Sélection
Des livres à lire en voyage
Publié le 21/06/2024 , par First Editions
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Dans la fameuse "Partie des Dix" de "Faire Lire pour les nuls", Alexandre Jardin présente une série de livres qui lui tiennent à coeur et qu'il vous conseille de découvrir en voyage. Considérés comme des grands classiques de la littérature, ces livres vous permettront de penser autrement votre vol et de vous plonger dans l'histoire de précédent vols.
Lire dans l'avion pour penser autrement son vol
Le Grand Cirque de Pierre Clostermann
Le Grand Cirque est l’un des livres les plus exaltants qu’il m’ait été donné de dévorer. C’est le quotidien impossible, servi par un style de feu, du pilote de chasse Pierre Clostermann, au cours de la Deuxième Guerre mondiale.
Clostermann raconte d’abord, avec une rare pétillance élégante, son décolage en Angleterre sur de vieux coucous rustiques et très dangereux, son incorporation dans l’escadrille Alsace et son action acrobatique lors du débarquement de Normandie. Ce sont des flopées d’impressions, des tombereaux d’instantanés photographiques, des images incendiées qu’il nous livre dans cet opus vibrant de 1948 qui bruit de fureur et de vacarme de carlingue à tel point que, par moments, on se croirait vraiment dans un aéronef, prêt à prendre place dans cette bataille du ciel sanglante, atroce, qui déchire des visages, des vies.
La Bataille de Midway de Masatake Okumiya et Mitsuo Fuchida
Mitsuo Fuchida, qui tient la plume, n’est pas un lapin de six semaines. Il devrait accompagner de trouble votre vol long-courrier. Tout en raideur, il commanda l’aviation embarquée sur le porte-avions Akagi. Ce monsieur au sang-froid dirigea la première vague de chasseurs et de bombardiers qui liquida Pearl Harbor, exercice qui n’avait rien d’une promenade. Il n’a survécu aux combats que parce qu’il était, au moment de Midway, immobilisé sur le bateau amiral par une opération de l’appendicite – opération grâce à laquelle nous avons ce livre. C’est là qu’il a assisté, impuissant, à la destruction des quatre porte-avions de la flotte impériale. Homme d’action, mais en même temps impliqué dans les décisions d’état-major, il nous restitue avec une émotion rare tous les aspects du combat et ses préliminaires, tout en formulant – car le monsieur a des vues larges – des considérations générales sur la flotte impériale et sur l’empire japonais. Livre hallucinant.
Pilote de guerre, Terre des hommes, Courrier Sud et Vol de nuit d’Antoine de Saint-Exupéry
Lisez tout ! Il n’est question que de flux vital à la Jack London, de rencontre avec la vie, de défier la vie, d’aimer la vie. Dans le plus grand des styles simples, celui qui donne accès à la ferveur, à la beauté devant le spectacle du réel. Antoine, permettez cette familiarité, habite le ciel car tout y est le contraire des reptations qui dominent le sol.
Lisez ce style de première classe, vous oublierez que vous voyagez en seconde.
Vol de nuit ou Courrier Sud nous entraînent dans les débuts frénétiques de l’aviation où voler à 30000 pieds rimait avec péril magnétique, chevalerie des engagés. Fondés sur ses notes hâtives prises en vol, ces ouvrages s’offrent comme des réflexions sur la ridicule condition humaine (à l’image de Terre des hommes) qui soudain, sous sa plume, devient affaire de géants. S’y mêlent des fragments d’autobiographie et de solides tranches de ce romanesque qui, aujourd’hui, nous fait défaut. Si vous avez une âme, rejoignez son ciel !
Mon premier vol d’oiseau, J’ai vu le soleil, Mourir dans le ciel et Devenir l’aigle de Pocahonto-Germain Crow
Ces quatre volumes, à peu près inconnus, figurent dans mon panthéon des ouvrages à embarquer dans les longs vols. Tous ont été rédigés entre 1915 et 1944, date de la mort de leur auteur dans un vol d’essai qui a mal tourné. Pocahonto-Germain Crow est l’un des rares, sinon le seul Indien américain qui soit devenu pilote de guerre dès 1915, engagé ensuite dans les forces françaises, puis instructeur des forces aériennes américaines. Crow nous donne le point de vue d’un Native American sur le monde du ciel, le monde des aigles et du soleil. Changement total de point de vue ! Rien ne me dépayse plus que ces textes à part de tout, intimes et guerriers, portés par un souffle spirituel rare. Le Saint-Ex indien est d’une autre fournée mais d’une fournée de maîtres. Ils ont été traduits en français mais restent difficiles à trouver – et fort chers – sur le marché de l’occasion.