort de l'auteur dans un polar façon puzzle, un récit intriguant mêlant humours et suspense, c'est à la fois tendre et corrosif, une lecture à travers les pensés des participants à l’enterrement de Léon Léger, un voile qui se lèvera sur une mystérieuse mort. Chaque chapitre consiste en un monologue constituant le portrait de Léon Léger. Une oeuvre jubilatoire, une fresque humaine, décalé, fantasque, témoignage original.
PatsyMonsoon
• Il y a 2 semaines
Après Service après-mort dont je vous avais dit tout le bien que j’en pensais ici, quel plaisir de retrouver Christophe Wojcik avec Cent minutes de silence. On y découvre le personnage de Léon Léger, un homme des villes redevenu homme des champs dans un petit village où il est installé avec femme et enfants. Une vie apparemment paisible jusqu’au jour où un cueilleur de champignons retrouve son corps dans une carrière. Qu’a-t-il pu arriver à Léon ? Est-ce un suicide ou un meurtre ? Dans les deux cas, tout le monde est sous le choc et on a l’impression que c’est l’âme du village qui vient de s’envoler. Certains sont prêts à stopper leurs passions comme jouer aux échecs et d’autres pleurent à chaudes larmes, surtout du côté de la gente féminine. Pas moins de cent personnes sont réunies aux obsèques, et le livre se passe lors d’une minute de silence au cimetière. On entre tout à tour dans la tête de tous les protagonistes présents, qu’ils soient de la famille ou du village, que ce soient les officiels ou les officiants de la cérémonie. Tous ont un souvenir, une anecdote, une pensée positive ou non, et c’est comme cela qu’on en apprend beaucoup plus sur cet homme à qui tout semblait réussir. Mais au fil des pages et des pièces du puzzle, c’est un autre portrait qui va être brossé. Léon était-il celui qu’il prétendait ? Et quelles sont ces folles rumeurs sur les circonstances de sa mort ? À la lecture, vous vous ferez votre avis sur ce personnage et découvrirez à la fin si vous aviez raison ou non. On retrouve ici la plume de l’auteur que j’apprécie beaucoup, car il rit encore une fois avec un sujet triste, et de manière très réussie. Il y a de l’humour, bien sûr, certaines phrases ou certains personnages m’ont fait beaucoup rire, mais comme d’habitude, il y a aussi de la subtilité, de la tendresse et de l’émotion. Un mélange qui m’avait plu dans le précédent livre et qui a fait que je voulais absolument lire celui-ci. Eh bien, je n’ai pas été déçu une fois de plus. Amis de l’humour corrosif mais bien dosé sans jamais dépasser les limites et de personnages décalés et bien amicaux, je vous conseille vivement cette lecture.
Avis des membres
Fiche technique du livre
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- Genres
- Romans , Roman Français
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- EAN
- 9782350879895
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- Collection ou Série
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- Format
- Grand format
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- Nombre de pages
- 208
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- Dimensions
- 208 x 142 mm
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18,00 € Grand format 208 pages