Les hirondelles de Kaboul - NE 2019 : Le livre de Yasmina Khadra

Après avoir vu la série télévisée "Kaboul", sur le départ d'Afghanistan, en août 2021,des troupes américaines, abandonnant le pays à la dictature des talibans, je suis tombé par hasard sur le livre de Yasmina Khadra, "Les hirondelles de Kaboul". Bien plus que la série télévisée, ce récit m'a permis de vivre au plus près des personnages le drame qu'ils ont vécu, et qu'ils vivent encore aujourd'hui, une tragédie qui m'a rappelé celles de Racine, où la mythologie serait remplacée par l'actualité. Avec dans les rôles, par ordre d'entrée en scène : Mohsen Ramat : le riche qui perd la tête Zunaira : la juge belle et rebelle Atiq Shaukat : le geôlier à la cravache Mussarat : la femme malade et résignée Qassim Abdul Jabbar : le directeur de la prison Mirza Shah : le collabo contrebandier Nazish : le vieillard simplet qui rêve d'ailleurs Bashir : le mollah radical, prêcheur à la mosquée Les personnages s'entremêlent dans un canevas respectant les trois unités de temps, de lieu et d'action, propres au théâtre classique, l'écriture confine au nirvana de la lecture, et le dénouement est digne des meilleurs romans policiers. Encore tout haletant, j'ai hâte de découvrir la suite de cette trilogie, "L’attentat", voire l'entière bibliographie de Yasmina Khadra !

Je ne connaissais pas Yasmina Khadra, et j’ai beaucoup apprécié mon premier contact avec cet auteur. Un roman court mais puissant, qui balaie des thèmes éclectiques : l’intégrisme religieux, le droit des femmes, la maladie, l’amour et le sacrifice. La grande histoire d’amour de ce roman n’est pas celle à laquelle on s’attend au début de la lecture, et le dernier acte de Mussarat en tant que femme a quelque chose de profondément touchant. Une belle histoire d’amour et de résilience face à l’intolérance et à l’intégrisme

Un livre qui remue. La ville de Kaboul vit au rythme et selon les humeurs du régime taliban. Cette ville qui autrefois était joie, animation, vie... n'est plus que poussières, peur, désespoir. Au travers de ses personnages, l'auteur nous dépeint la descente aux enfers qu'ont vécu les habitants, leur chagrin face à leurs maisons qui tombent en ruines, leur tristesse et leur désarroi face à leurs vies qui ne leur appartiennent plus réellement car tout le monde est obligé de se soumettre à ce régime de la terreur, sous peine de fortes représailles. Alors oui, il s'agit d'un monde et d'une culture différents de notre société européenne mais comment rester de marbre lors de cette lecture, à imaginer qu'une femme n'a pas le droit de travailler, qu'il n'est pas possible de rire ou d'afficher son bonheur lorsqu'on se promène, que sa propre vie est régentée par des lois tyranniques où la sentence est la mort par exécution, lapidation... Bien que j'ai eu quelques difficultés à me plonger dans le récit, j'ai été touchée par le destin des personnages. Cette femme qui a perdu tout ce qu'elle avait construit pendant des années et qui n'est plus que "l'épouse de", son mari qui ne sait plus trop qui il est et qui en vient à agir comme ceux qu'il répugne, cet homme qui a tout simplement perdu le goût de la vie... Une histoire choc qui met en scène les dangers du fanatisme et le plus effrayant dans tout ça, c'est que le fond n'est pas une fiction. Ce livre ne nous laisse pas indemnes une fois refermé et nous fait beaucoup réfléchir à l'importance de pouvoir s'exprimer et surtout, nous fait réaliser la chance et le bonheur de pouvoir jouir de la Liberté.

Et dire qu'il y a des endroits dans le monde où ce mode de pensée existe,... Ce livre remet notre mode de vie, en cause en tant que femme. Il permet de se rendre compte de la chance que nous avons de pouvoir vivre libre. Livre qui se lit très vite. L'histoire n'a pas été mon histoire favorite, mais le thème du livre est très bon. Un livre, pour notre plus grand malheur, plein de réalisme.