18 Barnfield Hill : Le livre de Robert Goddard

Cest un bon Robert Goddard. Peut-être pas le meilleur, mais un bon roman quand même. Cette fois, l'auteur nous emmène dans l'Angleterre des années contestataires où des jeunes colocataires manifestent ensemble contre les fléaux de la société et se retrouvent impliqués dans une affaire qui semble les dépasser et liée à l'attentat au gaz sarin dans le métro de Tokyo en 1995. L'intrigue se déroule donc en Angleterre, au Japon, mais également en islande et se fonde également sur la thématique du réchauffement climatique. J'ai beaucoup aimé le personnage caméléon de Peter Driscoll qui est le personnage déroutant du roman.

Voilà un roman à suspense de facture classique et une première incursion dans l'œuvre de Robert Goddard. J'ai apprécié, un, le souci de coller à la réalité - quoi que l'héroïne se soit découvert des aptitudes non conventionnelles, deux, le dépaysement à travers les aspects japonisant du roman, mais aussi la virée des protagonistes en Islande, et trois, la documentation réunie pour construire ce puzzle. Une belle découverte. Merci Amandine pour ce cadeau #x1f381.

Martin Caldwell appelle Nick Miller pour lui donner rendez-vous afin de lui faire des révélations sur son père mort qu’il n’a jamais connu. Parallèlement, Caldwell prend rendez-vous avec Umiko Wada, veuve de 47 ans, assistante d’un détective privé à Tokyo au sujet d’un homme, Peter Evans, qu’elle recherche pour éclaircir la disparition 27 ans plus tôt du père d’une cliente. Pourtant, Peter Evans est supposé s’être noyé en 1977 (on n’a jamais retrouvé son corps). Martin Caldwell ne se présente à aucun de ses deux rendez-vous et Miller comme Wada vont chercher chacun de leur côté ce que dissimule cette curieuse disparition. Il faut tout d’abord s’accrocher dès le début de ce roman touffu en raison du nombre important de personnages dont beaucoup aux noms japonais qui ne facilitent pas la tâche, et de l’intrigue très complexe. Elle va mener Wada et Miller, dont on suit les enquêtes croisées, à chercher si Peter Evans vit toujours (pour Miller) et son implication dans des affaires criminelles en lien avec un mafieux japonais (pour Wada). Cette double enquête va faire voyager le lecteur de Tokyo en Angleterre puis en Islande pour démêler ses nombreuses ramifications dont le point de départ semble remonter à 1977 avec un groupe de jeunes étudiants activistes du 18 Barnfield Hill dont Caldwell, Evans et la mère de Miller ont fait partie. Il faut néanmoins attendre 150 pages pour que l’histoire prenne vraiment son envol. Arrivent alors rebondissements, tension avec une menace omniprésente qui plane sur chaque page et un suspens constant qui rend ce roman captivant jusqu’au bout. Deux petits bémols cependant : Wada qui, sous des dehors discrets et ordinaires, se révèle une véritable kamikaze à se jeter tête baissée dans le danger, semant des morts sur sa route sans bouger un cil ; elle m’est apparue peu crédible. Enfin, la fin polarisante en restant ouverte : si elle peut satisfaire certains, elle peut pour d’autres, dont je fais partie, laisser un peu sur notre faim.

J'aime beaucoup les romans de Robert Goddard, je n'ai encore jamais été déçue. Sur une structure narrative toujours assez similaire - une enquête dans le présent qui mène à mettre au jour les secrets du passé -, il construit à chaque livre une intrigue palpitante à multiples rebondissements. Cette fois, il innove en mettant en scène un personnage singulier, Wada, la japonaise. Une femme d'apparence ordinaire, fluette et empreinte de la discrétion et du calme imposés par sa culture. Pourtant, son opiniâtreté et son refus d'abandonner vont la mener jusqu'à la vérité, alors qu'elle n'a pas grand-chose à en tirer personnellement. En apparence, du moins...Autour d'elle gravitent d'autres personnages, qui semblent bien pâlichons à côté de l'incroyable Wada et de sa façon unique de démêler les nœuds de son enquête. Du Japon à Londres, en passant par l'Islande, Robert Goddard joue avec le lecteur dans ce labyrinthe brillant qu'il a construit. Et, une fois de plus, on s'y laisse perdre avec plaisir !