Focus
Les dix grands inventeurs français
Publié le 22/08/2024 , par First Editions
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Vous preniez le mot Ampère pour un nom commun ? Vous ne connaissiez pas Denis Papin ? Vous ignoriez que les Montgolfier inventèrent la montgolfière, que ceux qui inventèrent le cinéma étaient vraiment des Lumière ? Allez de découverte en découverte !
Denis Papin : à toute vapeur !
Denis Papin est né à Blois le 22 août 1647. Après des études de médecine à Angers, ce protestant découvre les possibilités de la vapeur d’eau. Mais la révocation de l’édit de Nantes en 1685 l’oblige à s’exiler en Angleterre, puis en Allemagne. C’est là, à Kassel, qu’il va faire naviguer son premier bateau à vapeur encore rudimentaire, mais suffisamment porteur de promesses pour que les bateliers, se sentant menacés dans leur avenir, le détruisent à coups de pioche, de scie et de marteau ! Il invente aussi un cuiseur à pression (l’ancêtre de la cocotte-minute).
Retourné en Angleterre, il poursuit ses recherches, mais ses ressources s’épuisent et il meurt dans la misère et dans l’oubli en 1712 à Londres. Ses travaux ont inspiré Joseph Cugnot (1725-1804) qui, en 1770, réalise la première voiture automobile à vapeur, puis l’année suivante, son fameux fardier, à roues très basses, destiné à transporter l’artillerie en temps de guerre, mais qui se révéla un peu lent en cas de retraite…
Les Montgolfier : deux têtes en l’air
Joseph (1740-1810) et Étienne (1745-1799) Montgolfier, deux des seize enfants de Pierre Montgolfier, fabricant de papier de Vidalon-lès-Annonay en Ardèche, n’ont qu’une idée ; faire voler des ballons ! Après plusieurs expériences, ils invitent les conseillers généraux du Vivarais, le 4 juin 1783, dans la cour du couvent des Cordeliers à Annonay, pour le premier envol de leur ballon à air chaud – 12 mètres de diamètre, 770 m3 qui s’élève à 1 000 mètres, pendant 10 minutes, et parcourt 3 kilomètres. L’expérience est répétée à nouveau près de Versailles le 19 septembre 1783, en présence du roi Louis XVI et de la cour.
Le ballon de 1 000 m3 monte à 600 mètres et parcourt 3,5 kilomètres. On y a suspendu un panier en osier dans lequel se trouvent un mouton, un coq et un canard en pleine forme à l’arrivée. Le mouton, devenu un héros, est placé dans la ménagerie de la reine ! Le 21 novembre 1783, Pilâtre de Rosier et le marquis d’Arlandes sont les premiers humains à s’élever au-dessus du sol, à bord d’une montgolfière de 2 200 m3. Ils s’envolent du parc du château de la Muette, devant cinq cents personnes ; ils survolent Paris et se posent à la Butte aux Cailles, à 10 kilomètres environ. Le vol a duré une demi-heure à peine. Des Montgolfier venait de naître la montgolfière !
Lavoisier : rien ne se perd, rien ne se crée
Il est né en 1743 à Paris. Brillant élève, il devient avocat, mais, attiré par les sciences, il est nommé régisseur des poudres et salpêtres, et réside à l’arsenal. Il y entreprend des expériences de chimie, parvient à faire l’analyse de l’air, à identifier l’oxygène et l’azote, établit la composition du gaz carbonique, démontre que l’eau est obtenue par combustion de l’hydrogène. Avec Guyton de Morveau, Fourcroy et Berthollet, il modifie la nomenclature chimique, substituant aux noms fleuris et fantaisistes de l’alchimie, des termes précis tels sulfates, acétates et borates afin de désigner les sels. « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme », ainsi a-t-il résumé sa théorie générale.
Ampère : une vie intense
Il est né à Lyon, le 20 janvier 1775, dans la paroisse de Saint-Nizier, quai Saint-Antoine. Son père, Jean-Jacques Ampère, lui donne pour prénom André-Marie. Jean-Jacques Ampère, fervent lecteur de Jean-Jacques Rousseau, s’inspire de L’Émile pour éduquer son fils : celui-ci n’ira pas à l’école, il découvrira tout par lui-même ! L’intelligence exceptionnelle d’André-Marie s’accommode de cette méthode périlleuse. Malheureusement, ce père aimé est guillotiné en 1793, sur ordre de la Convention venue punir Lyon.
André-Marie en perd presque la raison, mais la rencontre de sa femme le sauve et il commence à publier des mémoires scientifiques importants qui le font remarquer du monde savant. Deuxième drame : son épouse meurt de tuberculose. Il quitte la région de Lyon. En 1809, on le retrouve professeur à l’École polytechnique où il enseigne l’analyse mathématique. Mathématicien, chimiste, physicien – et philosophe –, il se rend célèbre par ses découvertes dans le domaine de l’électromagnétisme. Il est l’inventeur du galvanomètre, du télégraphe électrique, de l’électro-aimant. Son nom a été donné à l’unité de mesure de l’intensité du courant électrique. Il meurt à Marseille en 1836.
Laennec : un homme de cœur
René Laennec est un enfant de Quimper, il y est né le 17 février 1781. Mais c’est à Nantes où son oncle était le premier directeur de l’école de médecine fondée par Napoléon en 1808 qu’il a commencé ses études médicales, dès quatorze ans ! En 1801, il est à Paris, suit les cours de Corvisart et de Bichat. Il publie des articles dans les revues médicales. Reçu premier au concours général de médecine et de chirurgie, il ouvre son propre cours d’anatomie pathologique à vingt-deux ans.
Des difficultés financières l’obligent à donner, en plus de son enseignement, des consultations qui lui amènent d’illustres patients, dont Chateaubriand, mais aussi de nombreux pauvres auprès desquels il se dévoue. En 1816, il est nommé à l’hôpital Necker où il enseigne la pathologie médicale. C’est alors qu’il invente un instrument qui va en même temps fonder l’auscultation médicale : le stéthoscope. Cet appareil révolutionnaire dans le monde médical va lui permettre de décrire avec précision les maladies des poumons et du cœur. Atteint de tuberculose, il est obligé de se retirer en son manoir de Kerlouarnec en Bretagne où il meurt à quarante-cinq ans.
Louis Braille : sur le bout du doigt
Le petit Louis Braille, né le 4 janvier 1809 à Coupvray, petit village de France situé à l’est de Paris, n’a que trois ans lorsqu’il se blesse dans l’atelier de bourrellerie de son père, avec une serpette. Son œil droit est gravement atteint, puis s’infecte. Le gauche est contaminé, et le petit Louis perd la vue ! À dix ans, il est admis à l’Institution royale des jeunes aveugles de Paris. Il est intelligent, tenace, travailleur. Il n’a que douze ans lorsqu’un capitaine, Barbier de la Serre, présente à l’Institut royal son invention d’écriture en relief destinée aux soldats qui peuvent ainsi communiquer pendant la nuit sans bruit et sans lumière. Louis l’étudie, propose des améliorations, puis met au point son propre système.
À dix-huit ans, il devient professeur dans son institution. Il enseigne l’histoire, la géographie, la grammaire, l’arithmétique, l’algèbre, la géométrie, le violoncelle, le piano ! Il rédige alors un Procédé pour écrire les paroles, la musique et le plain-chant. Avec la parution de la première édition de ce procédé naît officiellement le système Braille, en 1829. C’est ce système qui est encore en vigueur aujourd’hui. Louis Braille meurt le 6 janvier 1852, à quarante-trois ans, d’une tuberculose dont il était atteint depuis plus de quinze ans. En 1952, ses cendres sont transférées
au Panthéon.
Pasteur : la rage de vaincre
Louis Pasteur est né le 27 décembre 1822 à Dole, dans le Jura. Après avoir intégré l’École normale supérieure en 1843, il entre à la faculté de Strasbourg où il devient professeur de chimie. En 1854, devenu doyen de la faculté des sciences de Lille, il se lance dans l’étude des fermentations. Il va mettre au point une technique permettant de réduire le niveau de contamination d’un milieu grâce à un chauffage de quelques minutes entre 55 et 60 °C en l’absence d’air. Ce procédé va porter le nom de pasteurisation. Pasteur découvre ensuite que les maladies infectieuses chez l’homme et les animaux sont dues à des micro-organismes.
Entre 1878 et 1880, il identifie trois espèces de bactéries : le streptocoque, le staphylocoque et le pneumocoque. Il affirme que chaque maladie est causée par un micro-organisme et établit les grands principes de l’asepsie. Le taux de mortalité consécutif aux opérations diminue alors considérablement grâce à ses découvertes. En 1880, il parvient à vacciner des poules contre le choléra. Il découvre en 1885 le vaccin contre cette terrible maladie. Ses travaux sur la rage conduisent à l’ouverture en 1888 du premier institut Pasteur. Il meurt le 28 septembre 1895, à Marnes-la-Coquette.
Louis et Auguste Lumière : quel cinéma !
Il y eut Edward Muybridge connu pour ses séries photographiques sur le mouvement, et qui conçut, dès 1878, une batterie de vingt-quatre chambres noires permettant de décomposer les allures d’un cheval. Il y eut en 1882 le Français Étienne Jules Marey qui expérimenta un fusil photographique, capable de prendre très rapidement une série de photos et de réaliser une image unique et synthétique du mouvement, au moyen de dix images par seconde. Il y eut, en 1889, l’Américain George Eastman qui inventa la première caméra, et puis Thomas Edison, en 1891, qui invente ce qu’il appelle le Kinétoscope : l’image est regardée directement dans le projecteur par un unique spectateur ! Enfin, les frères Lumière vinrent…
Louis et Auguste, issus d’une famille de Lyon, photographes à succès, chercheurs, inventeurs, déposent en 1895 le brevet d’une caméra qui fait office d’appareil de projection et de tireuse. Son nom ? Le cinématographe ! Leur premier film sort le 22 mars 1895 à Paris. Son titre : La Sortie des usines Lumière. Suivront : L’Arrivée d’un train à La Ciotat, L’Arroseur arrosé, Le Déjeuner de bébé… Le cinéma des Lumière fait désormais partie des nourritures de l’imaginaire, c’est le dessert du rêve – mais aussi, parfois, une purée de navets !
Pierre et Marie Curie : un rayonnement universel
En 1895, Pierre Curie, titulaire de la chaire de l’école de physique et de chimie de Paris, fils d’un médecin protestant, épouse Marie Sklodowska, une jeune Polonaise venue poursuivre ses études scientifiques à la Sorbonne en 1892. Reçue à l’agrégation des sciences physiques en 1896, Marie Curie s’intéresse alors de près aux récentes découvertes de Wilhelm Roentgen sur les rayons X et d’Henri Becquerel qui a découvert la radioactivité en 1896. Son mari décide de l’aider dans ses recherches et, en 1898, ils publient leurs premiers résultats annonçant la découverte de deux nouveaux radioéléments : le polonium et le radium. En 1903, Marie reçoit avec son mari et Henri Becquerel le prix Nobel de physique. Elle est la première femme à recevoir un tel prix.
Malheureusement, Pierre Curie meurt brutalement en 1906, écrasé par un camion à chevaux. Marie se retrouve seule avec ses deux filles, Irène et Ève. En 1911, elle obtient le prix Nobel de chimie pour ses travaux sur le radium et ses composés. Pendant la Première Guerre mondiale, elle dirige les services radiologiques de l’armée. En 1921, elle participe à la création de la Fondation Curie. Mais les expositions répétées aux rayonnements du radium qu’elle subit depuis des années ont raison de sa santé : elle meurt d’une leucémie en 1934.
Roland Moreno : le marché aux puces
Roland Moreno, né au Caire en 1945, reçoit en cadeau à onze ans un livre qui le passionne : Jean-François électricien. Il se découvre alors une vocation de bricoleur qui va le conduire à fonder après son bac et des débuts dans le journalisme la société Innovatron dont le but est de trouver des idées et de les vendre. En 1974, il fait connaissance avec les circuits à mémoire. Et son génie de bricoleur le conduit à inventer la carte à puce qui offre une sécurité bien plus importante que les cartes à piste magnétique. Roland Moreno dépose ses brevets de 1974 à 1979. La télécarte pour le téléphone voit le jour en 1983 ; les banques décident d’équiper d’une puce les cartes de paiement en 1992. Depuis, ce système n’a cessé de trouver d’autres applications dans le domaine des télécommunications, de l’informatique. Et le marché aux puces demeure ouvert à toutes les innovations… Roland Moreno est mort à Paris, le 29 avril 2012.